Sharh As-Sunnah - Al-Barbahârî

L'imam Al-Hasan Ibn Alî Al-Barbahârî (qu'Allah lui fasse Miséricorde) a dit : " Il est obligatoire d’écouter les dirigeants et de leur obéir dans ce qu’Allah aime et agrée. Et celui qui devient Calife par consensus et agrément des Musulmans est considéré le commandeur des croyants. Il n’est permis à personne de passer une nuit sans avoir de gouverneur, que ce dernier soit vertueux ou pervers ".

Parmi les fondements de Ahl As-Sunnah wal-Jama’ah établis dans le Livre d’Allah et la Sunna du Messager d’Allah ﷺ est d’écouter et d’obéir aux gouverneurs Musulmans.

Allah ﷻ dit :

" Ô les croyants ! Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent le commandement… ".

(Coran 4:59)

" Ceux d’entre vous " signifie d’entre les Musulmans. Le Prophète ﷺ a dit :

" Je vous conseille la crainte d’Allah, d’écouter et d’obéir, même si un esclave est désigné pour vous diriger ".

(Partie du hadith de Al-Irbâd Ibn Sariyah dont la référence a précédé)

Dans une autre version, il dit :

" Même si un esclave Abyssin est désigné pour vous diriger ".

(Rapporté par Bukhîri dans son Sahîh 6/2612, n°6723, d’après Anas et Muslim dans son Sahîh 3/1468, n°1837, d’après Umm Muhsin et, dans certaines versions de son hadith rapporté par Muslim : " Même s’il s’agit d’un esclave Abyssin amputé ".

Et dans encore une autre version, il est dit :

" Un esclave amputé ".

(Rapporté par Muslim dans son Sahîh 3/1468, n°1837, d’après Umm Muhsin 1/448 n°648) et d’après Abû Dharr)

C’est à dire qui a été amputé des pieds ou des mains. Tant qu’il détient l’autorité, lui obéir dans le bien est obligatoire.C’est l’un des fondements de la Aqida.Celui qui se révolte contre les dirigeants Musulmans fait partie des égarés. Une telle personne est soit un Khârijî ou un Mu’tazilî ou quelqu’un qui suit un quelconque chemin sans fondement qui s’oppose à la Sunnah du Messager d’Allah ﷺ.

Sa parole : " il est obligatoire d’écouter les dirigeants et de leur obéir dans ce qu’Allah aime et agrée ".Avec la restriction : dans ce qu’Allah aime et agrée. Ils ne doivent pas être obéis dans la désobéissance.Le Prophète ﷺ a dit :

" Pas d’obéissance à une créature dans la désobéissance au Créateur ".

(Rapporté par Ahmad dans son Musnad 4/432, 5/66, At-Tabarâni dans Al-Mu’jam al-Kabir 18/185, Al-Qadâ’i dans Musnad ash-Shihab 2/55 et d’autres. La formulation est celle de at-Tabarâni et Al-Qadâ’i. La formulation d’Ahmad est la suivante : " Pas d’obéissance à une créature dans la désobéissance à Allah.» Son origine est dans les Sahîhayn, du hadith de Alî)

Le Prophète ﷺ a également dit :

" L’obéissance ne se fait que dans le bien ".

(Rapporté par Bukhâri dans son Sahîh 4/1577, n°4085) et Muslim 3/1469, n°1840, du hadith de Alî, la formulation de Muslim est : " Pas d’obéissance dans la désobéissance à Allah, l’obéissance n’est que dans le bien ")

Cela ne signifie pas que lorsque le dirigeant ordonne une désobéissance, on lui enlève son commandement. Plutôt, il ne doit pas être obéi dans cette désobéissance, mais doit être obéi dans ce qui n’implique pas de désobéissance.

Sa parole : " Et celui qui devient Calife par consensus et agrément des gens est considéré le commandeur des croyants ". Ceci est une explication de la manière dont le commandement est donné en Islam. Le commandement est conféré de l’une des façons suivantes :

La première façon : Ce que l’auteur vient de mentionner. C’est à dire celui que les Musulmans auront choisi. Cependant, les Musulmans qui choisissent le dirigeant sont les Ahl al-Hall wal Aqd (les gens d’expérience et de raison) parmi les savants, dirigeants, hommes d’état et commandants d’armée. Cela ne signifie pas que le choix du dirigeant revient à tout le monde dont les enfants, les femmes, les habitants des villes et de la campagne. Parce que les gens doivent suivre Ahl al-Hall wal Aqd. Donc, si Ahl al-Hall wal Aqd choisit un dirigeant, il devient obligatoire au (reste du) peuple de lui obéir. Ce fut ce qui arriva concernant le Califat de Abû Bakr As-Siddîq (qu’Allah soit satisfait de lui).Après la mort du Messager d’Allah ﷺ les Compagnons furent unanimes dans le serment d’allégeance à As-Siddîq. Le reste de la communauté suivit donc ceux qui choisirent As-Siddîq. Nulle place ne fut laissée à qui que ce soit d’autre pour participer à cette sélection. Parce qu’il s’agit de l’un des devoirs spécifiques à Ahl al-Hall wal Aqd et les Musulmans choisirent donc Abû Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui), qui était le meilleur d’entre eux. Et ce choix a des preuves dans la Sunna du Messager d’Allah ﷺ :

1. Abû Bakr était le meilleur des Compagnons de manière absolue et nul ne conteste cela.
2. Le Messager d’Allah ﷺ donna des indications de son Califat. Parmi celles-ci, durant la maladie qui causa sa mort, le Prophète ﷺ fit avancer Abu Bakr dans la prière afin qu’il dirige les Musulmans dans le mihrab (place de l’imam de la prière) du Messager d’Allah ﷺ (Rapporté par Bukhâri 1/236, n°633 et Muslim 1/313, n°418), d’après Aïcha) et prenne sa place. Ceci est une indication qu’il sera leur dirigeant dans le Califat, comme il le fut dans la prière. Ils choisirent donc Abî Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) en disant : " Le Messager d’Allah ﷺ était satisfait de toi pour notre religion, pourquoi ne serions-nous pas satisfaits de toi concernant nos affaires mondaines ? " Ils lui prêtèrent donc allégeance et les Compagnons furent unanimes à ce sujet, que ce soit ceux qui participèrent directement à ce choix, ou ceux qui n’y participèrent pas qui les suivirent. Parce que les Musulmans sont une seule communauté et une seule main.

La deuxième façon : Lorsque Abû Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui)  fut à l’article de la mort, il choisit et désigna Umar Ibn Al-Khâttab (qu’Allah soit satisfait de lui) comme successeur. Les Musulmans écoutèrent donc et obéirent. Il s’agit de la deuxième manière de conférer le pouvoir. Dans ce cas, le dirigeant désigne un successeur pour après sa mort, comme le fit Abû Bakr  (qu’Allah soit satisfait de lui) avec Umar (qu’Allah soit satisfait de lui).

La troisième façon : Lorsque l’un des Musulmans l’emporte sur les autres et que les autres se soumettent à son commandement, il devient alors leur chef et Imam. Par exemple, ce qui arriva à Abd Al-Malik Ibn Marwan lors du désaccord qui arriva après la mort de Yazid Ibn Mu’awiyah. Abd Al-Malik Ibn Marwan Ibn Al-Hakam s’empara du Califat. Il était bon, ferme et fort. Allah fit que les gens tirèrent bénéfice de son action. L’allégeance lui fut prêtée et les Musulmans écoutèrent et obéirent. Et il y eut du bien en cela pour les Musulmans.

Voilà donc comment le commandement est conféré en Islam : soit par le choix de Ahl al-Hall wal-Aqd ou par le dirigeant précédent désignant son successeur ou lorsqu’un Musulman l’emporte sur les autres, devenant de fait leur dirigeant ; le reste des Musulmans doit se soumettre et lui être assujetti et il devient interdit à quiconque de renoncer à son allégeance.

Sa parole : "… par consensus et agrément des Musulmans…".Il ne faut pas comprendre de ceci que la sélection revient à l’ensemble des Musulmans. Celle-ci revient au consensus de Ahl al-Hall wal Aqd comme ce qui eut lieu lors du Califat de Abû Bakr et celui de Uthmân (qu’Allah soit satisfait de lui) car ceux qui le choisirent étaient l’organe consultatif, ceux qui avaient reçu la bonne annonce du Paradis. Ils le choisirent, donc son commandement fut affirmé. Personne n’émit d’objection. Ils furent plutôt unanimes pour accorder le commandement à Uthmân (qu’Allah soit satisfait de lui).

Sa parole : " Il n’est permis à personne de passer une nuit sans avoir de gouverneur, que ce dernier soit vertueux ou pervers ". Ce sujet est très important. Il n’est permis à personne de se révolter contre la communauté Musulmane, en renonçant à son allégeance. Car, s’il en fait ainsi et " passe une nuit sans avoir de gouverneur " qu’il considère étant l’Imam, il :

" Aura certainement ôté le carcan de l’Islam de son cou ".

(Rapporté par Muslim dans son Sahîh 3/1478, n°1851 du hadith de Abd Allah Ibn Umar qui contient : " celui qui meurt sans un serment d’allégeance à son cou sera mort d’une mort de la Jahiliyah ". Dans la version de Ibn Umar rapportée par Al-Hakim dans Al-Mustadrak ‘ala As-Sahihayn 1/150, il est dit : " Celui qui se révolte contre la Jama’ah d’un empan aura certainement retiré le carcan de l’Islam de son cou jusqu’à ce qu’il revienne ".  Il dit : " et celui qui meurt sans Imam de la Jama’ah, sa mort est une mort de la Jahiliyah)

C’est à dire qu’il était uni avec les Musulmans et aura rompu les relations avec les Musulmans s’il sort de l’obéissance au gouverneur. Comme les agneaux qui ont été attachés à une corde au bout de laquelle se trouve une partie métallique où il passe sa tête pour éviter de se perdre. Ceci est un carcan.L’unité des Musulmans derrière un gouverneur est comparée à cela. Donc celui qui se révolte et cesse d’obéir à l’Imam aura certainement retiré ce carcan de son cou et s’exposera à la perte, à être enlevé par les loups et les passions. Cela ne signifie pas qu’une telle personne ait mécru. Cela signifie plutôt qu’il s’est séparé et est sorti de la Jama’a. Il est donc comme l’animal qui s’est détaché de sa corde et risque de se faire voler, piller et attaquer par des bêtes féroces. Il ne faut pas dire : " je n’ai pas participé au serment, donc je n’ai pas d’iImam ". Vous êtes l’un des Musulmans, donc, lorsque les Ahl al-Hall wal-Aqd ont prêté serment, votre serment doit suivre automatiquement.