At-Tadhkira - Al-Qurtubî

Il est relaté qu'un prophète demanda à l'Ange de la mort : " N'as-tu pas de messager qui te précède pour que les gens prennent garde de toi ? - Oui, répondit-Il. Par Allah, j'ai de nombreux messagers : les tares, les maladies, les cheveux blancs, les soucis, l'affaiblissement de l'ouïe et de la vue ! Celui qui subit tout cela sans se rappeler et se repentir, je l'interpelle quand je lui prends son âme : " Ne t'ai-je pas envoyé messager après messager et avertissement après avertissement ? Je suis le messager après lequel il n'y a plus de messager et l'avertisseur après lequel il n'y a plus d'avertisseur ! "

Il n'est de jour où le soleil ne se lève et ne se couche où l'Ange de la mort n'appelle : " Vous qui avez quarante ans ! C'est le moment de faire vos provisions ! Votre esprit est conscient et vos membres sont forts et fermes ! Gens de cinquante ans ! Le temps des comptes et de la récolte approche ! Gens de la soixante ans ! Vous avez oublié le châtiment et êtes insouciants du blâme de vos actes ! Vous n'aurez pas alors de soutiens !

" Est-ce qu'on ne vous a pas laissés vivre assez pour que celui qui réfléchit prenne conscience ?

De plus, l'avertisseur vous est venu ".

(Coran 35:37)

Abû Hurayra (qu'Allah soit satisfait de lui) rapporte que le Prophète ﷺ a dit :

" Allah a prévenu toute excuse pour la personne dont il a reculé le terme jusqu'à ce qu'elle ait atteint soixante ans ".

(Rapporté par Bukhâri)

L'absence d'excuse la plus marquante consiste à avoir envoyé des messagers pour que son argument contre eux soit parachevé.

" Et nous n'infligeons pas de châtiment jusqu'à ce que nous envoyions un Messager ".

(Coran 17:15)

De plus, l'avertisseur vous est venu : On a dit que l'avertisseur est le Coran ou bien les Prophètes. D'après Ibn Abbâs, Ikrima, Sufyân on a dit aussi qu'il s'agit des cheveux blancs. Ceux-ci apparaissent en effet à l'âge adulte. C'est le signe que la personne a quitté l'âge de la jeunesse qui est celui de l'insouciance et de la distraction.

On rapporte que l'Ange de la mort entra chez David (que le salut soit sur lui). " Qui-es-tu ? Lui demanda ce dernier.

- Je suis celui n'est pas impressionné par les rois, que les palais n'arrêtent pas et que l'on ne peut soudoyer.

-Alors, tu es l'Ange de la mort !

- Oui.

- Tu es venu alors que je ne puis pas encore prêt.

- Dâwûd ! Où sont untel, ton proche, et untel, ton voisin ?

- Ils sont morts.

- Ceux-là n'étaient-ils pas une leçon pour que tu te prépares ? "

On a dit de même que l'avertisseur est la fièvre. En ce sens, il y a ce hadith : " La fièvre avertit de la mort ". Cela signifie que la fièvre, dit Al-Azharî, est le messager de la mort. Elle fait pressentir son arrivée et avertit de sa venue.

On a dit aussi : L'avertisseur est la mort des proches et des compagnons. C'est l'avertisseur que le grand départ peut avoir lieu à tout moment.

On a dit de même que l'avertisseur est la perfection de la raison qui permet de connaître la réalité des choses et de faire la distinction entre les bonnes et les mauvaises actions.

Ainsi, l'homme de raison est celui qui œuvre pour sa vie dernière et désire ce qui est auprès de son Seigneur.

L'avertisseur et le défaut de toute justification sont proches l'un de l'autre. L'absence d'excuses la plus significative pour les fils d'Adam est qu'Allah leur a envoyé des prophètes. A cela, succèdent l'apparition des cheveux blancs et les autres avertisseurs mentionnés plus haut.

L'âge de soixante ans est la limite excluant toute excuse, car il est proche du trépas. C'est l'âge du repentir, du recueillement, de la soumission à Allah, de l'attente de la mort et de la rencontre d'Allah. Ainsi, il a eu sursis et avertissement après avertissement.

Le premier a été l'envoi du Prophète ﷺ. Le second est l'apparition des cheveux blancs, à l'âge de quarante ans :

" Et arrive à l'âge de quarante ans, il dit : " Seigneur ! Inspire moi de remercier ton bienfait ".

(Coran 46:15)

Le Tout Puissant mentionne ainsi que pour celui qui a atteint quarante ans, le temps est arrivé e savoir la mesure des bienfaits d'Allah pour lui et ses parents et de le remercier.

Mâlik (qu'Allah lui fasse miséricorde) a dit : " J'ai connu les hommes de science dans notre ville (Médine) alors qu'ils s'affairaient pour l'ici bas et fréquentaient les gens. Quand l'un d'eux arrivait à quarante ans, il se détachait de la compagnie des gens ".

Remarquons que ce chapitre est un fondement pour les sursis que les magistrats doivent donner aux prévenus. C'est là une clémence à l'égard des créatures, pour que les jugements soient aussi exécutés avec droit.

On raconte qu'un savant se laissait aller aux délassements et se retirait pour cela dans un son jardin avec ses compagnons. Il n'y autorisait la présence d'aucune personne à part eux. Alors qu'il se trouvait ainsi, il vit un homme passer entre les arbres. Il se mit en colère : " Qui a permis à celui-là d'entrer ? " dit-il. L'homme vint, s'assit devant lui et lui demanda :

- Que dis-tu d'un homme dont il est dûment attesté qu'il est redevable d'une obligation et qui prétend avoir une justification pour ne pas s'en acquitter ?

- Le juge lui accordera un délai, selon ce qu'il appréciera " lui répondit-il.

-  Mais le juge lui avait déjà accordé un délai, sans qu'il apporte d'élément utile pour lui ou ne cesse la contraction.

- Alors, il prononcera le jugement en sa défaveur.

-  Le juge avait montré pour lui de la clémence et lui avait accordé un sursis pendant plus de cinquante ans ".

Le jurisconsulte demeura alors interdit et la sueur coula de son front. L'interrogateur répartit. Le savant sortit ensuite de sa réflexion et s'enquit de l'homme aux questions. Le portier répondit : " Personne n'est entré ou sorti de chez vous ! " Le savant congédia alors ses compagnons et on ne le vit ensuite que dans les assemblées où l'on étudie la science.

Il y a dans le hadith : " Pour le musulman sur qui des cheveux blancs apparaissent, ceux-ci seront une lumière le Jour de la Résurrection ; et aussi : " Allah n'ose pas tourmenter celui qui a eu des cheveux blancs ".

Source : At-Tadhkira d'Al-Qurtubî