Comment Effacer les péchés ?

Mu'âdh Ibn Jabal (qu'Allah soit satisfait de lui) rapporte : Un jour le Messager d'Allah ﷺ était en retard pour venir diriger pour nous la prière obligatoire de l'aube au point que nous fûmes sur le point de voir apparaître le disque du soleil. Puis le Messager d'Allah ﷺ est venu vers nous en se hâtant et il a ordonné qu'on fasse le petit appel à la prière, qu'il dirigea brièvement. Une fois ses salutations finales prononcées, il nous dit avant de venir vers nous :

" Gardez vos places ! "

Puis il ajouta ceci : " Je vais vous dire ce qui m'a empêché de venir diriger pour vous la prière de l'aube. Je suis resté debout la nuit pour autant qu'il m'a été permis de le faire. Je me suis alors endormi profondément dans ma prière et j'ai vu mon Seigneur (Exalté soit-Il) dans la plus belle des formes. Il m'a dit : " Ô Muhammad ! Sais-tu à propos de quoi discutent les habitants du Plérôme céleste ? " J'ai dit : " Je ne sais pas ô mon Seigneur ! " Il m'a dit : " Ô Muhammad ! A propos de quoi les habitants du plérôme céleste discutent-ils ? " J'ai dit : " Je ne sais pas ô Seigneur ! " Et j'ai vu qu'Il mit Sa paume entre mes épaules au point que j'ai senti la fraîcheur du bout de Ses doigts dans ma poitrine. Tout se révéla alors à moi et j'ai su. Il m'a dit : " Ô Muhammad ! A propos de quoi les habitants du Plérôme céleste discutent-ils ? " J'ai répondu : " A propos des expiations (Al-Kaffarat) et des degrés (Al-Darajat).

Il a dit : " En quoi consistent les expiations ? "

J'ai répondu : " Cela consiste à déplacer les pas pour les prières du vendredi, à s'asseoir dans les mosquées après les prières et à parfaire les ablutions mineures malgré les désagréments ".

Il a dit : " En quoi consiste les degrés ? "

J'ai répondu : " C'est d'offrir les repas, de parler gentiment et de prier pendant que les gens sont endormis ".

Il m'a dit : " Faits tes demandes ! "

J'ai dit : " Mon Seigneur ! Je Te demande de me donner de faire le bien, d'éviter tout ce qui est répréhensible, d'aimer les nécessiteux, de me pardonner et de me faire miséricorde. Et si Tu veux imposer une discorde à un peuple, je Te demande de me rappeler à Toi sans subir cette épreuve. Et j'implore Ton amour, l'amour de celui qui T'aime et l'amour de toute œuvre qui me rapproche de Toi ! "

Le Messager d'Allah ﷺ a dit : " Cette invocation est la vérité même. Étudiez-la et apprenez-la.

(Rapporté par Tirmidhî)

Ce hadith nous montre que le Prophète ﷺ n'avait pas l'habitude de retarder la prière de l'aube jusqu'au moment où le soleil est sur le point de se lever, mais qu'il l'accomplissait à la fin de la nuit, au moment où la dernière obscurité commence à s'effacer, même s'il lui arrivait de la faire parfois lorsque la clarté du jour commençait à poindre. C'est pourquoi il s'est excusé auprès de ses compagnons.

On a d'ailleurs dit qu'il n'est pas permis sauf en cas d'excuse majeure, de la retarder jusqu'à ces instants extrêmes et qu'il s'agit d'un temps de nécessité, comme dans le cas du retardement de la prière du 'Asr (la prière de l'après midi) jusqu'à ce que le soleil devienne pâle avant le coucher. L'imam Ahmad (qu'Allah soit satisfait de lui) a dit : " C'est la prière de celui qui commet un excès, car au moment où le soleil est sur le point de se lever (Al-Isfar) la lumière se répand sur la terre ".

Ce hadith montre que celui qui retarde la prière jusqu'au dernier moment pour une bonne raison peut, s'il craint de dépasser l'heure de la prière, l'abréger afin de l'accomplir entièrement dans son temps légal.

Nous savons qu'Abû Bakr (qu'Allah lui fasse miséricorde) a allonger la prière de l'aube en y récitant la sourate Al-Baqara/La Vache. On lui a dit :  Le soleil a failli se lever et il a répondu : S'il s'était levé il ne nous aurait pas trouvés insouciants. Il faut savoir qu'Abû Bakr (qu'Allah lui fasse miséricorde) n'a pas cherché délibérément à attendre le lever du soleil. Il est entré en prière alors qu'il faisait encore nuit noire et il a allongé sa récitation de sorte que si le soleil s'était levé à ce moment là, cela n'aurait pas été une faute car il ne l'avait pas fait exprès. Ceci prouve qu'il estimait que la prière est valable pour celui qui voit le soleil se lever pendant qu'il est en prière conformément à l'attitude du Prophète ﷺ qui a ordonné à celui qui a vu le soleil se lever alors qu'il avait déjà accomplir une rak'at de sa prière de l'aube, d'y ajouter une deuxième rak'at.

De même, dans le hadith que rapporte Mu'âdh, on nous enseigne que celui qui voit un songe de bonne augure qui le réjouit peut le rapporter à ses compagnons et à ceux qui lui sont chers notamment, lorsque ce songe comporte une bonne nouvelle pour eux et un enseignement qui leur soit bénéfique. En effet, lorsque le Prophète ﷺ observait la prière de l'aube, il demandait à ses compagnons : " Est-ce que l'un de vous a vu cette nuit en songe ? " Celui qui somnole au cours de sa prière nocturne au point de voir un songe qui le réjouit, cela constitue une bonne nouvelle pour lui, tout comme l'indique Al-Hassan : " Lorsque le serviteur s'endort pendant qu'il est en prosternation, Allah le magnifie devant les Anges et leur dit : Ô Mes Anges ! Regardez Mon serviteur ! Son corps M'obéit et son esprit est auprès de Moi ! "

Nous avons de plus une indication sur la noblesse du Prophète ﷺ et son statut unique, car il connaît les évènements du ciel, de la terre et les objets des discussions des Anges au ciel, tout comme on a fait voir à Abraham (Paix sur lui) le royaume des cieux. Dans plusieurs hadiths on a rapporté que le Prophète ﷺ a reçu la science de toute chose à l'exception des cinq clés des mystères qu'Allah (Exalté soit-Il) s'est réservé le privilège de connaître. Il s'agit des mystères évoqués dans la Parole d'Allah (Exalté soit-Il) :

" La Science de l'Heure est auprès d'Allah. Il fait descendre l'ondée. Il sait ce que contient le sein des mères. Nul homme ne sait ce qu'il acquerra demain ; nul homme ne sait en quelle terre il mourra. Allah est, en vérité, Celui qui sait ; Il est parfaitement informé ".

(Coran 31:34)

Quant à la façon dont le Prophète ﷺ qualifie son Seigneur (Exalté soit-Il), elle est véridique et il faut y croire et l'accepter, car c'est en fait la qualification qu'Allah (Exalté soit-Il) fait de Lui-même. Il faut donc l'admettre mais aussi nier toute ressemblance avec Lui. Et lorsque le serviteur se trouve, à ce sujet, face à quelque chose d'incompréhensible ou d'ambigu pour lui, il doit dire à propos des versets figuratifs, comme les gens versés dans la science qui ont été loués par Allah (Exalté soit-Il) : " Nous y croyons ! Tout vient de notre Seigneur ! " (Coran 3:7) ; et comme le Prophète ﷺ l'a dit sur le Coran : " Ce que vous en ignorez, confiez-le à Celui qui les sait " (Rapporté par Ahmad et An-Nassa'î). Le serviteur ne doit donc pas imaginer ce qu'il ne sait pas, car on craint pour lui sa perte.

Un jour, Ibn Abbâs (qu'Allah soit satisfait de lui) entendit quelqu'un rapporter un de ces hadiths du Prophète ﷺ. Un homme se dressa pour réfuter ces propos. Ibn Abbâs dit alors : " Pourquoi cette frayeur chez ces gens, ils sont sensibles aux versets clairs et ils se perdent devant les versets figuratifs ! " Les croyants disent, à chaque fois qu'ils entendent de tels propos : C'est ce qui nous est rapporté par Allah et par Son prophète : " Allah et Son prophète disaient la vérité ! Cela n'a fait qu'accroître leur foi et leur soumission " (Coran 33:22).

Dans le hadith du début, on apprend que les habitants du Plérôme céleste, à savoir les Anges ou les plus rapprochés d'entre eux (les chérubins), discutent entre eux des œuvres qui rapprochent les fils d'Adam d'Allah (Exalté soit-Il) et qui permettent d'expier leurs fautes. Du reste Allah a indiqué que ces Anges demandent pardon et font des invocations en faveur des croyants. De même, il est rapporté : " Lorsque Allah aime un serviteur, une voix annonce : J'aime untel, aime le ! Et Jibrîl l'aime. Puis il annonce au ciel : Allah aime untel, aimez le ! et les habitants du ciel l'aiment. Ensuite, on impose son agrément sur la terre ".

De même Abû Hurayra (qu'Allah soit satisfait de lui) a dit : " Lorsque le fils d'Adam meurt, les gens disent : Qu'a t-il laissé derrière lui ? Les Anges disent : " Qu'a t-il apporté ? " Ainsi, les Anges s'enquièrent des œuvres des fils d'Adam et s'en soucient.

Source : Ibn Rajab al-Hanbali