Al Farîd - Al-Hanbalî

COMMENTAIRE

Dans ce paragraphe, l'auteur (qu'Allah lui fasse miséricorde) dit que la parole : " Il n'y a pas de divinité méritant l'adoration excepté Allah " contient l'amour d'Allah, et ceci est vrai, car l'adoration contient le sens de la parole : " Il n'y a pas de divinité méritant l'adoration excepté Allah ", ce qui signifie : " Nulle divinité n'est véritablement en droit d'être adorée, à l'exception exclusive d'Allah, qui est le Seul à qui l'on doit vouer nos adorations et le Seul qui les mérite ".

La réalité de l'adoration se concrétise avec l'amour complet lié à l'humiliation complète. Donc, la parole : " Il n'y a pas de divinité méritant l'adoration excepté Allah " implique, pour celui qui la prononce, qu'il se doit d'aimer Allah, et ceci est un fait indéniable, sur lequel Allah a crée Ses créatures : L'amour du Bien-aimé est lié à l'amour de ce qu'Il aime, et au fait de détester ce qu'Il déteste. Ceci nous montre donc que l'amour que l'on doit vouer à Allah fait partie des degrés de la religion, du fait que la parole : " Il n'y a pas de divinité méritant l'adoration excepté Allah " contient cet amour.

Ceci implique également la peur d'Allah, et de même l'espoir en Lui (Exalté soit-Il). Il est donc indispensable d'être véridique dans sa prétention de L'aimer, en aimant ce qu'Il aime et en détestant ce qu'Il déteste. Selon la part d'amour que va contenir le coeur, en la vouant à Allah, tout en le répercutant de manière véridique dans l'adoration qu'il Lui voue, c'est sur cela que l'état de la personne va se mesurer dans ses agissements avec l'extérieur. Il est donc obligatoire d'aimer ce qu'Allah aime et de détester ce qu'Allah déteste.

Quant à celui qui pratique le contraire de cela, et qui aime ce qu'Allah déteste, ou répugne ce qu'Allah aime, ceci n'est qu'une preuve de son mensonge qui contredit sa prétention d'aimer Allah, ou cela peut être une indication d'un abaissement de l'amour qu'il prétend posséder. Le sens de tout cela est que la façon de compléter l'unicité ne se fera qu'en aimant ce qu'Allah aime et en détestant ce qu'Allah déteste parmi les actes, les paroles et les personnes.

Ceci implique également l'amour de ce qu'Allah (Exalté soit-Il) et Son Messager (Salla Allah 'alayhi wa sallam) ont ordonnés, détester ce qu'Allah (Exalté soit-Il) et Son Messager (Salla Allah 'alayhi wa sallam) ont détestés, et aimer ceux qu'Allah (Exalté soit-Il) aime parmi Ses serviteurs, que ce soit les anges, les prophètes, les pieux, et l'amour de Ses alliés et la haine de Ses ennemis.

Celui qui ne réalise pas cela aura forcément en lui une part d'association dans l'amour, car celui qui aime une chose qu'Allah déteste ou répugne une chose qu'Allah aime n'aura pas réalisé l'amour qu'il doit vouer à Allah, car l'amour complet implique l'amour de ce qu'Il aime et de ceux qu'Il aime, ainsi que la haine envers ce qu'Il déteste et ceux qu'Il déteste.

Et fait partie de cela : Aimer le Prophète ﷺ, car l'amour qu'on lui doit fait partie de l'amour que l'on doit à Allah, et il en est de même de l'amour que l'on doit aux croyants. Cet amour s'inscrit dans cette lignée, et est tel une branche de cet amour. Allah a joint l'amour que l'on doit à Son Prophète ﷺ à l'amour que nous Lui devons, en disant :

Dis : " Si vos pères, vos enfants, vos frères, vos épouses, vos clans, les biens que vous gagnez, le négoce dont vous craignez le déclin et les demeures qui vous sont agréables, vous sont plus chers qu'Allah, Son messager et la lutte dans le sentier d'Allah ".

(Coran 9:24)

Et dans le hadith :

" Il y a trois caractéristiques qui lorsqu'elles sont possédées par une personne lui permettent de goûter à la douceur de la foi : Qu'Allah et Son messager lui soient plus aimés que tout autre ".

(Rapporté par Bukhâri et Muslim)

Allah (Exalté soit-Il) a donc rattaché les deux amours, comme il a rattaché l'obéissance qui Lui est dû à l'obéissance qui est dû au Prophète ﷺ implique son obéissance, d'une manière générale, tout comme l'obéissance qui est dû à Allah (Exalté soit-Il). Obéir au Prophète ﷺ équivaut à obéir à Allah (Exalté soit-Il). Il n'a rendu interdit que ce qu'Allah (Exalté soit-Il) a décrété comme interdit.

Quant aux autres créatures, il se peut que certains ordonnent ce qui contient une désobéissance à Allah (Exalté soit-Il). C'est pour cela que l'obéissance aux créatures a été paramétrée pour ce qui concerne le convenable, et non dans la désobéissance, comme l'a dit le Prophète ﷺ : " L'obéissance ne se fait que dans le convenable", et " Nulle obéissance à une créature dans la désobéissance au Créateur ". Et l'amour du Prophète ﷺ se réalise en le suivant, comme l'a dit Allah :

Dis : " Si vous aimez vraiment Allah, suivez-moi ".

(Coran 3:31)

Le suivi du Prophète ﷺ est donc la preuve claire concernant la véracité de cette prétention. Il a été dit, dans l'explication de ce verset que des gens ont prétendu aimer Allah (Exalté soit-Il). Il révéla alors ce verset afin de les éprouver. C'est pour cela que ce verset s'appelle : " le verset de l'épreuve ". Le suivi du Prophète ﷺ est une science par laquelle se distingue l'amour d'Allah (Exalté soit-Il) et de Son Messager ﷺ : Dis : " Si vous aimez vraiment Allah, suivez-moi ". 

L'auteur (qu'Allah lui fasse miséricorde) rapporte donc ici quelques récits issus de certains savants, qui sont de belles et profitables paroles, dont Cheikh Al-Islam Ibn Taymiyya et son élève Ibn Al-Qayyim (qu'Allah les agrée) ont également citées. Les premières générations de soufis ainsi que leurs savants contenaient beaucoup de bien, même si l'on pouvait déjà trouver en eux quelques erreurs, comme cela est le cas chez tout le monde. Mais il est toutefois indispensable de faire preuve d'équité envers eux, comme envers tout groupe et tout individu. Il ne faut donc pas léser leur droit, ni oublier leur mérite, et encore moins approuver leurs erreurs.

Même si nous constatons que l'auteur a utilisé des paroles provenant de ces soufis, il n'y a pas de mal ici, vu qu'elles sont authentiques et qu'elles ne contredisent en rien la religion. L'entête de l'amour véridique est l'obéissance, et l'arrêt aux limites, tout en aimant ce qu'aime le Bien-aimé, sauf que tout ceci ne doit pas uniquement tourner autour de l'amour. L'adoration englobe l'amour, l'espoir et la crainte, comme Allah a dit :

" Ceux qu'ils invoquent, cherchent [eux-mêmes], à qui mieux, le moyen de se rapprocher le plus de leur Seigneur. Ils espèrent Sa miséricorde et craignent Son châtiment. Le châtiment de ton Seigneur est vraiment redouté ".

(Coran 17:57)

Il est donc indispensable que l'adoration soit basée sur ces trois fondements réunis. Quant aux soufis, ils ont exagérés dans la part d'amour à attribuer, en négligeant la part d'espoir et de peur qu'il convenait de faire preuve. Ceci fait partie de leurs erreurs que nous n'approuvons pas.

Tout comme il a été rapporté de certains d'entre eux qu'ils disaient : " Je n'adore pas Allah par espoir et envie de Son Paradis, ni par peur de Son Feu ", signifiant par là qu'ils ne recherchaient que Son amour. Ceci est une énorme erreur, du fait qu'Allah (Exalté soit-Il) nous aie ordonné de Le craindre, tout comme d'espérer en Lui, et qu'Il aie pour cela loué Ses alliés, qui portent cette crainte et cet espoir, dans Sa parole :

" Ils concouraient au bien et Nous invoquaient par amour et par crainte. Et ils étaient humbles devant Nous ".

(Coran 21:90)

J'espère ici que cette introduction sera profitable concernant certaines paroles de savants soufis relatées par l'auteur dans la suite du livre, même si la majorité de ce qu'il a cité ici tend à prouver que l'amour véridique que l'on doit vouer à Allah (Exalté soit-Il) implique l'amour de ce qu'Il aime, et la haine de ce qu'Il déteste, et que celui qui chercherait le contraire mériterait d'être blâmé selon le degré de divergence dans lequel il est tombé, et ceci est juste et authentique, et ne fait l'objet d'aucune controverse.