L'Histoire Concise de l'Islam

Le premier à entrer en Andalousie parmi les Musulmans dans le cadre du Jihad est Tarîq le berbère, l'esclave affranchi de Mûsâ Ibn Nasayr. Celui-ci y est entré avec l'assistance du gouverneur de Sabta Yiliane le chrétien qui éprouvait une grande haine pour le roi d'Andalousie de l'époque, Rodéric le roi de Goths.

En effet, Tarîq est parti à la conquête de l'île à la tête de 100 cavaliers et 400 fantassins. Il traversa la mer dans 4 embarcations au mois de Ramadan de l'année 91 de l'Hégire, avant d'y retourner victorieux et muni d'un butin considérable. A la suite de cela, le gouverneur du Maghrib Mûsâ Ibn Nusayr envoya son esclave Târiq Ibn Ziyâd pour conquérir l'Andalousie et le fit assister par Yilyâne le gouverneur de Sabta.

On rapporte par ailleurs que la cause principale de la conquête de l'Andalousie est qu'Al-Walîd Ibn Abd Al-Malik le calife Omeyyade avait nommé Mûsâ Ibn Nasayr, l'esclave affranchi de son oncle Abd Al-Azîz, en tant que gouverneur de l'Afrique en l'an 88. Celui-ci partit à la tête d'un petit groupe de volontaires. Lorsqu'il arriva en Egypte, il prit avec lui nombre de ses soldats ; il fit de même en Afrique, puis il donna le commandement de son avant garde à son esclave affranchi Târiq. Il ne cessa de combattre les Berbères et de conquérir leurs villes jusqu'à ce qu'il arrive à la ville de Tanger, leur capitale, qui assiégea avant de la conquérir. Ses habitants se convertirent à l'Islam.

Un dessin animé en arabe, sans musique, pour les enfants [mais pas uniquement !], sur l'histoire de la Conquête de l'Andalousie par Târiq Ibn Ziyâd.

Certains historiens disent que le roi d'Andalousie Rodéric a nommé comme gouverneur de cette région un homme du nom de Tudmîr ; c'est à lui qu'est attribué l'appellation " Tudmîr Al-Andaloûs ". Lorsque Târiq descendit de Gibraltar, Tudmîr envoya un message à Rodéric dans lequel il lui dit que des gens viennent d'arriver dans notre pays et nous ne savons pas s'ils viennent du ciel ou de la terre. A la suite de cela, Rodéric qui se trouvait dans certaines régions où il guerroyait contre ses ennemis, retourna dans son royaume à la tête de 70 000 cavaliers.

Lorsque Târiq apprit son arrivée, il s'adressa à ses hommes et les incita à faire le Jihad en leur disant : " Ô gens, par où fuir ? La mer est derrière vous et l'ennemi devant ! Or, vous n'avez rien par Allah à part la sincérité et la patience ! Sachez que vous êtes sur cette île plus perdus que des orphelins dans un banquet de dépravés. Votre ennemi vous attend avec son armée et ses armes ; ses provisions sont disponibles alors que vous n'avez d'autre refuge que vos épées et que nous n'avez d'autres provisions que ce que vous prendrez des mains de vos ennemis. Si vous n'arrivez à aucun but dans ce pays votre souvenir disparaîtra ! Aussi, éloignez de vous ce funeste sort en combattant ce tyran de Rodéric. Sa ville fortifiée vous l'envoie et vous pouvez profiter de cette occasion si vous affrontez la mort ".

Lorsque Târiq eut finit d'inciter ses soldats à la patience dans le combat contre Rodéric et ses soldats, ceux-ci se fortifièrent et firent preuve d'enthousiasme et de fermeté. Ils lui répondirent : " Nous avons coupé tout espoir de revenir en arrière ! Avance et nous serons avec toi ". Le lendemain matin, les deux armées furent en face l'une de l'autre. Rodéric fut porté sur son trône, montrant son arrogance et son ostentation, la tête protégée par un portique en brocart, entouré d'emblèmes et d'étendards.

Quant à Târiq et ses compagnons, ils portaient des cottes de mailles et leurs têtes étaient entourées de turbans blancs. Ils brandissaient leurs épées ou tenaient leurs lances. En les voyant ainsi, Rodéric dit : " C'est cette scène que nous avons vue dans la maison de la sagesse de notre pays ", c'est à dire dans la maison de la sagesse grecque. Il fut rempli de terreur à leur vue.

Lorsque Târiq vit Rodéric, il s'écria : " Voici le tyran de son peuple ! " Il se rua sur l'ennemi, suivi de ses soldats ; les gardes de Rodéric se dispersèrent, ce qui permit à Târiq d'arriver jusqu'à celui-ci et de le frapper d'un coup d'épée sur la tête le tuant sur son trône.

Ensuite, ce fut la ruée général et Allah accorda la victoire aux Musulmans ; quant aux polythéistes, ils prirent la fuite, défaits et humiliés, poursuivis par les Musulmans qui conquièrent les villes l'une après l'autre.

On rapporte que Mûsâ Ibn Nasayr éprouva du ressentiment à l'égard de son esclave affranchi Târiq pour être parti en Andalousie sans sa permission. Par la suite, il reçut un message de la part de Al-Walîd le calife des Omeyyade qui lui ordonnait de le relâcher. Il lui rendit sa liberté et partit en sa compagnie en Syrie. La conquête de l'Andalousie a eu lieu sous le califat d'Al-Walid Ibn Abd Al-Malik. Sa conquête fut une des plus grandes conquêtes de l'Islam.

Le calife bien guidé Umar Ibn And Al-Azîz était intéressé au plus haut point par ce pays ; il en fit un gouvernorat autonome de celui de l'Afrique et y nomma lui-même un gouverneur. Mûsâ finit par se réconcilier avec Târiq et le confirma à son poste de commandant. Il marcha derrière lui à la tête de son armée et arriva jusqu'à la ville de Saragosse qu'il conquit avec tous ses alentours.

L'armée Musulmane continua sa marche et ses victoires, faisant un butin considérable. Allah jeta l'épouvante dans les coeurs des polythéistes qui s'empressaient de signer des accords de paix. Toute l'Andalousie finit par entrée sous la bannière de l'Islam.

L'armée Musulmane sous la direction de Târiq continua jusqu'en France où elle fit des conquêtes et prit un grand butin. Elle prit ensuite tour à tour Barcelone et Narbonne et ce sous le commandement du grand chef Musulman Târiq Ibn Ziyâd et son émir Mûsâ Ibn Nusayr, ce chef téméraire qui mit en déroute les rois Chrétiens.

Les Francs finirent par se réunir avec leur grand roi Charlemagne et lui dirent : " Qu'est-ce que cette honte qui va se perpétuer dans toutes les générations ? Nous entions parler des Arabes et nous craignions leur arrivée du côté de l'Orient, mais voilà qu'ils viennent à nous du côté de l'Occident et réussissent à conquérir l'Andalousie et tout ce qu'elle contient avec leur petit nombre et leur manque d'armes ! " - " A mon avis, leur répondit-il, il faut pas essayer de les arrêter dans leur expansion, car ils sont comme le torrent qui charrie tout ce qu'il trouve sur son chemin. Ils sont animés par des idéaux plus forts que le nombre et les boucliers. Accordez leur plutôt un délai jusqu'à ce que leurs mains soient pleines de butins et qu'ils s'établissent dans des demeures et se mettent à se disputer le pouvoir et à comploter les uns contre les autres ! Dès lors, il vous sera facile de les défaire ".

Certes, ce qu'avait prédit ce roi au sujet des Musulmans s'est réalisé réellement, puisque les séditions sont apparues entre les Syriens et les autochtones, entre les Berbères et les Arabes, et entre les Mudar et les Yéménites, au point où certains Musulmans se mirent à faire alliance avec des ennemis contre d'autres Musulmans.

LES HABITANTS MUSULMANS DE L'ANDALOUSIE

Lorsque l'Andalousie fut conquise, certains habitants de la Syrie tournèrent leurs regards vers elle et décidèrent de s'y établir. C'est ainsi que divers groupes ethniques parmi les nobles Arabes et les communs des gens vinrent s'y établir ; il y avait parmi eux des Adnanéens notamment des Quraychites ; quant aux Banû Hâhim, il y avait parmi eux un groupe composé des enfants d'Idrîs Ibn Abd Allah, Ibn Al-Hasan, Ibn Al-Husayn, Ibn Alî, Ibn Abî Tâlib.

Concernant les Banû Umayya, il y avait parmi eux les califes d'Andalousie ; on les appelait les Qurachiyyne. Ils finirent par cacher leur généalogie lorsque les gens se détournèrent d'eux et leur rappelèrent leurs agissements à l'encontre d'Al-Husayn (qu'Allah l'agrée). Il y avait aussi en Andalousie ceux qui faisaient remonter leur généalogie à Djumh le chef des Banû Abd Addâr. En outre, de nombreux Quraychites sont connus sous le nom de Fihrîyyîne parmi les enfants de Muhârib Ibn Fihr, dont Abd Al-Malik Ibn Qatn le sultan d'Andalousie. Quant aux Qahtaniyya, ils appartiennent aux fils d'Ismaël, voire de Hûd, selon une autre version. Ils sont connus sous le nom de Yamâniyya. Il y eut souvent entre eux et les Mudariyya ainsi que l'ensemble des Adnâniyya des guerres en Andalousie, comme cela se passait entre eux en Orient. Il y avait aussi une partie des Ansârs à Tolède ; ils formaient la plus grande des tribus d'Andalousie à l'Est et à l'Ouest. Parmi les Khazraj, il y avait Abû Bakr, Ubâda Ibn Allah parmi les fils de Sa'd Ibn Ubâda le compagnon du Messager d'Allah ﷺ.

Il est célèbre pur ses Muwachahât poèmes aragonais d'Andalousie. C'est de Qays Ibn Sa'd Ibn Ubâda que les Banû Al-Ahmar, les sultants de Grenade, tirent leur origine. Il y avait parmi eux Lisan Al-Dîn Ibn Al-Khatîb un de leurs ministres. Le dernier des califes andalous fut un des leurs, avant que l'ennemi ne s'empare de toute l'île.