L'Esprit de l'Âme divers auteurs

La mauvaise fin comporte deux degrés :

1. Le plus grave, est que le cœur ♥ soit dominé (qu'Allah nous en préserve) par le doute ou le reniement, dans les affres de la mort et ses épouvantes, car ceci implique le châtiment éternel.
2. Le moindre, consiste à se courroucer contre le destin, à faire des objections, à transgresser dans son testament, ou à mourir dans l'obstination sur un péché.

On rapporte que Satan (Iblîs) ne s'évertue pas sur le fils d'Adam plus qu'il ne le fait au moment de la mort. Il dit à ses acolytes : " Allez vers cet homme, car s'il vous échappe aujourd'hui, jamais vous ne le rattraperez ! "

Le Prophète ﷺ invoquait en disant :

" Ô Allah ! Je cherche refuge auprès de Toi contre le fait que Satan me terrasse au moment de la mort ".

(Sahîh Al-Jâmi' 1282)

Al-Khattâbî dit : " Ceci dans la domination de Satan sur l'home à cet instant, en l'égarant et s'interposant entre lui et le repentir, en l'empêchant de réparer une injustice ou en le faisant désespérer de la miséricorde d'Allah et détester la mort, si bien qu'il n'agrée par le décret d'Allah ﷻ ".

Il n'est pas possible de circonscrire en détail les causes qui conduisent à la mauvaise fin, mais il est possible d'en indiquer l'essentiel. Concernant le sceau du doute et du reniement, il est dû à (l'innovation). Il consiste à croire, concernant l'Essence d'Allah ﷻ, Ses Attributs ou Ses Actes, ce qui est le contraire de la vérité, soit par imitation, soit par opinion erronée. Lorsqu'au moment de la mort le voile est levé, le serviteur voit clairement la fausseté de ce qu'il croyait et sait désormais avec certitude que tout ce qu'il croyait de la sorte n'a aucun fondement. Quant à celui qui a, concernant Allah ﷻ et Ses Attributs, une croyance globale conforme à la voie des Pieux prédécesseurs, sans recherche ni investigation, il sera à l'abri de ce risque, si Allah ﷻ le veut.

Concernant le sceau des péchés, il est dû foncièrement à la faiblesse de la foi, ce qui amène à se plonger dans les péchés qui éteignent la lumière de la foi. Si la foi faiblit, l'amour d'Allah ﷻ faiblit et lors des affres de la mort, cette faiblesse s'accentue, car le serviteur sent qu'il quitte ce bas monde. La cause menant à cette fin est l'amour de ce bas monde et le fait de s'y fier, ce à quoi s'ajoute la faiblesse de la foi, qui implique la faiblesse de l'amour d'Allah. Celui qui ressent en son cœur ♥, que l'amour d'Allah ﷻ est plus fort que l'amour de ce bas monde, est éloigné de ce risque. Tout homme qui meurt sur l'amour d'Allah ﷻ reviendra à Lui comme un bon serviteur qui désire ardemment retrouver son Maître. Nul n'ignore la joie et le bonheur que procure le simple retour, alors que dire de ce qu'il mérite comme honneurs.

Quant à celui qui voit son âme le quitter alors que lui traverse l'esprit le reniement d'Allah ﷻ en Ses actes ou qui s'obstinait à Lui désobéir, il reviendra à Allah comme celui qui est ramené de force et nul n'ignore ce qu'il mérite comme punition.

Ainsi, celui qui veut emprunter la voie du salut évite les causes de perdition, en sachant que la connaissance du retournement des cœurs ♥ et du bouleversement des états ébranle le cœur ♥ de ceux qui éprouvent la crainte.

Sahl Ibn Sa'd rapporte que le Messager d'Allah ﷺ a dit :

" Un homme peut œuvrer à la manière des hôtes de l'Enfer, mais être voué au Paradis et un homme peut œuvrer à la manière des hôtes du Paradis, mais être voué à l'Enfer ".

(Rapporté par Bukhâri 4202 et Muslim 112)

On rapporte également : " Lorsqu'on élève l'âme du serviteur au ciel, les Anges disent : Gloire à Allah ! Ce serviteur est sauvé de Satan. Comment est-il parvenu au salut ? " Si tu connais la signification de la mauvaise fin, prends garde à ses causes et prépare ce qui convient. Prends garde à reporter ta préparation, car l'existence est brève et chacun de tes souffles est semblable à ta fin, car ton âme peut être subitement reprise à cet instant.

Sache que tu ne peux te préparer comme il convient que si tu te contentes du strict nécessaire et que tu refuses la recherche de ce qui est superflu.

Source : L'esprit de l'âme p.366-368