Les Histoires des Prophètes - Ibn KathÃ

 

Allah le Très Haut dit sans la sourate La table est servie [Al-Maïda] :

 

Lorsque Moïse dit à son peuple : " Ô, mon peuple ! Rappelez-vous le bienfait d'Allah sur vous, lorsqu'Il a élu parmi vous des prophètes. Et Il a fait de vous des rois, et Il vous a donné ce qu'Il n'avait accordé à nul autre parmi les hommes. Ô mon peuple ! Entrez dans la terre sainte qu'Allah vous a destinée. Et ne revenez pas sur vos pas, car vous repartiriez perdants ".

Ils dirent : " Moïse, il y a là un peuple de colosses. Jamais nous n'y entrerons jusqu'à ce qu'ils en sortent. S'ils en sortent, alors nous y entrerons ".

Deux hommes, parmi ceux qui craignaient Allah, et qui étaient comblés de bienfaits par Lui, dirent : " Entrez chez eux par la porte. Puis quand vous serez entrés, vous les dominerez certainement. C'est à Allah qu'il faut s'en remettre, si vous êtes croyants ".

Ils dirent : " Moïse ! Nous n'y entrererons jamais, aussi longtemps qu'ils y seront. Va donc, toi et ton Seigneur, et combattez tous deux. Nous restons là où nous sommes ".

Il dit : Seigneur ! Je n'ai de pouvoir en vérité, que sur moi-même, et sur mon frère : tranche le différend qui nous oppose à ce peuple pervers ".

Il dit : " Ce pays leur sera donc interdit quarante ans, durant lesquels ils erreront sur terre. Ne te tourmente donc pas pour ce peuple désobéissants ".

(Coran 5:20-26)

 

 

 

Moïse, fils de Imrân, rappela aux fils d'Israël les grâces d'Allah envers eux, puisqu'Il les a comblés des bienfaits de ce monde et que, pour peu qu'ils demeurent sur le droit chemin, il leur réserve les délices de l'Au-delà.

 

En effet, chaque fois qu'un prophète mourrait, un autre se levait parmi eux, le premier étant Abrâham ('alayhi sallam). Il y eut donc toujours, au milieu des fils d'Israël, des prophètes qui les appelaient à suivre la voie d'Allah et les mettaient en garde contre Son châtiment, jusqu'à l'avènement de Jésus ('alayhi sallam) qui fut le premier prophète des fils d'Israël.

 

Puis, Allah confia Sa révélation au tout dernier Prophète et Messager, Muhammad (Salla Allah 'alayhi wa sallam), fils de Abd Allah, descendant d'Ismaël, fils d'Abrâham . Et Muhammad (Salla Allah 'alayhi wa sallam) est plus noble que tous les prophètes qui l'on précédé.

 

 

 

 

Moïse encouragea donc les fils d'Israël à combattre et à entrer dans Jérusalem qui était sous leur domination du temps de leur ancêtre Jacob ('alayhi sallam). Mais, celui-ci, ses fils et le reste de sa famille, émigrèrent en Egypte à l'époque où Joseph ('alayhi sallam), fils de Jacob, les invita à venir le rejoindre.

 

Les fils d'Israël demeurèrent alors dans ce pays jusqu'au jour où ils le quittèrent avec Moïse. Mais, voulant retourner à Jérusalem, ils se heurtèrent à un peuple puissant, les Amalécites ['Amâliqa] qui avait pris le contrôle de Jérusalem.

 

Le Messager d'Allah Moïse, ordonna donc aux fils d'Israël d'entrer à Jérusalem et de combattre leurs ennemis, en leur promettant la victoire sur eux. Mais ils s'y refusèrent, désobéirent et défièrent son ordre, ce qui leur valut d'errer dans le désert durant quarante ans, sans savoir où se diriger. Telle fut donc leur punition pour avoir méprisé le commandement d'Allah.

 

Leur prétexte fut que la ville qu'il leur ordonnait de conquérir était aux mains d'un peuple de colosses, c'est à dire d'hommes de forte stature et puissants, qu'ils étaient incapables de défier au combat.

 

Il leur était donc impossible d'entrer dans la cité tant que ces gens s'y trouveraient. En revanche, s'ils partaient, ils pourraient y pénétrer.

 

 

 

 

Devant le refus des fils d'Israël d'obéir à Allah et de suivre Son Messager Moïse, deux hommes parmi eux, qu'Allah avaient comblés de Sa grâce et qui craignaient le châtiment d'Allah, incitèrent leur peuple au combat.

 

Ces deux hommes dit-on, étaient Josué, fils de Nun et Kâlib, fils de Yufanâ. Ces deux hommes dirent à leur peuple : " Entrez chez eux par la porte. Puis quand vous serez entrés, vous les dominerez certainement. C'est à Allah qu'il faut s'en remettre, si vous êtes croyants ". Ils dirent en substance : si vous placez votre confiance en Allah, si vous exécutez Son commandement et obéissez à Son Messager, Allah vous soutiendra pour finalement vous faire triompher de vos ennemis. Vous conquerrez alors la cité qu'Allah vous a destinée.

 

Mais cette exhortation n'eut aucun effet sur eux. Les fils d'Israël répondirent : " Moïse ! Nous n'y entrerons jamais, aussi longtemps qu'ils y seront. Va donc, toi et ton Seigneur et combattez tous deux. Nous restons là où nous sommes ".

 

 

 

 

Comme fut admirable la réponse des compagnons du Prophète (Salla Allah 'alayhi wa sallam) le jour de la bataille de Badr, lorsque le Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam) les consulta sur l'opportunité de combattre l'armée de Quraych venue protéger la caravane commerciale dirigée par Abû Sufyân (radiallahu 'anhu).

 

Lorsque la caravane fut hors de portée des musulmans, et que l'armée ennemie, forte de neuf cent à mille hommes avec casques et boucliers, fut proche d'eux, Abû Bakr (radiallahu 'anhu) prit la parole et prononça des mots admirables.

 

Puis, d'autres compagnons, parmi les émigrés, prirent à leur tour la parole, alors que le Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam) leur disait : " Conseillez-moi, ô musulmans ! ". Il voulait par ces mots, connaître la position des Ansars, car ils constituaient la majorité des hommes ce jour là.

 

Sa'd Ibn Mu'âdh, le chef des Ansars dit alors : " On dirait que c'est nous [les Ansars] qui sommes visés par tes paroles, Messager d'Allah ! Par Celui qui t'a envoyé avec la vérité, si tu nous conduisais à cette mer et que tu t'y engageais, nous t'emboîterions le pas, sans que nul, parmi nous ne se défile. Et que tu nous fasses rencontrer l'ennemi demain ne nous dérangerait pas. Car, nous sommes endurants et durs au combat. Et j'espère qu'Allah te montrera de notre part, des actes de bravoure qui te réjouiront. Alors, conduis-nous avec la bénédiction d'Allah ".

 

Les paroles de Sa'd réjouirent et encouragèrent le Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam).

 

De même, Abû Bakr Ibn Mardawayh rapporte, d'après Anas, que lorsqu'il partit pour Badr, le Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam) consulta les musulmans. Umar lui conseilla de combattre.

 

Puis, le Prophète (Salla Allah 'alayhi wa sallam) consulta une nouvelle fois ses compagnons. Certains Ansars dirent alors :

 

" Ô Ansars ! C'est notre opinion que le Prophète (Salla Allah 'alayhi wa sallam) veut entendre ".

Ils dirent : " Alors qu'il sache que nous ne lui dirons jamais ce que les fils d'Israël ont dit à Moïse : " Va donc, toi et ton Seigneur, et combattez tous deux. Nous restons là où nous sommes ". Par Celui qui t'a envoyé avec la vérité ! Si tu décidais de te rendre à Birk Al-Ghimâd [ville du Yémen], nous te suivrions ".

(Rapporté par Ahmad et An-Nasâ'î) 

 

 

 

 

Lorsque les fils d'Israël refusèrent de combattre, Moïse se mit en colère contre eux et, invoquant Allah contre eux, il dit : " Seigneur ! Je n'ai de pourvoir en vérité, que sur moi-même et sur mon frère. Tranche le différend qui nous oppose à ce peuple pervers ".

 

Moïse ayant invoqué Allah contre les fils d'Israël à cause de leur refus de combattre, Allah décréta que l'accès à Jérusalem leur serait interdit pour une une durée de quarante ans. Ils errèrent donc dans le désert, incapables de trouver leur chemin pour pouvoir en sortir.

 

Au cours de cette errance, de grands miracles se produisirent : les nuages les couvrirent de leur ombre, la manne et les cailles descendirent sur eux, des sources d'eau jaillirent d'un rocher, ainsi que d'autres miracles par lesquels Allah assista Son Messager Moïse, fils de Imrân.

 

C'est aussi au cours de cette période que fut révélée la Thora, que durent prescrites des lois pour les fils d'Israël et que fut construite l'Arche d'alliance.

 

 

 

 

A la fin de cette période, conduits par Josué, les juifs qui avaient survécu et ceux de la deuxième génération, marchèrent sur Jérusalem qu'ils assiégèrent. La cité fut conquise un vendredi après midi.

 

Lorsque le soleil fut sur le point de se coucher, Josué craignit que le sabbat ne débute, les empêchant de combattre. S'adressant au soleil, il dit : " Tu es soumis à des ordres, comme je le suis moi-même. Ô Allah ! Fais pour moi, que le soleil arrête sa course ". Allah arrêta donc la course du soleil jusqu'à ce que Josué eût conquis Jérusalem.

 

Ensuite, Allah commanda à Josué d'ordonner aux fils d'Israël d'entrer par la porte de la ville en se prosternant et en disant : " hitta ", c'est à dire " efface [hitt] nos péchés ". Mais, transgressant doublement ce commandement, ils entrèrent dans la cité en se traînant sur leurs derrières et en disant : " un grain [habba] sur un épi ".

 

 

 

 

Ibn Abbâs (qu'Allah l'agrée) relate ce qui suit :

" Ils errèrent pendant quarante ans. Au cours de cette période, Moïse, Aaron et tous ceux qui, à leur entrée dans le désert, étaient âgés de plus quarante ans moururent.

Au bout de quarante ans, Josué fils de Nun, qui après la mort de Moïse, fut le chef des tribus d'Israël, leur demanda de se lever pour aller au combat. Ce fut donc lui qui conquit Jérusalem.

On lui rappela alors que ce jour, celui de la conquête, était un vendredi.

Les fils d'Israël décidèrent d'attaquer la ville, mais le soleil était sur le point de se coucher. Craignant que le sabbat ne débute, Josué interpella le soleil en ces termes : " Tu es soumis à des ordres, comme je le suis moi-même ". Le soleil arrêta alors sa course jusqu'au moment où la cité fut conquise.

Ils y trouvèrent des richesses jamais vues auparavant dont ils décidèrent de faire une offrande, mais le feu ne descendit pas du ciel pour la consumer.

Josué dit : " Quelqu'un a dérobé quelque chose dans le butin ". Il fit alors venir les douze chefs des tribus d'Israël qui lui firent allégeance. Mais, la main de l'un d'entre eux resta collée à la sienne. Josué dit : " L'objet volé se trouve dans ta tribu, alors apporte le ".

L'homme apporta la tête en or d'une vache dont les yeux étaient de pierres précieuses et les dents des perles. Lorsque la tête fut placée avec le reste des offrandes, le feu descendit du ciel pour les consumer ".