Sahîh Al-Bukhârî & Muslim

D'après Hammâm Ibn Munannih : Voici que qu'Abû Hurayra (qu'Allah l'agrée) nous a rapporté de Muhammad, le Messager d'Allah (Salla allahu 'alayhi wa salam). Il cite alors des hadiths dont le Messager d'Allah (Salla allahu 'alayhi wa salam) a dit :

" Allah (Exalté soit-Il) a dit : " Si Mon serviteur songe à accomplir une bonne action, Je la lui inscrirai comme telle s'il ne l'accomplit pas. S'il la réalise, Je l'inscrirai alors comme dix bonnes oeuvres. S'il songe à commettre un péché, Je le lui pardonnerai tant qu'il ne le fait pas. S'il passe à l'acte, Je le lui inscrirai comme tel ".

Le Messager d'Allah (Salla allahu 'alayhi wa salam) dit également :

" Les Anges disent : " Seigneur ! Voilà Ton serviteur qui désire commettre un péché ". Mais Allah, qui le voit mieux, dit : " Observez-le ! S'il le commet, inscrivez-le à son compte comme tel ! S'il le délaisse, inscrivez-le à son compte comme une bonne action, car il l'aura délaissé pour Moi ! "

Le Messager d'Allah (Salla allahu 'alayhi wa salam) dit aussi :

" Si l'un d'entre vous parfait son Islam, chaque bonne action qu'il accomplira sera inscrite à son compte comme dix bonnes actions jusqu'à sept cents multiples. Chaque péché qu'il commettra sera inscrit comme tel, jusqu'à ce qu'il rencontre Allah ".

(Rapporté par Muslim)

L'imam Al-Mâzirî (qu'Allah lui fasse miséricorde) dit :

Selon l'opinion du Cadi Abû Bakr Ibn Al-Tayyib, quiconque décide intérieurement de commettre un péché et qu'il s'y dispose mentalement et psychiquement, sera considéré coupable sur le plan du vouloir et la détermination. Ainsi, il se peut que ce hadiths et leurs similaires entendent l'individu qui ne se détermine pas à commettre le péché et qu'il concerne uniquement celui à qui l'idée du péché passe par la tête, se présente à son imagination de façon plus ou moins consciente, sans s'y fixer. C'est ce qui est exprimé dans le hadith par compter au sens de se proposer de faire. Ainsi, selon l'opinion du Cadi Abû Bakr, il faut distinguer entre cette idée vague et la détermination.

Toutefois, nombreux sont les juristes et les traditionnistes qui divergent avec lui sur cette question, s'en tenant pour leur part, au sens strict et littéral du hadith.

Le Cadi 'Iyâd (qu'Allah lui fasse miséricorde) dit : " L'ensemble des pieux anciens et des autorités en matière de fiqh et de hadith soutiennent l'opinion du Cadi Abû Bakr concernant les hadiths prouvant que les actes intérieurs du coeur seront jugés. Mais ils précisent que c'est la détermination qui sera enregistrée comme péché et non pas la commission du péché du fait qu'il n'a pas été commis effectivement en raison d'un empêchement autre que la crainte d'Allah (Exalté soit-Il). Car l'individu ne commet pas ce péché par crainte d'Allah, il ne sera pas jugé pour sa détermination antérieure.

En effet, c'est la détermination et la persistance volontaire du projet dans la conscience qui constitue un péché en soi et qui sera enregistrée en tant que telle. Dans ce cas, la mise en oeuvre effective de cette détermination sera enregistrée comme un second péché. Or, si l'individu vient à renoncer à l'exécution de son dessein par crainte d'Allah (Exalté soit-Il),  celui lui sera compté comme une bonne action à son actif, tel que stipulé dans le hadith où Allah (Exalté soit-Il) dit : " car il l'aura délaissé pour Moi ! ". Ainsi la bonne action, sera dans ce cas, le renoncement à commettre le péché, par crainte et vénération d'Allah (Exalté soit-Il), et par mortification de l'âme et résistance à ses tentations et ses passions.

Quant à l'idée vague qui n'est pas retenue contre l'homme, elle englobe les suggestions de l'âme qu'on ne fait pas persister et qu'on ne se détermine pas à réaliser, ni par l'intention ni par la résolution.

Un certain spécialiste du Kalâm ou théologie discursive, soulève une question ambiguë : Quand l'homme renonce à l'exécution effective du péché, pour une raison autre que la crainte ou la vénération d'Allah (Exalté soit-Il), telle que la crainte des gens. Un tel renoncement sera t'il lui compté comme une bonne action à son actif ? Non, dit-il, car le motif du renoncement ou de l'abstention est la honte des gens. Or, cet avis est inconsistant et n'a aucun fondement ".

- Fin de citation du Cadi 'Iyâd -

L'explication du Cadi 'Iyâd étant plausible et excellente, ne nécessite de s'étaler davantage sur la question. Surtout que nombreux sont les textes scripturaires confirmant que la détermination intérieure et persistante du coeur sera jugée et sanctionnée.

Parmi ces textes, à titre indicatif, les versets suivants :

Allah (Exalté soit-Il) dit :

" Ceux qui aiment que la turpitude se propage parmi les croyants auront un châtiment douloureux, ici-bas comme dans l’Au-delà ".

(Coran 24:19)

" Ô vous qui avez cru !

Evitez de trop conjecturer [sur autrui] car une partie des conjectures est péché ".

(Coran 49:12)

Les versets dans ce sens sont encore nombreux. Voire les textes scripturaires et le consensus des ulémas confirment l'interdiction d'envier les musulmans, de les mépriser et de leur vouloir le mal ainsi que l'interdiction des autres actes du coeur et des desseins fermes et la détermination de faire le mal.

" [...] jusqu'à sept cents multiples ". Cela prouve de façon franche et explicite l'opinion juste et adoptée par les ulémas, à savoir que la multiplication de la récompense pour la bonne action ne s'arrête pas à sept cents multiples. Abû Al-Hasan Al-Mâwardî, le Cadi suprême, rapporte d'après certains ulémas que la multiplication de la récompense des bonnes actions ne dépasse pas sept cents multiples. Or, ceci est faux, d'après le hadith.