L'Amour de Dieu et du Prophète I.Q

CRITERE DE L'AMOUR DU SERVITEUR POUR DIEU

CINQUIEME CRITERE

Il faut que toute l'activité de la raison et de l'entendement soit noyée dans la douceur de l'oraison simple et familière. A l'instar de l'amant qui converse avec l'être aimé et qui lui tient des propos intimes et familiers.

Cette jouissance a été une fois si forte chez un dévot, qu'il ne s'aperçut même pas qu'un incendie s'était déclaré chez lui, tant il était absorbé dans le recueillement.

Voilà cet autre qui avait contracté une gangrène ; on l'amputa de la jambe, alors qu'il était plongé dans sa prière, et il ne ressentit pas la moindre douleur.

Lorsque l'amour et l'intimité confiante s'emparent de quelqu'un, la retraite solitaire [khalwa] et l'oraison familière [munâjât] deviennent pour lui cet espace de bonheur qui le délivre de tous les soucis.

L'amour et l'intimité confiante envahissent tellement son coeur qu'il en arrive à perdre toute notion des choses terrestres, et il faudra, pour qu'il y prête attention, qu'on s'y prenne à plusieurs fois.

C'est un peu comme l'amoureux qui est dans un état de délire. Il parle aux gens avec sa langue, mais en vérité, son coeur est tout entier pris par le souvenir de son bien-aimé. Le véritable amant, c'est celui qui ne trouve de repos qu'en compagnie de son Bien-aimé.

Commentant ce verset du Coran :

" Ceux qui ont cru, et dont les coeurs se tranquillisent à l'évocation d'Allah. N'est-ce point par l'évocation d'Allah que se tranquillisent les coeurs ? "

(Coran 13:28)

Qatâda a dit : " Ces âmes trouvent leur joie dans une intimité confiante avec Lui ".

As-Siddîq a dit : " Quiconque a goûté à l'amour pur de Dieu, renoncera à tout ce qui est lié aux choses terrestres et sera amené à fuir les hommes ".

Mutraf ibn Abî Bakr a dit : " L'amant ne se lasse jamais d'écouter parler son bien-aimé ".

Dieu inspira à David ce qui suit : " Celui-là est un menteur qui prétend M'aimer et qui, à la tombée de la nuit, M'oublie et s'endort. Tout amant ne cherche t-il pas à rencontrer son bien-aimé ? Alors Me voici, Je suis prêt à répondre à celui qui Me cherche ".

Moïse (qu'Allah l'agrée) dit un jour : " Seigneur, où est-Tu pour que je vienne Te trouver ? " Et Dieu lui dit :

" Me chercher, c'est déjà me trouver ! ".

Yahya inn Mu'âdh a dit : " Celui qui aime Dieu se hait lui-même ".

Il a dit aussi : " N'aime pas vraiment celui à qui manquent ces trois vertus :

- préférer la parole de Dieu à toute autre parole;

- préférer rencontrer Dieu plutôt que les hommes;

- préférer s'employer à l'adoration [ibâda] que d'être au service des hommes ".

Rien ne doit préoccuper l'amant en dehors de Dieu, il ne s'attristera plus de rien, il ne se plaindra plus de rien, il acceptera tout volontiers et saura que Dieu n'a rien décidé pour lui de toute éternité qui ne soit pour son plus grand bien. Il se rappellera la parole de Dieu :

" Il se peut que vous ayez de l'aversion pour une chose

alors qu'elle vous est un bien ".

(Coran 2:216)

SIXIEME CRITERE

Trouver ses délices dans les actes d'obéissances en les accomplissant avec un tel recueillement, qu'on n'en sentira aucune peine.

Quelqu'un a dit : " Vingt ans durant, j'ai peiné la nuit, puis vingt ans durant j'ai trouvé ma joie ".

Al-Junayd a dit : " Une des caractéristiques de l'amant, c'est la persévérance dans l'action et l'assiduité dans la recherche passionnée qui, si elle épuise le corps, n'affaiblit point le coeur ".

Un Ancien a dit : " Qui s'emploie à aimer ne connaît jamais l'épuisement ".

Un Sage a dit : " Par Dieu, jamais amant de Dieu ne s'est plaint des oeuvres d'obéissance à Dieu, dût il user des moyens les plus extraordinaires ".

Tous ces récits, et d'autres encore, se trouvent dans les témoignages [mushâhadât] spirituels.

L'amant ne répugne pas à répondre aux caprices de son aimé. Il mettra sa joie à le servir de tout son coeur, même si cela lui pèse physiquement. Mais, quelle que soit la fatigue, il n'aura rien de plus pressé que de refaire ses forces, d'éliminer l'impatience, pour être tout à son bien-aimé.

Ainsi en est il de Dieu.

Lorsque l'amour s'empare de quelqu'un, il lui soumet nécessairement tout ce qui lui est subordonné. Celui dont l'amour du bien-aimé devient plus fort que sa tendance pour la paresse abandonnera la paresse pour servir le bien-aimé. Si l'amour est plus fort que l'argent, on abandonnera l'argent pour le bien-aimé.

On dit un jour à un dévot qui avait tout sacrifié, sa personne et ses biens, au point de se démunir de tout :

" Pourquoi l'amour vous a t-il conduit à cet état ? "

" J'entendis, dit il, un jour un amant dire à son aimé, alors qu'ils se trouvaient en tête à tête : " Dieu m'est témoin que je t'aime du fond du coeur ! Et cependant, je vois que tu te détournes de moi ! " - " S'il est vrai que tu m'aimes, lui dit son aimé, que vas-tu sacrifier pour moi ? " - " Mais mon Seigneur, dit il, tout ce que j'ai, c'est à toi que je le dois ! Ma vie même, je suis prêt à la sacrifier pour toi ! Je suis prêt à mourir pour toi ! ".

C'est alors que je me suis dit : " Si une créature tient de tels propos à une autre créature, un serviteur à un autre serviteur, combien plus les serviteurs doivent ils le dire à leur Maître adoré ! " Voilà pourquoi j'en suis là !