Muhammad l'ultime Joyau de la Prophétie

Son mariage avec Khadîja

Lorsque le Prophète ﷺ fut de retour à la Mecque, Khadîja remarqua que les bénéfices matériels de ce voyage étaient plus importants qu'habituellement. Son serviteur, Maysara, lui parla des belles qualités, de l'esprit pondéré, de la sincérité et de l'honnêteté de Muhammad ﷺ Khadîja, qui avait jusqu'alors repoussé les avances pour le mariage que lui avait fait les seigneurs de la Mecque, sut que Muhammad ﷺ était l'homme qu'elle recherchait. Elle fit part à son amie Nafîsa, fille de Maniyya, de son désir de se marier avec Muhammad ﷺ ; celle-ci se rendit immédiatement chez le Prophète ﷺ et lui annonça la bonne nouvelle. Il accepta la proposition et s'en ouvrit à ses oncles qui demandèrent la main de Khadîja à son oncle.

Deux mois après son retour de Syrie, le mariage fut conclu en présence des Beni Hâshim et des chefs des Mudar. La dot fut fixée à vingt jeunes chamelles. Khadîja était alors âgée de quarante ans et était considérée comme étant la femme la plus éminente du point de vue de son lignage, de sa richesse et de sa sagesse. Elle fut la première épouse du Prophète ﷺ et jusqu'à sa mort, celui-ci ne prit aucune autre femme.

Tous les enfants du Messager d'Allah ﷺ furent mis au monde par Khadîja, hormis Ibrahim. Le premier de ses enfants fut Al-Qâsim, d'où le surnom du Prophète ﷺ : Abû Al-Qâsim. Ensuite, naquirent Zaynab, Ruqayya, Umm Kulthûm, Fâtima et Abd Allah qui fut appelé At-Tayyib (le bon) et At-Tâhir (le pur). Tous ses fils moururent dans leur enfance et toutes ses filles, excepté Fâtima moururent de son vivant. Fâtima mourut six mois après son père ﷺ. Toutes ses filles embrassèrent l'Islam et émigrèrent à Médine.

La reconstruction de la Ka'ba et la question de l'arbitrage

L'Envoyé d'Allah ﷺ était âgé de trente cinq ans, lorsque les Qurayshites reconstruisent la Ka'ba. En effet, depuis l'époque d'Ismaël, la Ka'ba était une bâtisse en pierres qui ne faisait pas plus de 6,30 mètres de haut. De plus, elle n'avait pas de toit, ce qui rendait les trésors qui s'y trouvaient particulièrement vulnérables au vol. Elle était également exposée à l'action corrosive des éléments naturels, du fait de son ancienneté, ce qui affaiblissait et craquelait ses murs. Cinq ans avant le début de la mission prophétique de Muhammad ﷺ, une pluie torrentielle s'abattit sur la Mecque, au point qu'elle faillit démolir les murs de la Ka'ba. Contraints de la rénover, pour lui conserver son statut, les Qurayshites décidèrent de n'utiliser que de l'argent licite, excluant ainsi l'argent impur provenant de la prostitution, de l'usure ou des pratiques injustes. Les Qurayshites furent d'abord remplis de crainte à l'idée de faire tomber les murs de la Ka'ba, mais Al-Walîd Ibn Al-Mughîra en entreprit la démolition. Voyant qu'aucun malheur ne l'avait frappé, les autres se mirent au travail jusqu'à atteindre les fondations établies par Abraham (que la paix soit sur lui). Lorsqu'ils engagèrent la reconstruction de ses murs, le travail fut réparti entre les tribus qui en construisirent chacune une partie. L'homme qui posait les pierres était un constructeur Romain nommé Bâqûm. Tout se passa harmonieusement jusqu'au moment où il fallut insérer la Pierre Noir dans l'édifice. C'est alors qu'une dispute éclata parmi les chefs, qui devait durer quatre ou cinq jours, chacun voulant s'arroger l'honneur de remettre à sa place la Pierre Noire [Al-Hajar Al-Aswad]. Une effusion de sang semblait imminente. Heureusement, le plus âgé des chefs, Abû Umayya Ibn Al-Mughîra Al-Makhzûmî, fit une proposition qui fut acceptée par tous, il dit : " Laissons le premier qui entrera dans ce sanctuaire trancher la question ". Allah voulut que ce soit l'Envoyé d'Allah ﷺ. En l'apercevant, tous les présents s'écrièrent d'une même voix : " Voici Al-Amîn [le digne de confiance]. Nous l'agréons comme arbitre ". Il fit venir un manteau qu'il étala sur le sol et plaça la Pierre Noire en son centre. Il demanda ensuite aux représentants des différents clans de saisir et de soulever ensemble le manteau. Lorsque le manteau fut à la hauteur de l'endroit voulu, le Prophète ﷺ inséra de ses propres mains la Pierre Noire dans son emplacement. Ainsi, la crise fut-elle désamorcée et un grave danger évité grâce à la sagesse du Prophète ﷺ.

Les Qurayshites finirent par manquer d'argent licite, aussi éliminèrent-ils du mur de l'enceinte de la Ka'ba une partie d'environ six coudées de longueur, il s'agit du Hijr ou du Hatîm se trouvant du côté Nord de la Ka'ba. Ils placèrent la porte de la Ka'ba à deux mètres au-dessus du niveau du sol fin d'en contrôler l'accès. Lorsque les murs atteignirent une hauteur de quinze coudées, on les couvrit d'un toit.

La reconstruction finie, la Ka'ba avait un aspect presque quadrilatéral, sa hauteur atteignait presque quinze mètres. Le côté où fut placée, à un mètre cinquante du sol, la Pierre Noire était long de dix mètres. Celui où fut placée la porte d'entrée de la Ka'ba était quant à lui, long de douze mètres. La porte de la Ka'ba se trouvait à un mètre cinquante au-dessus du niveau du sol. Une structure haute de vingt cinq centimètres et large de trente centimètres entourait la Ka'ba. Appelée Ash-Shâdharwân, elle faisait originellement partie intégrante de la Ka'ba, mais lors de la reconstruction, les Qurayshites ne le réintégrèrent pas dans l'édifice de celle-ci.

Quelques aspects de la vie de Muhammad ﷺ avant le Prophétat

Le Prophète ﷺ incarnait les meilleures qualités. C'était un modèle élevé dans le domaine de la pensée et jouissait d'une grande perspicacité. Il faisait preuve d'une intelligence surprenante, d'une grande originalité de pensée et il choisissait toujours les moyens adéquats pour réaliser des objectifs justes. Son aptitude à garder longtemps le silence a favorisé chez lui la méditation et la recherche acharnée de la vérité. Son esprit vif et sa nature saine l'ont considérablement aidé à méditer sur la vie et les gens, ainsi que sur l'état des sociétés. Il rejetait la superstition, s'en tenait éloigné et lorsqu'il ne participait pas aux œuvres de bien, il retrouvait sa solitude. Il ne consommait ni vin ni viande égorgée au nom des idoles, et il n'assistait pas aux fêtes païennes. Les idoles le répugnaient tellement qu'il ne supportait pas que l'on jure au nom d'Al-Lât et Al-Uzzâ.

Il était protégé. Même lorsqu'il essayait d'obéir à son instinct qui le poussait à goûter à certains plaisirs de la vie ou de suivre certaines traditions blâmables, la Providence l'en empêchait.

Ibn Al-Athîr a rapporté que l'Envoyé d'Allah ﷺ a dit : " Je n'ai jamais essayé d'agir comme les gens de mon peuple, excepté à deux occasions, mais chaque fois, Allah s'interposa entre moi et ce que je voulais faire. Depuis, je n'ai plus eu de penchant pour les mauvaises coutumes. Une fois, alors que nous nous trouvions sur les hauteurs surplombant la Mecque, j'ai demandé à un berger de veiller sur mon troupeau. Je voulais en effet, descendre en ville et me distraire comme les autres jeunes gens. Je m'arrêtai à la première maison où j'entendis de la musique. Je suis entré et j'ai demandé : " Qu'est-ce que cela ? " Quelqu'un répondit : " Il s'agit d'une fête de mariage ". Je m'assis pour écouter, mais Allah assourdit mes oreilles et seule la chaleur du soleil me réveilla le lendemain. Je suis alors revenu auprès de mon compagnon et je lui ai raconté ce qui m'était arrivé. La même chose se produisit une seconde fois. Depuis, je n'ai plus jamais essayé d'agir de la sorte ".

Al-Bukhâri a rapporté d'après Jâbir Ibn Abd Allah : " Lors de la reconstruction de la Ka'ba, Al-Abbâs dit au Prophète ﷺ : " Mets ton pagne autour de ton cou afin de te protéger des pierres ". Alors qu'il se pliait à cette recommandation, le Prophète ﷺ tomba à terre et ses yeux se tournèrent vers le ciel. Lorsqu'il se réveilla il s'écria : " Mon pagne... mon pagne ". Il s'enveloppa alors dans son pagne ". Dans un autre récit, il a été rapporté : " Depuis sa nudité ne fut plus jamais découverte ".

Le Prophète ﷺ se distinguait de son peuple par ses qualités agréables et son caractère vertueux. Son caractère viril et sa moralité étaient les meilleurs. Il était le plus sociable, le plus magnanime, le plus véridique, le plus intègre, le plus généreux, le plus pieux, le plus fidèle à ses promesses et le plus probe des hommes, au point que ses concitoyens lui donnèrent le surnom d'Al-Amîn (le digne de confiance). Khadîja (qu'Allah soit satisfait d'elle), la Mère des croyants, le décrit en ces termes : " Il soutient le faible, fait profiter de ses largesses les pauvres, donne l'hospitalité à l'hôte et aide celui qui se trouve dans l'adversité ".

Source : Muhammad l'Ultime Joyau de la Prophétie p.83-98