L'imam Mâlik Ibn Anas

De Mâlik Ibn Anas à Al-Layth Ibn Sa'd, le salut soit sur toi et louanges à Allah, qu'Il nous garde tous pour lui obéir publiquement et secrètement, qu'Il nous protège contre ce qui lui est détestable.

Sache (qu'Allah te fasse miséricorde), que j'ai appris que tu émettais des Fatwas sur des sujets divers, en contradiction avec ce à quoi sont habitués les gens chez nous et dans la ville où nous résidons. Or, étant donné la crédibilité et la considération dont tu jouis auprès des habitants de ton pays, pour tout ce qui leur vient de toi et qui satisfait leurs besoins, tu as le devoir de craindre pour toi-même, et de suivre ce dont nous espérons le salut, car Allah dit dans Son Livre : " Et les précurseurs parmi les émigrés et les partisans... ". (Coran 9:100) Et Il dit encore : " Et annonce la bonne nouvelle à mes serviteurs, ceux qui entendent la Parole et suivent ce qu'elle contient de meilleur...". (Coran 39:17-18) Et les gens n'ont qu'à suivre les habitants de Médine : C'est vers elle que le Prophète a émigré, là que le Coran a été révélé, que le licite comme l'illicite ont été décrétés, qu'ils ont été témoins de cette Révélation au Prophète ﷺ, qu'ils ont obéi à ses ordre, suivi sa Sunna, jusqu'à ce qu'Allah l'eût rappelé à lui.

Puis lui ont succédé les gens les plus fidèles parmi sa nation, ceux qui, après lui, ont gouverné avec ce qui leur avait été révélé, ont appliqué ce qu'ils connaissaient et se sont informés de ce qu'ils ne connaissaient pas, en choisissant ce qu'ils avaient trouvé de plus solide, en fonction de leur Ijtihâd et des conditions présentes, et s'il se trouvait un contradicteur, ou quelqu'un pour proposer une réponse même plus solide ou plus appropriée, on laissait tomber sa proposition en s'en tenant à la précédente.

Puis les Suivants s'engagèrent sur la même voie après eux et si la pratique était claire et en vigueur à Médine, je n'ai jamais vu quelqu'un s'opposer à un tel héritage qu'il n'était pas possible d'usurper. Et si les habitants des provinces disaient : " Voilà ce que nous pratiquons chez nous et que pratiquaient nos ancêtres ", ils n'étaient pas dignes de confiance et ne pouvaient être récompensés pour cela.

Réfléchis donc (qu'Allah te fasse miséricorde) à ce que je t'ai écrit et sache que je souhaite n'avoir recherché dans mes conseils que l'agrément d'Allah seul et ton intérêt, et attribue à ma lettre sa juste place, en sachant que je n'ai épargné pour toi aucun effort. Qu'Allah nous donne le succès dans l'obéissance à Lui et à son Prophète ﷺ en toute chose et en toutes circonstances... Salut et miséricorde d'Allah sur toi.

On lit dans Al-Madârik p.34 à la suite de la lettre : " Ecrite le dimanche du 7ème jour du mois de Safar [l'année n'a pas été précisée]

Source : L'imam Mâlik Ibn Anas sa vie et son époque, ses opinions et son Fiqh p.117-118