L'Histoire Concise de l'Islam

Dans son ouvrage Futûh Al-Buldân [La Conquête des Pays], Al-Blâdhirî fit ce commentaire : " En l'an XV de l'Hégire, Umar Ibn Al-Khattâb (qu'Allah soit satisfait de lui) nomma sur le Bahreïn et Oman un gouverneur du nom de Uthmân Ibn Abû Al-Âsî Al-Thaqfî. Celui-ci envoya son frère Al-Hâkim Ibn Abû Al-Âsî au Bahreïn puis se dirigea vers Oman. Ensuite, il équipa une armée qui se rendit à Tana, une province située dans le nord de Bombay. Au retour de l'armée, il adressa une correspondance à Umar pour le mettre au courant. En réponse, Umar lui écrit ceci : " Ô frère Thaqîf, tu viens tout simplement de courir un danger. Je jure par Allah qui si un mal avait atteint tes hommes, il se serait retourné contre toi ". Puis il envoya son frère Al-Mughîra Ibn Abû Al-Âsî à l'endroit appelé Khûr Al-Daybal où il affronta l'ennemi avant de le vaincre.

Ce qu'il y a lieu de retenir des propos de Umar (qu'Allah soit satisfait de lui) à l'adresse de son gouverneur, c'est sa crainte pour les Musulmans d'une telle aventure parsemée de dangers lorsqu'ils prirent la mer pour gagner l'Inde.

Il en demeure pas moins que le gouverneur Uthmân Ibn Abû Al-Âsî s'appuya dans sa périlleuse mission sur des navires arabes et sur des navigateurs Musulmans qui avaient de l'expérience et qui plus est, connaissaient parfaitement ce pays puisqu'ils agissaient en seigneur de la mer autrefois. Il n'y avait donc pas de quoi craindre pour les Musulmans en pareille situation. Seulement le calife Umar (qu'Allah soit satisfait de lui) ne voulut pas voir les Musulmans tenter une telle aventure trop risquée. Lui, qui tenait beaucoup à la sécurité des Musulmans.

Par ailleurs, Uthmân Ibn Affân (qu'Allah soit satisfait de lui) ne partagea pas l'idée de Umar lorsqu'il lui succéda au rang de calife. Bien plus, il autorisa Mu'âwiyya Ibn Abû Sufyân à partir à la conquête de ce continent par voie maritime. Dans cette optique, l'historien Al-Blâdhirî écrit : " Lorsque Uthmân Ibn Affân accéda au califat, il nomma Abd Allah Ibn Âmir Ibn Kurayz comme gouverneur d'Irak avant de lui envoyer un message lui ordonnant d'envoyer des gens ayant connaissance de l'Inde, vers ce pays, pour lui rapporter des informations à son sujet. Abd Allah Ibn Amr envoya Hakîm Ibn Jalaba Al-Abdî pour cette mission. A son retour, celui-ci fut interrogé par Uthmân Ibn Affân sur la situation prévalant dans ce pays : " Son eau est rare, ô émir des Croyants, répondit-il, ses dattes de qualité inférieure, le voleur y est considéré comme un héros. Si les soldats sont rares, ils se trouvent égarés et s'ils sont nombreux, ils se trouvent affamés ". Uthmân renonça à sa conquête. En l'an 39 de l'Hégire, sous le califat de Alî Ibn Abû Tâlib, Al-Hârith Ibn Murra Al-Abdî se dirigea vers ce pays en tant que volontaire sur permission de Alî avant d'y revenir victorieux et avec un butin. Les chefs des Musulmans partaient de temps à autre en Inde, en conquérant quelques unes de ses contrées jusqu'à l'avènement de Al-Hajjâj Ibn Yûsuf, le gouverneur de Al-Walîd Ibn Abd Al-Malik en Irak qui envoya une expédition organisée vers l'Inde pour la conquérir et l'intégrer à la communauté Musulmane.

Al-Hajjâj avait confié cette expédition à son neveu le jeune courageux Muhammad Ibn Qâsim Al-Thaqfî, et ce en l'an 92 de l'Hégire correspondant à l'an 711 de l'ère chrétienne. Ce jeune avait 20 ans à l'époque. Al-Hajjâj lui avait donné une puissante armée et mis à sa disposition tous les moyens possibles. Muhammad partit avec son armée du sud de la Perse jusqu'à ce qu'il arriva à Eddidal un vendredi. Les habitants de cette ville adoraient les idoles. Muhammad ordonna à ses soldats de bombarder ces statues avec des catapultes, ce qu'ils firent en les cassant toutes. Ensuite, une bataille opposa les Musulmans aux polythéistes et l'issue fut en faveur des Musulmans grâce à l'aide d'Allah. Muhammad se dirigea avec son armée vers le nord de l'Inde, en direction de Rûr. A chaque fois qu'il entrait dans une ville, ses habitants venaient à sa rencontre, en lui demandant la paix et la sauvegarde de leurs personnes, jusqu'à ce qu'il arriva à Multan dont les habitants les combattirent. Mais il arriva à les défaire.

Tandis que ce valeureux chef remportait victoire sur victoire sur ses ennemis et passait d'un triomphe à un autre, déterminé à entreprendre la conquête de toute l'Inde, il fut surpris par la nouvelle de la mort de son oncle Al-Hajjâj en l'an 95, suivi de celle du calife Al-Walîd Ibn Abd Al-Malik qui soutenait dans sa mission ainsi que son oncle Al-Hajjâj. Le califat fut assumé ensuite par Sulaymân Ibn Abd Malik qui abhorrait fortement Al-Hajjâj et sa famille. Aussi, ordonna t-il de destituer Muhammad Ibn Qâsim de son commandement et de l'amener, enchaîné jusqu'en Irak, accompagné de Mu'âwiyya Ibn Muhlib. Il fut emprisonné à Wâsit où il resta jusqu'à sa mort, après avoir subi torture et supplices. Beaucoup d'habitants de l'Inde le pleurèrent et certains poètes firent son élégie.