Avoir besoin d'Allah

• Deuxième raison : L'acceptation des oeuvres n'a lieu que par bienfait et miséricorde d'Allah (Exalté soit-Il)

C'est la raison pour laquelle le Messager d'Allah (Salla allahu 'alayhi wa sallam) a dit :

" Par Allah, je ne sais pas, moi qui suis le Messager d'Allah, ce qu'on fera de moi et de vous ".

(Rapporté par Bukhâri 1243/7018)

Si telle est la situation du maître des descendants d'Adam ('alayhi salam), qu'en est-il pour les autres ?!

Quiconque lit la parole du Prophète (Salla allahu 'alayhi wa sallam) :

" Aucun de vous ne sera sauvé par ses oeuvres ".

" Pas même toi, ô Messager d'Allah ! " s'exclamèrent les Compagnons.

Alors le Prophète (Salla allahu 'alayhi wa sallam) répondit :

" Pas même moi, à moins qu'Allah me couvre de Sa miséricorde ".

(Rapporté par Bukhâri 6463 et Muslim 2816)

Reconnaîtra avec certitude sa faiblesse et son impuissance, se remplira d’humilité et d’indigence envers son Seigneur (Exalté soit-Il). Il ne se montrera pas arrogant, ne glorifiera nullement sa personne et ne se vantera point de ses efforts ni de ses actes.

L’imam Ibn Al-Qayyim (qu'Allah lui fasse miséricorde) dans son ouvrage Madârij As-Sâlikîn a dit :

" Ô serviteur, chaque fois que tu prendras conscience de la réalité de la seigneurie d’Allah et de Son droit divin exclusif, que tu connaîtras Allah puis ta propre valeur, et que tu te rendras compte que les marchandises [tes oeuvres] que tu apportes ne conviennent pas au Roi Véridique, fussent-elles aussi nombreuses que celle des êtres humains et des djinns, tu craindras alors l’issue réservée à ces oeuvres.

En effet, Allah accepte ces oeuvres uniquement par générosité, bonté et bienveillance de Sa part et c'est pour ces mêmes raisons qu'Il les récompense ".

- Fin de citation -

En somme, chaque fois que le serviteur ressent cette réalité, la grandeur du Créateur (Exalté soit-Il) lui apparaît clairement et il finit par connaître la valeur de sa personne.

Effectivement, c'est ainsi que le Prophète (Salla allahu 'alayhi wa sallam) a éduqués ses Compagnons. Prenons par exemple, le plus estimé et le plus digne des Compagnons : Abû Bakr le Véridique (As-Siddîq). Un jour, il demanda au Prophète (Salla allahu 'alayhi wa sallam) :

" Enseigne-moi une invocation avec laquelle j'invoquerai pendant ma prière ".

Le Prophète (Salla allahu 'alayhi wa sallam), bien qu'il était celui qui connaissait le mieux son Compagnon, lui dit :

Dis : " Ô Allah ! J’ai été grandement injuste envers moi-même mais nul autre que Toi ne pardonne les péchés. Accorde-moi donc un pardon de Ta part et fais-moi miséricorde, tu es certes le Pardonneur, le Très Miséricordieux ".

(Rapporté par Bukhâri 834 et Muslim 2075)

De toute évidence, c’est une éducation divine qui empêche le serviteur de s’enorgueillir, le rend continuellement conscient de sa dépendance envers son Seigneur et le fait incessamment s’abandonner devant Lui.

Ainsi, si telle est la recommandation du Prophète (Salla allahu 'alayhi wa sallam) à Abû Bakr (qu'Allah lui fasse miséricorde) qui a fait ses preuves comme guide, homme honorable, valeureux guerrier, défenseur de l’Islam et protecteur du Prophète, alors qu’en est-il de notre situation, nous qui sommes des pécheurs excessifs? Nous demandons à Allah qu’Il nous préserve !

Tu seras peut-être encore plus surpris par le cas de Umar Ibn Al-Khattâb (qu'Allah lui fasse miséricorde) qui craignait d’être parmi les hypocrites alors qu’il est celui qui discerne le bien du mal (Al-Fârûq) et celui à qui le Prophète (Salla allahu 'alayhi wa sallam) a annoncé la bonne nouvelle du Paradis !

Mais tu comprendras que lorsque le serviteur augmente en servitude et en indigence pour son Seigneur, il éprouve d’autant plus de mépris et de peur pour sa propre personne, et dès lors son coeur ♥ se lie fortement à son Seigneur (Exalté soit-Il).

Hasan Al-Basrî a dit : " Seul un [vrai] croyant craint l’hypocrisie, et seul un hypocrite croit en être à l’abri ".

Al-Ja'd Abû Uthmân a dit : " J’ai demandé à Abû Rajâ Al-Utâridî s'il avait pu remarquer chez les Compagnons du Prophète (Salla allahu 'alayhi wa sallam) qu’il avait pu côtoyer à son époque, qu’ils craignaient d’être hypocrites. Alors celui-ci me répondit : " Oui, j’ai côtoyé,par la grâce d’Allah, un grand nombre d’entre eux. Certes, ils craignaient terriblement ! Certes, ils craignaient
terriblement ! ".

(Rapporté par Abû Na'îm dans Hilyat Al-Awliyâ vol.2 p.307)

Ibn Abî Mulaykah  dit : " J’ai côtoyé une trentaine de Compagnons du Prophète (Salla allahu 'alayhi wa sallam) et tous craignaient d'être hypocrites. Aucun d'entre eux ne prétendait avoir la même foi que Jibrîl ou Mîkaîl ".

(Rapporté par Bukhâri 109)

Ibn Hajar (qu'Allah l'agrée) a dit à ce sujet : " Les Compagnons
que Ibn Abî Mulayka a côtoyés sont parmi les plus valeureux. On retrouve parmi eux Aïcha, sa soeur  Asmâ, Abd Allah Ibn Umar, Abd Ibn Abbâs, Abd Allah Ibn Az-Zubayr, Abd Allah Ibn Amr Al-Âs (ces quatre derniers étaient surnommés  les quatre Abd Allah), Abû Hurayra,Uqbah Ibn Al-Hârith et Al-Miswar Ibn Makhrama.  Ceux-ci  sont ceux desquels il a entendu directement.

Par ailleurs, il a été contemporain de bon nombre  d’entre eux, tels que Ali Ibn Abî Tâlib et Sa'd Ibn Abî Waqqâs, et a assuré qu’ils craignaient d’être hypocrites dans leurs actes. Et puisque aucune divergence n’a été rapportée à ce sujet, cet avis est considéré comme un consensus.

En effet, il se peut que le croyant croie voir dans son acte une chose qui s’oppose à la sincérité. Mais le fait de craindre une telle chose n’implique pas nécessairement qu’elle ait lieu. En réalité, cela démontre le degré extrême de scrupules et de crainte qu’ils avaient atteint ".

(Fath Al-Bârî vol.1 p. 110-111)

Ibn Rajab (qu'Allah l'agrée) le Hanbalite a dit : " Les Compagnons du Prophète (Salla allahu 'alayhi wa sallam)] et les vertueux qui leur ont succédé craignaient réellement que l’hypocrisie ne les touche. Ils étaient frappés d’effroi et d’inquiétude  profondes à ce sujet.

En effet, le croyant craint pour sa propre personne l’hypocrisie mineure. Et il craint que celle-ci prenne le dessus sur lui au moment de la mort pour l’amener à l’hypocrisie majeure (celle qui fait sortir de l'Islam) ". Et comme mentionné auparavant, les vices cachés entrainent inéluctablement une mauvaise et misérable fin ".

(Jâmi Al-Ulûm wa Al-Hikam vol.1 p.117)