Sourate 60 Al-Mumtahanah

" Ils expulsent le Messager et vous-mêmes par ce que vous croyez en Allah, votre Seigneur. Si vous êtes sortis pour lutter dans Mon chemin et pour rechercher Mon agrément, leur témoignez-vous secrètement de l'amitié, alors que Je connais parfaitement ce que vous cachez et ce que vous divulguez ? Quiconque d'entre vous le fait s'égare de la droiture du sentier. S'il vous dominent, ils seront des ennemis pour vous et étendront en mal leurs mains et leurs langues vers vous ; et ils aimeraient que vous deveniez mécréants. Ni vos proches parents ni vos enfants ne vous seront d'aucune utilité le Jour de la Résurrection, Il (Allah) décidera entre vous, et Allah voit bien ce que vous faites ".

(Coran 60:1-3)

La cause de la révélation du début de cette sourate est l'histoire de Hâtib Ibn Abî Balta'a. Hâtib faisait partie des Muhâjirs. Il était également un des combattants de la bataille de Badr et il avait à la Mecque des enfants et des biens. Il n'était pas originaire de Quraysh, mais il était un allié de Uthmân. Quand le Messager d'Allah ﷺ décida de conquérir la Mecque après que ses habitants aient violé le pacte, le Prophète ﷺ ordonna aux musulmans de se préparer à les envahir et dit : " Seigneur, fais qu'ils ne sachent rien de notre projet ". Hâtib rédigea alors une lettre à l'attention des gens de la Mecque qu'il leur envoya avec une femme Qurayshite, dans le but de bénéficier de leur protection. La lettre les informait que le Messager d'Allah ﷺ était décidé à les envahir. Allah le Très Haut exauça alors la prière de Son Messager ﷺ et envoya des hommes à la poursuite de la femme afin de récupérer la lettre. Ceci est formellement mentionné dans le hadith rapporté par Bukhâri et Muslim.

Alî Ibn Abî Tâlib (qu'Allah soit satisfait de lui) a dit : Le Messager d'Allah ﷺ m'envoya en compagnie d'Az-Zubayr et Al-Miqdâd, en nous disant :

" Marchez jusqu'à Rawdat Khâkh. Vous y trouverez une femme en litière qui est porteuse d'une lettre. Vous lui prendrez cette lettre ".

Nous partîmes donc au galop de nos chevaux, jusqu'à l'endroit indiqué. Nous y trouvâmes de fait une femme en litière, à laquelle nous dimes :

" Remets-nous la lettre que tu as !  - Je n'ai pas de lettre, répondit-elle. - Tu vas remettre la lettre, reprîmes-nous, ou nous allons te fouiller ! "

Alors elle retira la lettre du cordon qui retenait ses cheveux. Là-dessus, nous emportâmes la lettre au Messager d'Allah ﷺ. Or, c'était un message de Hâtib Ibn Abî Balta'a à certains associants de la Mecque, par lequel il leur donnait des renseignements sur un projet du Messager d'Allah ﷺ. Celui-ci dit à Hâtib :

" Qu'est-ce que cela, ô Hâtib ? "

Le coupable répondit :

" Ne te hâte pas de me juger, Ô Messager d'Allah. Moi, je n'ai eu dans Quraysh que la situation d'un rapporté, n'appartenant pas originairement à la tribu. Les autres Muhâjirs ont à la Mecque, des parents par lesquels ils peuvent assurer la protection de leurs proches. Moi, comme les liens du sang ne me donnaient pas cet avantage, j'ai voulu m'acquérir la reconnaissance de Quraysh des droits qui assurassent la protection de mes proches. Mais je n'ai pas agit par infidélité ou par apostasie. Je n'ai point accepté comme religion l'infidélité après avoir embrassé l'Islam ".

Le Messager d'Allah ﷺ répondit :

" En vérité, il vous a parlé sincèrement ".

Umar dit alors : " Laisse-moi couper la tête de cet hypocrite ".

Le Messager d'Allah ﷺ répondit :

" Cet homme a assisté au combat de Badr. D'où pourrais-tu savoir qu'Allah n'aurait pas considéré les combattants de Badr en leur disant : ' Faites maintenant tout ce que vous voulez, d'avance Je vous l'ai pardonné ? ' ".

(Rapporté par Bukhâri 3007 et Muslim 2494)

Al-Bukhâri a ajouté dans le Livre des Expéditions (al-maghâzi) :

" Allah a révélé la sourate : " Ô vous qui avez cru ! Ne prenez pas pour alliés Mon ennemi et le votre ".

(Rapporté par Bukhâri 4890)

Ô vous qui avez cru ! Ne prenez pas pour alliés Mon ennemi et le votre, leur offrant l'amitié, alors qu'ils ont nié ce qui vous est parvenu de la vérité. Signifie qu'Allah a édicté qu'il fallait considérer les associants et les mécréants qui combattent Allah, Son Messager et les croyants comme des ennemis, n'avoir aucun contact avec eux et a interdit de les avoir comme alliés, camarades ou amis. Le Très Haut dit également :

" Ô les croyants ! Ne prenez pas pour alliés les Juifs et les Chrétiens, ils sont alliés les uns des autres. Et celui d'entre vous qui les prend pour alliés, devient un des leurs. Allah ne guide certes pas les gens injustes ".

(Coran 5:51)

Ceci constitue une menace dure et un avertissement sûr. Le Très Haut a dit aussi :

" Ô les croyants ! N'adoptez pas pour alliés ceux qui prennent en raillerie et jeu votre religion, parmi ceux à qui le Livre fut donné avant vous et parmi les mécréants. Et craignez Allah si vous êtes croyants ".

(Coran 5:57)

" Que les croyants ne prennent pas, pour alliés, des infidèles, au lieu de croyants. Quiconque le fait contredit la religion d'Allah, à moins que vous ne cherchiez à vous protéger d'eux. Allah vous met en garde à l'égard de Lui-même. Et c'est à Allah le retour ".

(Coran 3:28)

C'est pourquoi le Messager d'Allah ﷺ a accepté l'excuse de Hâtib lorsqu'il a dit qu'il avait fait cela seulement pour courtiser les Qurayshites à cause de ses enfants et ses biens, qui se trouvaient  chez eux.