Aïcha (qu’Allah soit satisfait d'elle) : J’ai dit au Prophète ﷺ :

" Ô Messager d’Allah ! Y a t-il eu une journée plus difficile pour toi que le jour de Uhud ? (1) "
Le Prophète ﷺ a dit : " J’ai certes rencontré de la part de ton peuple (2) ce que j’ai rencontré et la chose la plus dure que j’ai rencontré avec eux était le jour de la ‘Aqaba (3) lorsque je me suis présenté à Ibn Abd Al-Yalil Ibn Abd Al-Koulal et il ne m’a pas répondu pour ce que je souhaitais. (4) Alors je suis reparti attristé et je n’ai pensé qu’à cela jusqu’à ce que je sois à Qarn Al-Tha’alib. (5) J’ai levé ma tête et il y a avait un nuage qui m’avait fait de l’ombre. J’ai regardé et il y avait Jibrîl (6) qui m’a appelé ".
Il a dit : " Certes Allah a entendu ce que ton peuple t’a dit et ce qu’ils t’ont répondu. Certes Allah t’a envoyé l’ange des montagnes afin que tu lui ordonnes ce que tu veux les concernant ".
L’ange des montagnes m’a appelé. Il m’a passé le salam puis a dit : " Ô Muhammad ! Certes Allah a entendu ce que ton peuple t’a dit. Je suis l’ange des montagnes et certes Allah m’a envoyé auprès de toi afin que tu me donnes ton ordre. Que veux-tu ? Si tu veux je renverse sur eux les deux montagnes (7) ".
Le Prophète ﷺ a dit : " J’espère plutôt qu’Allah va faire sortir dans leurs progénitures des gens qui vont adorer Allah seul sans rien Lui associer (8) ".
(Rapporté par Bukhâri 3231)

(1) Uhud est le nom d’une montagne proche de Médine et auprès de laquelle il y a eu une grande bataille entre les musulmans et les associateurs durant la troisième année après l’émigration du Prophète ﷺ de La Mecque vers Médine.
Les musulmans ont subit de lourdes pertes ce jour-là et le Prophète ﷺ a été blessé.

(2) C’est à dire les gens de la tribu de Quraych.

(3) La Aqaba est la stèle que les pèlerins lapident durant le pèlerinage et qui se trouve à Mina. Le Prophète ﷺ allait voir les tribus arabes et leurs chefs afin de leur présenter l’Islam lorsqu’ils se trouvaient à Mina. Il est donc allé voir le chef de cette tribu qui venait de la ville de Ta’if.

(4) C’est-à-dire qu’ils ont tous démenti le Prophète ﷺ, ont refusé l’Islam et ont voulu continuer à pratiquer l’association à Allah.
Ils l’ont insulté et se sont moqués de lui et les faibles d’esprit de La Mecque lui ont jeté des pierres.
(Charh Sahîh Muslim de Cheikh Al-Etiopi  3/337)

(5) C’est le nom d’un endroit éloigné de La Mecque. Le sens est que le Prophète ﷺ est parti tellement attristé et préoccupé qu’il a marché jusqu’à cet endroit éloigné sans s’en rendre compte.
(Charh Sahîh Bukhâri de Cheikh Rajihi 6/615) 

(6) C’est l’ange qui transmettait la révélation au Prophète ﷺ.

(7) C’est à dire : Je les fais tous périr en les écrasant entre ces deux montagnes.

(8) C’est à dire que le Prophète ﷺ n’a pas voulu qu’ils soient châtiés en espérant que, dans leur descendance, il y ait des gens qui entrent dans l’Islam. Ceci nous montre la grande patience du Prophète ﷺ face aux épreuves que lui ont fait vivre les associateurs. Et cela nous montre également le fait que l’objectif de l’Islam n’est pas de tuer les gens qui ne sont pas musulmans mais plutôt que, dans leur propre intérêt, ils deviennent musulmans.

Abû Hurayra (qu'Allah soit satisfait de lui) rapporte que le Messager d'Allah ﷺ a dit :

" Recherche assidûment ce qui t’est bénéfique, sollicite l’aide d’Allah et ne faiblis point. Et si une épreuve t’atteint, ne dis pas : " Ah ! Si j’avais fait ceci, il en aurait été autrement ", mais dis plutôt : " C’est la volonté d’Allah, et ce qu’Il a décrété s’est réalisé ", car le mot " si " ouvre la porte aux œuvres du Diable ".

(Rapporté par Muslim 2664)

Par la volonté d’Allah, le Très Haut, nous  entamons une nouvelle année de l’Hégire. Tandis que la plupart des gens se contentent de changer de calendrier, rares sont ceux qui entreprennent une révision plus profonde : celle de leur regard sur eux-mêmes, sur leurs valeurs, et sur leur position dans ce monde en mouvement.

Le mois d’Allah, Al-Muharram, ne représente pas une simple entrée symbolique dans l’année. Il est un appel céleste à faire une pause, réfléchir, et redémarrer avec un cœur plus lucide, une conscience plus éveillée, et une vision éclairée par la lumière prophétique.

C’est alors que ce hadith du Prophète ﷺ se dresse devant nous, non comme un simple enseignement récité dans les mosquées, mais comme une exhortation vive, tranchante, qui interroge chacun de nous : Voici un nouveau cycle de ta vie… Qu’en feras-tu ? Vers quoi porteras-tu ton ardeur ? Et vers où orientes-tu ta marche ?

Quand le Prophète ﷺ dit : " Recherche ce qui t’est bénéfique ", il ne jette pas une maxime éthérée. Il enracine dans le cœur du croyant une force intérieure, un esprit de vigilance et de discernement, qui le pousse à choisir avec lucidité ce qui est bénéfique, ici bas comme dans l’Au-delà. Il ne s’agit pas simplement d’agir, mais de viser juste. D’orienter son énergie vers un bien réel, durable, agréé par Allah, et non vers un profit illusoire, ou une complaisance éphémère envers un système ou une société qui ne reconnaît ton humanité que si tu t’es défait de ta foi, de ta pudeur, de ta langue et de ta dignité. Jusqu’à, parfois, souhaiter ta disparition pure et simple.

Nombreux sont ceux qui ont confondu l’intérêt avec la compromission. Ils ont préféré le silence face à la discrimination institutionnelle. Ils ont reculé devant les politiques de dénudement, maquillées en liberté. Ils ont enterré leur identité, de peur d’un regard soupçonneux ou d’un mot venimeux.

Et voilà que le hadith nous secoue doucement : Recherche ce qui te fait réellement grandir, non ce qui te rend acceptable aux yeux de ceux qui ne comprennent ni la liberté, ni la fraternité, ni la justice, que ce soit en discours, ou en pratique.

Puis le Prophète ﷺ poursuit : " Et demande l’aide d’Allah ". Comme pour te rappeler que tu n’es pas seul. Que tu n’avances pas à découvert. Que ton Seigneur ne t’abandonnera pas si tu avances vers Lui avec sincérité, et si tu t’armes de patience et de clairvoyance.

Dans un climat tendu où certains font de la neutralité un voile commode pour une islamophobie perfide, où l'on ciblesystématiquement les musulmans dans les médias, les discours politiques et les institutions, cette parole prophétique résonne comme une injonction spirituelle et politique : Appuie-toi sur ton Seigneur. Ne plie pas. Ne mendie pas ton droit d’exister. Ne capitule pas. Ne te laisse pas trainer dans la boue.

Et voici que le Prophète ﷺ assène une vérité capitale : " Ne faiblis point ". Ne sois pas de ceux qui renoncent à élever leur voix. Ne sois pas de ceux qui se taisent quand on insulte leur dignité. Ne sois pas de ceux qui abdiquent devant les lois injustes, ni de ceux qui cèdent leur avenir pour un confort provisoire. La faiblesse ne vient pas de ton statut de minorité. Elle vient de ton renoncement à penser, à dire, à agir.

La faiblesse ne réside pas dans les insultes des racistes ou les provocations des chroniqueurs. Elle commence quand tu choisis de ne pas répondre avec hauteur, avec savoir, avec vérité. Quant à ceux qui justifient la haine, qui promeuvent la peur de l’Islam et des musulmans, qui nourrissent l’hostilité envers le hijab, la mosquée, la barbe ou l’arabe, tout en chantant l’éloge du " vivre ensemble " sur les plateaux et les affiches, ils ne sont rien d’autre que les porte-voix d’un cynisme dangereux, maquillé en tolérance.

Et le musulman éveillé ne se prêtera jamais à cette mascarade. Il restera, selon la prescription prophétique, fort, digne, et porteur d’un message jamais complice d’un discours qui l’écrase. 

A ce moment précis, il nous appartient de garder à l’esprit que ce calendrier hégirien, que nous saluons chaque année, ne fut pas établi à la naissance ou à la mort du Prophète ﷺ, mais à son émigration. Une émigration qui fut une décision courageuse, douloureuse, risquée, mais nécessaire.

Le Prophète ﷺ n’a pas attendu que la Mecque devienne favorable. Il a évalué la réalité avec lucidité. Il a agi. Il a tracé un chemin. Il s’est doté des moyens. Il a confié son affaire à Allah. Il n’a pas cédé à la paralysie. Et lorsqu’Abû Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) eut peur dans la grotte, il prononça cette phrase éternelle : " Ne t’afflige pas, Allah est avec nous ".

Et nous, aujourd’hui ? Où sont nos plans ? Où est notre vision ? Où est notre projet ? Attendons-nous que la France devienne subitement terre d’Islam sans que nous n’ayons semé, enseigné, élevé, résisté ?

Le Prophète ﷺ conclut ce hadith par une sagesse divine : " Si une épreuve t’atteint, ne dis pas : " Si j’avais fait…" mais dis : " C’est le décret d’Allah et Il a fait ce qu’Il a voulu ". Ne t’accroche pas au passé. Ne rumine pas les occasions manquées. Regarde vers l’avant. Accepte le décret divin avec sérénité. Oppose lui une action réfléchie, ancrée, noble. Et poursuis ton chemin. Ce hadith n’est donc pas une maxime lointaine à réciter sur les chaires. Il est une stratégie existentielle, un appel à la renaissance, une méthodologie de relèvement.

Chaque nouvelle année hégirienne est une invitation à émigrer intérieurement : de la plainte à la construction, de l’illusion à la clarté, de la soumission au monde à la servitude envers le Seigneur.

Ce nouveau cycle ne se célèbre pas dans l’euphorie vide des vœux, mais dans la lucidité, la planification, la résistance, l’édification. Et que ceux qui cèdent à la haine, qui camouflent l’éradication sous des mots suaves, qui légitiment l’injustice sous les habits de la République, ceux-là sont les véritables ennemis de la liberté, plus dangereux encore que les extrémistes qui hurlent dans les rues : " L’Islam n’est pas le bienvenu ici ! "

Commence donc ton année comme le Prophète ﷺ commença son émigration : avec une vision claire, une volonté ferme, et une foi inébranlable dans la promesse d’Allah. Car celui qui commence ainsi, Allah ne l’abandonnera jamais… Même si cela déplaît aux ennemis de la lumière.

Ibn Sa'd As-Sâ'idî (qu'Allah soit satisfait de lui) rapporte que le Prophète  ﷺ a dit :

" La place d'un fouet au Paradis vaux mieux que toute la terre et ce qu'elle contient ! "

(Sahîh Bukhâri 3250)

Abû Hurayra (qu'Allah soit satisfait de lui) rapporte que le Messager d'Allah ﷺ se rendit au cimetière et dit :

" Que la paix soit sur vous, demeure des croyants ! Et si Allah le veut, nous vous rejoindrons bientôt ! J'aurais aimé voir mes frères ! "

Les Compagnons dirent alors : " Ne sommes nous pas tes frères, ô Messager d'Allah ? "

Il répondit : " Vous êtes mes Compagnons et mes frères sont ceux qui ne sont pas encore venus ".

Ils demandèrent : " Et comment reconnaîtras-tu les membres de ta communauté qui ne sont pas encore venus, ô Messager d'Allah ? "

Il répondit : " Qu'en dites-vous, si un homme possède des chevaux ayant des traces blanches au front et aux pattes et qui se trouvent parmi d'autres chevaux d'une noirceur intense, les reconnaîtra t-il ? "

Ils répondirent : " Oui, ô Messager d'Allah ".

Il dit alors : " Ils viendront le front et les pieds illuminés du fait de leurs ablutions et je les devancerai au bassin ".

(Rapporté par Muslim 249)

Au début de la prophétie, le Prophète ﷺ avait interdit la visite des tombes. Cela explique par le fait que l'époque antéislamique, connue par la vénération des ancêtres morts et des idoles, était encore trop proche. Le Prophète ﷺ avait peur pour sa communauté de retomber dans le piège du polythéisme.

Abû Dharr (qu'Allah soit satisfait de lui), le Prophète ﷺ rapporte ce qu'Allah (Exalté soit-Il) dit :

" Ô Mes serviteurs ! Si le premier et le dernier d'entre vous, les hommes et les djinns, avaient le cœur de l'homme le plus pieux parmi vous, cela n'ajouterai rien à Mon royaume.

Ô Mes serviteurs ! Si le premier et le dernier d'entre vous, les hommes et les djinns, avaient le cœur de l'homme le plus pervers parmi vous, cela ne diminuerait en rien Mon royaume.

Ô Mes serviteurs ! Si le premier et le dernier d'entre vous, les hommes et les djinns, se réunissaient dans une même plaine pour Me solliciter et que Je donnais à chacun satisfaction, cela ne diminuerait de ce qu'il y a auprès de Moi que comme ce qu'une aiguille plongée dans l'eau diminuerait de l'océan ".

(Rapporté par Muslim 2577)

" Allah et Ses Anges prient sur le Prophète.

Vous qui croyez ! Priez sur lui et saluez-le ".

(Coran 33:56)

Abû Humayd As-Sâ'idi (qu'Allah soit satisfait de lui) raconte que les Compagnons dirent : Ô Messager d'Allah, comment devons-nous prier sur toi ? Le Prophète ﷺ répondit :

" Ô mon Seigneur, répands Tes bénédictions sur Muhammad, sur ses femmes et sur sa postérité, comme Tu as répandu tes bénédictions sur la famille d'Abraham. Bénis Muhammad, ses femmes et sa postérité, comme Tu as béni la famille d'Abraham. - Tu es le Louangé, le Glorieux ".

(Rapporté par Bukhâri 3369 et Muslim 407)

Abû Mas'ûd Al-Ansârî (qu'Allah soit satisfait de lui) a dit : Le Messager d'Allah ﷺ vint nous trouver alors que nous étions réunis chez Sa'd Ibn Ubâda. Bashîr Ibn Sa'd lui dit : " Allah nous a ordonné de prier sur toi, ô Messager d'Allah ! Comment devons-nous le faire ? " Le Messager d'Allah ﷺ observa le silence à tel point que nous espérâmes qu'il ne l'eût jamais interrogé, puis il répondit :

" Dites : " Ô Allah ! Prie sur Muhammad et sur la famille de Muhammad comme Tu as prié sur la famille d'Ibrâhîm, et bénis Muhammad et la famille de Muhammad comme Tu as béni la famille d'Ibrâhîm dans les mondes ! Tu es certes Digne de louange et de glorifications ! " Quant au salut, il est tel que vous le connaissez ".

(Rapporté par Muslim 405)

Abû Hurayra (qu'Allah soit satisfait de lui) rapporte que le Messager d'Allah ﷺ a dit :

" Le Feu est voilé par les passions et le Paradis par les choses que l'on déteste ".

(Rapporté par Bukhâri 6487 et Muslim 2823)

L'Enfer est entouré de passions, de choses vers lesquelles l'âme penche. Le croyant doit éduquer son âme et la retenir de tomber dans les passions car, même si cela est difficile au début, l'âme ensuite s'habituera au bien et il lui sera facilité.

Quant au Paradis, il s'obtient en s'armant de patience face aux interdits et aux difficultés.