Siyar A'lâm An-Nubalâ' Adh-Dhahabî

Un esclave travaille dans un verger où poussent des grenadiers. Il aperçoit le propriétaire de ce verger qui s'avance, s'arrête et lui demande d'un ton péremptoire :

- Donne-moi une grenade mûre et sucrée !

L'homme se dirige alors vers un arbre et lui cueille une grenade. Son maître l'ouvre, la goûte et la trouve acide. En colère, il lui lance :

- Je te demande une grenade mûre et sucrée, et toi tu m'en apportes une acide ! Donne m'en une mûre et sucrée !

L'esclave lui en cueille une nouvelle d'un autre arbre, mais il s'avère que celle-ci est aussi acide. La colère du maître vient d'augmenter d'un cran :

- Ne comprends-tu donc pas ce que je te demande ?

L'homme lui apporte une troisième grenade et une fois de plus celle-ci s'avère être acide. Exaspéré le propriétaire du verger lance :

- Ne sais-tu donc pas reconnaître les grenades mûres de celles qui sont vertes et acides ?

- Non, répond l'esclave.

- Mais comment cela se fait-il ?, s'étonne le maître.

- Je n'en ai jamais goûtées, voilà pourquoi je ne sais pas les différencier.

- Et pourquoi n'en as-tu jamais mangées ?

- Parce que tu ne m'as pas autorisé à en manger répond-il sobrement.

Cette réponse stupéfia le propriétaire du verger. Il se renseigna et il s'avéra que ce que lui dit cet esclave était vrai. Dès lors, celui-ci monta dans son estime et eut une grande valeur à ses yeux.

Or, le propriétaire avait une fille qui avait été demandée en mariage à maintes reprises. Un jour, il interrogea l'esclave à son sujet :

- Selon toi, à qui devrais-je donner ma fille en mariage ?

Il répondit :

- A l'époque préislamique le critère était la noblesse du sang. Les juifs eux, se basent sur la richesse ; les chrétiens sur la beauté ; enfin notre communauté marie ses filles selon des critères religieux.

Cette sagesse plut au propriétaire du verger. Il en informa la mère de sa fille et lui dit :

- Je ne vois pas pour notre fille un mari autre que cet homme !

Et effectivement, son maître l'affranchit et il épousa sa fille. De cette union naîtra Abd Allah Ibn Al-Mubârak, car cet esclave, cet homme pieux n'était autre que le père de ce grandissime savant.

Il apparaît de cette incroyable histoire que la famille de Abd Allah Ibn Al-Mubârak était pieuse, vertueuse et profondément religieuse.

C'est comme s'il avait hérité de son père la crainte d'Allah, la vertu, la piété, l'honnêteté et la droiture.

Il ressemblait à son père dans sa religion et son bon comportement comme il lui ressemblait physiquement.