Sourate 48 Al-Fath

Cette sourate fut révélée lors du retour du Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam) d'Al-Hudaybiya, durant le mois de Dhu Al-Qa'da de l'an six de l'hégire.

Les idolâtres venaient d'empêcher le Prophète (Salla Allah 'alayhi wa sallam) de se rendre à la Mosquée Sacrée [de la Mecque] pour y accomplir la Umra.

Ils lui avaient alors proposé une trêve qui stipulait que le Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam) devait retourner à Médine cette année là, mais qu'il pouvait accomplir la Umra l'année suivante.

Le Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam) accepta les termes du traité malgré la répugnance de certains de ses Compagnons, dont Umar Ibn Al-Khattâb (qu'Allah l'agrée).

Puis, après que le Prophète (Salla Allah 'alayhi wa sallam) eut immolé l'animal du sacrifice à l'endroit où il fut contraint de s'arrêter et eut prit le chemin du retour, Allah (Exalté soit-Il) révéla cette sourate annonçant ce qui attendait le Prophète (Salla Allah 'alayhi wa sallam) et les idolâtres de la Mecque.

Dans cette sourate, Allah décrivit le traité de paix d'Al-Hudaybiya comme une victoire compte tenu de ses heureuses conséquences et de la suite des évènements.

Ainsi, Abd Allah Ibn Mas'ûd (qu'Allah l'agrée) a dit : " Vous, vous pensez que la victoire éclatante vise la conquête de la Mecque alors que nous, nous pensons qu'elle se rapporte au traité d'Al-Hudaybiya ".

De même, on rapporte que Jâbir (qu'Allah l'agrée) a dit : " Pour nous, la victoire éclatante n'était autre que le traité d'Al-Hudaybiya ".

Muhammad Ibn Is'hâq Ibn Yasâr écrit dans son livre "As-Sîra" [La biographie] :

" Le Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam) réclama la présence de Umar Ibn Al-Khattâb (qu'Allah l'agrée). Il souhait l'envoyer à la Mecque, afin d'informer les notables de Quraych des raisons qui l'amenaient à la Mecque [accomplir la Umra].

Mais Umar dit : " Ô Messager d'Allah ! Je crains pour ma vie si je vais chez Quraych. Il n'y a plus à la Mecque de gens du clan des Bani Ady Ibn Ka'b susceptibles de me protéger. De plus, les gens de Quraych connaissent mon animosité à leur égard et ma dureté envers eux. Toutefois, je peux t'indiquer un homme plus puissant que moi à la Mecque : Uthmân Ibn Affân. Nous pouvons l'envoyer en émissaire auprès d'Abû Sufyân et des notables de Quraych pour les informer que tu n'es pas venu pour leur faire la guerre, mais pour visiter la Maison en respectant sa sacralité ".

Uthmân (qu'Allah l'agrée) se dirigea donc vers la Mecque. En  entrant dans la cité, ou peu avant, il rencontra Abân Ibn Saïd Ibn Al-As qui accompagna Uthmân en lui accordant sa protection jusqu'à ce qu'il transmette le message du Prophète (Salla Allah 'alayhi wa sallam).

Uthmân (qu'Allah l'agrée) se rendit donc auprès d'Abû Sufyân et des notables de Quraych auxquels il transmit le message que l'Envoyé d'Allah l'avait chargé de leur remettre.

Ils répondirent à Uthmân (qu'Allah l'agrée) : " Si tu veux, tu peux accomplir la circumambulation [tawâf] autour de la Maison ".

Uthmân répondit : " Il n'est pas question que je le fasse avant le Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam) ".

Puis, les gens de Quraych décidèrent de retenir Uthmân (qu'Allah l'agrée) auprès d'eux un certain temps.

Le Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam) et les musulmans furent alors informés que Uthmân (qu'Allah l'agrée) avait été tué ".

Ibn Is'hâq ajouta, en citant Abd Allah Ibn Abû Bakr, que lorsque la nouvelle de la mort de Uthmân parvint au Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam), il dit : " Nous ne quitterons pas les lieux avant d'avoir combattu ces gens ".

Ibn Is'hâq poursuivit :

" Le Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam) appela alors les musulmans à lui faire allégeance. L'allégeance d'Ar-Ridwân eut alors lieu sous l'arbre.

Plus tard, les gens prétendirent que, lors de cette allégeance, le Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam) prit leur engagement de mourir [pour venger Uthmân].

Néanmoins, Jâbir Ibn Abd Allah affirmait que le Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam) ne leur avait pas demandé de s'engager à mourir, mais seulement à ne pas fuir lors des combats.

Le Prophète (Salla Allah 'alayhi wa sallam) reçut donc l'allégeance de tous les musulmans présents, à l'exception d'Al-Jad Ibn Qays, de la tribu des Bani Salima.

Jâbir (qu'Allah l'agrée) racontait par la suite : " Par Allah ! C'est comme si je le vois encore collé à l'aisselle de sa chamelle derrière laquelle il tentait de se cacher des gens ".

Puis, le Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam) fut informé que la nouvelle de la mort de Uthmân (qu'Allah l'agrée) n'était qu'une rumeur sans fondement ".

Salama Ibn Al-Akwa' (qu'Allah l'agrée) relate ce qui suit :

" Nous arrivâmes à Al-Hudaybiya avec le Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam) au nombre de mille quatre cents. Nous trouvâmes au puits une cinquantaine de moutons qui s'y abreuvaient, mais sans que l'eau leur soit suffisante.

Le Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam) s'assit sur le bord du puits. Ensuite, soit il invoqua Allah, soit il cracha dans le puits. L'eau se mit alors à jaillir du puits ce qui nous permit de boire et d'abreuver nos bêtes.

Puis, le Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam), qui se trouvait devant le tronc de l'arbre, appela les gens à lui faire allégeance. Je fus parmi les premiers à lui prêter serment. Puis, il ne cessa de recevoir leur allégeance.

Arrivé à la moitié des gens, le Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam) me dit : " Salama, fais-moi allégeance ! " - " Ô Messager d'Allah ! Je l'ai fait parmi les premiers ", répondis-je. Il dit : " Recommence ".

Salama ajouta :

" Constatant que je ne portais pas d'armure, le Messager d'Allah me donna un bouclier en cuir. Puis, il reçut de nouveau l'allégeance des gens.

Mais, alors que l'allégeance touchait à sa fin, il me dit : " Salama, fais-moi allégeance ! " - " Ô Messager d'Allah ! Je l'ai fait parmi les premiers, puis de nouveau au milieu ", répondis-je. Il dit : " Recommence ".

Je prêtai serment une troisième fois. Le Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam) me demanda alors : " Ô Salama ! Où est le bouclier en cuir que je t'ai donné ? " Je lui dis : " Messager d'Allah ! J'ai rencontré Âmir qui ne portait pas d'armure, je lui ai donc donné le bouclier ". Le Messager d'Allah (Salla Allah 'alayhi wa sallam) sourit puis me dit : " Tu es à l'image de celui, parmi les anciennes générations, qui a dit : " Ô Allah ! Donne-moi un bien aimé qui soit plus cher à mes yeux que moi-même ".

Puis, les idolâtres de la Mecque envoyèrent une délégation pour nous proposer une trêve qui permettrait aux uns de circuler librement et en toute sécurité par les autres.