Devenir une clé du bien ? Al-Badr

Celui à qui on a ouvert une porte parmi celles du bien, ne doit pas mépriser ce qui a été facilité à autrui comme autre porte.

En effet, lorsque l'on t'ouvre une des portes du bien comme par exemple la prière et que tu es facilité pour celle-ci, ou pour le jeûne surérogatoire, ou bien encore que tu sois facilité pour certaines autres oeuvres du bien et de piété, ne méprises donc surtout pas les portes du bien qui ont été ouverte aux autres.

S'il t'a été facilité le jeûne, il a certes été facilité à autrui d'être au service de l'Islam et de belles oeuvres.

Ainsi, il se peut que tu perçoives ces oeuvres comme étant minimes face à tes prières surérogatoires, tes jeûnes, ou encore tes aumônes. Cependant, il est possible que les oeuvres de l'autre soient plus considérables et plus grandes auprès d'Allah (Exalté soit-Il).

Ce qu'il faut retenir, celui à qui on a ouvert une porte du bien, qu'il ne méprise aucune porte de celui-c présente chez les autres, tu es sur un bien tout comme lui, donc ne méprises rien du bien ayant été facilité à autrui.

Certaines personnes, et ce problème est présent chez beaucoup d'entre nous, lorsqu'on leur facilite d'accomplir un acte d'obéissance parmi d'autres, comme par exemple le jeûne ou la prière surérogatoire, puis qu'ils voient par la suite autrui qui n'oeuvre pas de la sorte, alors il se peut qu'ils ressentent un sentiment de mépris envers lui. Néanmoins, il est probable que cette autre personne ait des oeuvres très honorables entre lui et Allah (Exalté soit-Il), et qu'elles soient plus considérables encore que les obéissances restreintes à celui les ayant accomplit.

En effet, il y a des actes d'obéissance dont le profit est général (*) et d'autres dont le bien est restreint à celui qui l'accomplit. Voilà donc pourquoi l'individu ne doit rien mépriser du bien.

D'autre part, parmi les bonnes anecdotes que l'on rapporte à ce sujet, il y a le joli récit portant sur ce qui s'est déroulé entre l'imam Malik Ibn Anas (qu'Allah l'agrée) et un serviteur dévoué dans l'adoration, ce récit qui a été évoqué tout d'abord par Ibn Abd Al-Barr dans son livre At-Tamhîd 7/158, puis également Adh-Dhahabî d'après lui dans son livre intitulé Siyar A'lam An-Nubalâ 8/114, celui-ci étant que Abd Allah Ibn Abdil-Azîz Al-Umarî, le serviteur dévoué dans l'adoration d'Allah, a écrit à l'imam Malik l'incitant aux oeuvres, à s'isoler et à préférer cela plutôt qu'au fait qu'on se rassemble auprès de lui dans le but du savoir.

Malik lui répondit donc en écrivant :

" Allah le Très Haut a certes réparti les oeuvres comme il a réparti les subsistances, et il se peut alors qu'on ait facilité un homme dans la prière surérogatoire mais qu'on ne lui facilite pas pour autant dans le jeûne surérogatoire, tout comme il est possible qu'on ait facilité à un autre l'aumône mais pas le jeûne, puis à un autre le combat dans le sentier d'Allah et non dans la prière surérogatoire et pour ce qui est de répandre le savoir et l'enseigner, cela fait partie des meilleures oeuvres de piété et j'ai certes agréé ce qu'Allah (Exalté soit-Il) m'a facilité comme oeuvres. De plus, je ne pense pas être inférieur à toi, ainsi j'espère que nous soyons tous deux sur le bien et il est obligatoire à chacun de nous d'être satisfait de ce qu'on lui a destiné, sur ce, paix et salutation ".

- Fin de citation -

Regarde bien la parole de ce savant : " Ainsi j'espère que nous soyons tous deux sur le bien ", et il n'a pas dit : " Toi tu ne comprends rien " ou bien " Toi tu n'as pas le savoir dont je dispose et tu m'es inférieur " ; bien au contraire, il lui adressa plutôt de belles paroles avec modestie en concluant par : " Ainsi j'espère que nous soyons tous deux sur le bien ", donc je suis sur un bien et toi aussi, cependant je vois que le bien sur lequel je suis est plus considérable, car certes, son profit s'étend aux autres, ce qui est différent du serviteur dévoué dans l'adoration dont le bien est restreint à sa personne.

Voilà pourquoi le Prophète (Salla allahu 'alayhi wa salam) dit dans le hadith d'après Abû Hurayra (qu'Allah l'agrée) :

" Le mérite du savant face à celui du serviteur dévoué est comparable à celui de la lune face au reste des étoiles ".

(Rapporté par Ahmad et d'autres)

Extrait du livre : "Comment devenir un clef du bien ?" par Abd Ar-Razzaq Al-Badr

(*) C'est à dire que le profit de celui-ci s'étend aux autres, c'est le cas par exemple de celui qui invoque en bien pour le gouverneur musulman comme le faisaient de nombreux pieux prédécesseurs, ce bien toucherait ainsi toute la communauté si Allah répondait à cette invocation.