Sahîh Al-Bukhârî & Muslim

D'après Qatâda, Anas Ibn Mâlik (qu'Allah l'agrée) nous rapporte que le Messager d'Allah (Salla allahu 'alayhi wa salam) a dit :

" Lorsque le serviteur est posé dans sa tombe et que ses compagnons le quittent, il entend le bruit de leurs sandales ".

Il ajoute : " Deux Anges se présente à lui et le font asseoir ".

Ils lui demandent alors : " Que disais-tu au sujet de cet homme ? "

Quant au croyant, il répondra : " J'atteste qu'il est le serviteur d'Allah et Son Messager ".

On lui dira alors : " Regarde ta place en Enfer ! Allah te l'a échangée contre une place au Paradis ".

Le Messager d'Allah (Salla allahu 'alayhi wa salam) déclare : " Il les verra alors toutes les deux ".

(Rapporté par Muslim)

Qatâda dit :

" On nous a mentionné qu'on élargira sa tombe de soixante dix coudées et qu'on la lui remplira de verdure jusqu'au Jour où ils seront ressuscités ".

(Rapporté par Bukhâri)

Abd Allah Ibn Shaqîq, d'après Abû Hurayra (qu'Allah l'agrée) dit :

" Lorsque l'âme du croyant sort, elle est accueillie par deux Anges qui le font monter ".

Hammâd dit d'après Abû Hurayra :

" Le Prophète (Salla allahu 'alayhi wa salam) évoqua son odeur agréable et mentionna le musc ".

(Rapporté par Muslim)

Thâbit nous rapporte d'Après Anas Ibn Mâlik (qu'Allah l'agrée) :

" Nous étions avec Umar entre la Mecque et Médine et nous cherchions le croissant de lune. J'étais un homme à la vue perçante, donc je l'aperçus. Personne d'autre que moi n'affirma l'avoir vu. Je me mis à dire à Umar : " Ne le vois-tu pas ? " Ne le voyant pas, il répondit : " Je le verrai quand je serai allongé dans mon lit ". Puis, il commença à nous parler des gens de Badr et dit : " La veille de la bataille, le Messager d'Allah (Salla allahu 'alayhi wa salam) nous désignait les endroits où les tués  de Badr [par les polythéistes] allaient tomber en disant : " Voici où untel mourra demain, s'il plaît à Allah ".

Umar déclara : " Par Celui qui l'a envoyé avec la vérité ! Ils n'ont pas dévié des limites que le Messager d'Allah (Salla allahu 'alayhi wa salam) avait désignées. On les mit ensuite dans un puits, les uns sur les autres ".

Le Messager d'Allah (Salla allahu 'alayhi wa salam) partit les voir et dit : " Ô untel, fils d'untel ! Ô untel, fils d'untel ! Avez-vous trouvé vraie la promesse qu'Allah et Son Messager vous ont faite ? Pour ma part, j'ai trouvé vrai ce qu'Allah m'a promis ".

Umar dit : " Ô Messager d'Allah ! Comment parles-tu à des corps sans âmes ? "

Il répondit : " Vous n'entendez pas mieux qu'eux mes propos, sauf qu'ils ne peuvent rien me répondre ".

(Rapporté par Muslim)

D'après Thâbit Al-Bunânî, d'après Anas Ibn Mâlik (qu'Allah l'agrée) :

" Le Messager d'Allah (Salla allahu 'alayhi wa salam) laissa les morts de Badr durant trois jours. Puis, il vint les voir, se tint devant eux et les interpella : " Ô Abû Jahl Ibn Hishâm ! Ô Umayya Ibn Khalaf ! Ô Utba Ibn Rabî'a ! Ô Shayba Ibn Rabî'a ! N'avez-vous pas trouvé vraie la promesse que votre Seigneur a faite ? Pour ma part, j'ai trouvé vrai ce que mon Seigneur m'a promis ".

Umar entendit les propos du Prophète (Salla allahu 'alayhi wa salam) et demanda : " Ô Messager d'Allah ! Comment pourraient-ils entendre et comment pourraient-ils répondre alors qu'ils sont des cadavres ? "

Le Prophète (Salla allahu 'alayhi wa salam) répondit : " Par Celui qui détient mon âme dans Sa Main ! Vous n'entendez pas mieux qu'eux les propos que je tiens, sauf qu'ils ne peuvent pas répondre ".

Puis, il ordonna qu'on les traîne et qu'on les jette dans le puits de Badr ".

(Rapporté par Muslim)

D'après Anas (qu'Allah l'agrée), le Prophète (Salla allahu 'alayhi wa salam) a dit :

" Lorsque l'adorateur d'Allah a été mis dans son tombeau, que ses amis s'éloignent et retournent chez eux, et alors qu'il entend encore le craquement de leurs sandales, deux Anges se rendent auprès de lui, le font mettre sur son séant et lui posent la question suivante : " Que disais-tu de cet homme, Muhammad ? Je déclarais, répondra t-il qu'il est l'adorateur et le Messager d'Allah ".

Alors, les Anges lui diront : " Regarde la place que tu aurais occupée en Enfer ! Allah en échange t'en a donnée une autre en Paradis. Et l'homme verra ces deux places ".

Quant au mécréant ou à l'hypocrite, il répondra à la question posée : " Je ne sais pas, je répétais ce que tout le monde disait ".

Alors, on dira à cet homme : " Tu n'as rien su, tu n'as donc rien lu ? "

Et les Anges le frapperont une seule fois avec un maillet de fer entre les deux oreilles. L'homme poussera un tel cri que tout le voisinage l'entendra, sauf les hommes et les djinns ".

(Rapporté par Bukhâri)

L'opinion sunnite affirme le supplice de la tombe. Les preuves le confirmant sont multiples, aussi bien dans le Coran que dans la Sunna.

En effet, Allah (Exalté soit-Il) dit :

" Le Feu, auquel ils sont exposés matin et soir ".

(Coran 40:46)

De même, les hadiths authentiques le prouvant sont multiples  et transmis par un groupe de Compagnons à plusieurs occasions. En plus, il n'est rationnellement pas impossible qu'Allah (Exalté soit-Il) remette en vie un partie du corps pour le supplicier. Ainsi, le supplice de la tombe n'étant pas impossible rationnellement et étant établi scripturairement, il s'avère obligatoire de l'admettre et d'y croire.

Muslim mentionne de nombreux hadiths établissant le supplice de la tombe, la perception par le Prophète (Salla allahu 'alayhi wa salam) des voix de ceux qui y sont suppliciés, la perception par les morts du bruit des pas du cortège funèbre les quittant après l'enterrement, le fait que le Prophète (Salla allahu 'alayhi wa salam) avait parlé aux polythéistes tués qui se trouvaient dans le puits et sa déclaration à ses Compagnons : " Vous n'entendez certes pas mieux qu'eux ce que je leur dis ", l'interrogatoire auquel le mort est soumis par les deux Anges Munkar et Nakîr qui le font s'asseoir dans sa tombe, la réponse du mort à leurs questions, l'élargissement de la tombe pour le mort et la présentation au mort de sa place qui lui est réservée au Paradis ou en Enfer matin et soir.

Ce qui est supplicié, selon l'opinion sunnite, c'est le corps en totalité ou en partie, après avoir rendu l'âme dans sa totalité ou dans une certaine partie. Muhammad Ibn Jarîr et Abd Allah Ibn Karrâm soutiennent avec un groupe, un avis contraire disant : qu'il n'est pas nécessaire d'y rendre l'âme. Nous répliquons que leurs avis est nul, car la douleur et les sensations sont le propre des vivants et que la décomposition ou la désintégration du corps, tel qu'on le constate dans la réalité, n'empêche pas la réalité du supplice de la tombe, même si le cadavre est dévoré par des fauves ou les poissons, etc.

Etant donné qu'Allah (Exalté soit-Il) le reconstitue pour le Rassemblement du Jugement dernier, puisqu'Il en a le pouvoir, Il est également capable de rendre la vie à une ou plusieurs parties, voire à la totalité du corps, après sa désagrégation. Si l'on dit : On constate que le mort reste inerte dans sa tombe, comment donc serait-il soumis à l'interrogatoire, redressé en position assise et frappé par des marteaux de fer sans qu'on ne constate la moindre trace de tout cela ?

En réponse, cela n'est pas impossible, puisqu'il y a un cas similaire dans la réalité, à savoir le dormeur qui trouve pendant son sommeil, le plaisir et la douleur sans que nous ne puissions le constater. C'est aussi un fait que l'homme en état de veille sent le plaisir et la douleur en raison de ce qu'il entend ou de ce qu'il pense, sans que son voisin ne s'en rende compte.

En outre, Jibrîl ('alayhi salam) venait trouver le Prophète (Salla allahu 'alayhi wa salam) et lui transmettait la révélation, sans que les présents ne le perçoivent. Tout cela étant clair à l'évidence.

Quant au redressement du mort en position assise mentionné dans le hadith, il est probable qu'il concerne uniquement le mort enterré à l'exclusion des morts dévorés par les fauves ou les poissons, etc. Quant au fait qu'il est frappé par un maillet, il n'est pas inconcevable qu'on lui élargisse sa tombe pour l'y asseoir et qu'ensuite, il sera frappé. Allah est l'Omniscient.