Les Assises du mois de Ramadan-Uthaymin

Mes chers frères et sœurs, Allah dit :

" Maintenant, cohabitez donc avec elles (vos épouses) et cherchez ce qu'Allah a prescrit en votre faveur : mangez et buvez jusqu'à ce que se distingue, pour vous, le fil blanc de l'aube du fil noir de la nuit.

Puis accomplissez le jeûne jusqu'à la nuit ".

(Coran 2:187)

Dans ce noble verset, Allah a cité les principaux actes qui annulent le jeûne et le Prophète ﷺ a évoqué les autres dans la Sunna.

LES ACTES ANNULATIFS DU JEÛNE SONT DE SEPT CATÉGORIES :

1 - Les rapports conjugaux qui se manifestent par la pénétration lorsque le sexe de l'homme entre dans celui de la femme. C'est le plus grave et le péché le plus conséquent.  Le jeûne de celui qui le fait est annulé, qu'il soit obligatoire ou facultatif. S'il le commet lors d'une journée de jeûne obligatoire, alors qu'il est tenu de jeûner, il devra le rattraper et s'acquitter d'une expiation très lourde.

En effet, il devra affranchir un esclave. S'il n'en trouve pas, il devra jeûner deux mois consécutifs sans s'arrêter, à moins qu'il ait une excuse valable comme l'arrivée de deux jours du Aïd, les trois jours qui suivent l'Aïd Al-Adha, la maladie, le voyage (à condition qu'il ne voyage pas pour rompre son jeûne). S'il interrompt son jeûne sans raison valable, ne serait-ce qu'un seul jour, il devra recommencer cette expiation du début afin que se réalise le suivi ininterrompu de ces deux mois. S'il est incapable de jeûner une telle période, il devra alors nourrir soixante pauvres, en donnant à chacun d'entre eux la quantité égal à un kilo et dix grammes de froment ou de riz, ou toute autre nourriture, en respectant le poids correspondant.

Abû Hurayra (qu'Allah soit satisfait de lui) rapporte qu'un homme vint dire au Prophète ﷺ :

" L'infâme que je suis, j'ai approché ma femme en plein jour de Ramadan ! " Affranchis une esclave ! lui dit le Prophète ﷺ . - Je n'ai pas de quoi, répondit l'homme. - Alors du dois jeûner deux mois successifs. - Je ne peux pas, répondit encore l'homme. - Alors tu dois nourrir soixante pauvres, lui dit le Prophète ﷺ " .

(Rapporté par Bukhâri 6087 et Muslim 1111)

2 - L'éjaculation provoquée suite à un baiser, une caresse, la masturbation ou autre. Car elle fait partie du désir qu'il est nécessaire d'abandonner pour que le jeûne soit valable.

Dans un hadith qudusî, Allah le Très Haut a dit :

" L'homme se prive de manger et de boire et résiste à ses plaisirs charnels pour Moi ".

(Rapporté par Bukhâri 1894)

En revanche, les baisers et les caresses qui ne provoquent pas l'éjaculation n'annulent pas le jeûne. En effet, Aïcha la mère des croyants (qu'Allah soit satisfait d'elle) rapporte :

" Le Prophète ﷺ embrassait sa femme en période de jeûne et la caressait, mais il maîtrisait son instinct sexuel mieux que vous ".

(Rapporté par Bukhâri 1927 et Muslim 1106)

Umar Ibn Abî Salama (qu'Allah l'agrée) demanda au Prophète ﷺ  :

" Est-ce que le jeûneur peut embrasser sa femme ? "

Il lui dit : " Demande lui à elle (Umm Salama) ".Elle lui dit que le Prophète ﷺ le faisait.

Le Prophète ﷺ dit en suite : " Par Allah ! Je suis parmi vous, celui qui Le craint le plus ".

(Rapporté par Muslim 1108)

Par contre, si le jeûneur craint d'éjaculer suite aux baisers ou aux caresses, ou que ceux-ci ne l'amènent à avoir des rapports car il est incapable de se maîtriser, alors tout ceci lui est interdit par précaution et afin qu'il préserve son jeûne.

De la même manière, le Prophète ﷺ a ordonné à celui qui fait les ablutions d'aspirer vigoureusement l'eau avec son nez, à moins qu'il ne soit en état de jeûne de peur que l'eau ne descende dans son estomac.

Quant à l'éjaculation qui survient pendant un rêve, ou suite à des pensées qui ne sont pas accompagnées d'actes, elle n'a aucune conséquence sur le jeûne, car celui qui rêve n'est pas considéré comme responsable. Les pensées sont excusées par Allah en vertu de la parole du Prophète ﷺ :

" Allah a fait grâce à ma communauté des intentions tant qu'elles ne se seront pas traduites en actes ou en propos ".

(Rapporté par Bukhâri 5269 et Muslim 127)

3 - Mangez ou boire, en introduisant de la nourriture dans sa bouche ou son nez, pour arriver à l'estomac quelle que soit la nature du produit consommé. Ce, en vertu de la Parole d'Allah :

" Mangez et buvez jusqu'à ce que se distingue, pour vous, le fil blanc de l'aube du fil noir de la nuit ".

(Coran 2:187)

Les gouttes nasales sont considérées comme de la nourriture ou de la boisson, en vertu du hadith de Laqît Ibn Sabira auquel le Prophète ﷺ a dit :

" Aspire l'eau vigoureusement avec ton nez, à moins que tu ne sois en état de jeûne ".

(Rapporté par Abû Dawûd 2366 et d'autres et authentifié par Albani)

4 - Tout ce qui remplace la nourriture et la boisson.

Ces substituts sont de deux sortes :

A) Les perfusions sanguines. Admettons que le jeûneur soit victime d'une hémorragie et qu'il subisse une perfusion sanguine, dans ce cas là son jeûne sera nul, car elle se substitue à la nourriture et à la boisson.

L'auteur dit : " Dans le passé j'adoptais cet avis. Puis j'ai compris que la perfusion sanguine n'annulait pas le jeûne, car elle ne peut être assimilée à de la nourriture ou de la boisson. A la base, le jeûne ne peut être altéré que par un acte sur lequel il n'y a pas le moindre doute. Et la règle connue stipule que la certitude ne peut disparaître au profit du doute ".

B) Les piqûres nutritives qui remplacent la nourriture et la boisson. Même si elles ne sont pas de la nourriture réelles, elles s'y substituent et elle ont donc le même jugement.

Quant aux autres piqûres ou vaccins, ils n'annulent pas le jeûne, qu'elles soient faites dans les muscles ou dans les veines et que les effets soient ressentis dans sa gorge, car elles ne peuvent être assimilées à la nourriture et la boisson. En ressentir le goût ou l'odeur dans la gorge n'a aucune incidence sur la validité du jeûne. C'est pour cela que nos jurisconsultes disent : Si quelqu'un se parfume les pieds avec de la coloquinte et qu'il en ressent le goût ou l'odeur dans sa gorge, son jeûne ne serait pas annulé pour autant.

Cheikh Al-Islam Ibn Taymiyya (qu'Allah lui fasse miséricorde), a dit dans son épître " La réalité du jeûne " : " Aucune preuve n'indique que les actes annulatifs du jeûne établis par Allah et Son Messager altèrent le jeûne s'ils arrivent au cerveau ou rentrent dans le corps par un orifice, une cavité ou autre. Ceux qui disent le contraire basent leurs avis sur ce qu'ils estiment être le jugement d'Allah et de Son Messager. Si aucun argument ne vient étayer l'attribution de ce jugement à Allah et Son Messager, alors affirmer que telle ou telle action annule le jeûne reviendrait à dire : Allah et Son Messager ont décidé que telle ou telle action sont des actes annulatifs du jeûne. Et cela n'est rien d'autre que parler sur la religion sans science ".

- Fin de citation -