Muhammad l'ultime Joyau de la Prophétie

Les Qurayshites tentent de nouveau d'intervenir auprès d'Abû Tâlib

Les membres de la tribu de Quraysh, voyant que le Messager d'Allah ﷺ poursuivait sa mission, se rendirent compte qu'Abû Tâlib n'abandonnerait jamais son neveu même si cela lui attirait leur hostilité. Certains d'entre eux vinrent le voir une fois de plus, en emmenant un jeune homme qui s'appelait Umâra Ibn Al-Walîd Ibn Al-Mughîra et lui dirent : " Ô Abû Tâlib ! Nous t'avons amené un beau garçon en pleine jeunesse, afin que tu utilises sont esprit et sa force physique et que tu le prennes comme ton fils en échange de ton neveu, qui lui, a renié ton mode de vie, s'est opposé à ta religion, et a été à l'origine de la fracture de notre société, afin que nous puissions le tuer ; voilà, c'est donc homme pour homme ". Abû Tâlib répondit en ces termes : " Il s'agit là d'un marché équitable ! En effet, vous me donnez votre fils pour que je le nourrisse et je vous donne le mien pour que vous le tuiez ! Par Allah, cela ne saurait être ! "

Al-Mut'im Ibn Adiyy Ibn Nawfal Ibn Abd Manâf l'interrompit en disant que tout était équitable dans cette proposition parce qu'ils voulaient juste le débarrasser de cette source de troubles détestables, et il conclut en déclarant qu'Abû Tâlib s'obstinait à refuser leurs faveurs. Abû Tâlib lui dit : " Par Allah ! Vous n'avez pas été justes, mais il semble que tu as décidé de m'abandonner et de te ranger du côté des Qurayshites contre moi. Fais donc ce que bon te semble ".

Les sources historiques ne donnent pas la date exacte de ces deux rencontres avec Abû Tâlib. Elles ont cependant vraisemblablement eu lieu durant la sixième année de la mission prophétique, et ont été séparées entre elles d'un court laps de temps.

Les tyrans songent à tuer le Prophète ﷺ

Leurs plans et conspirations ayant tous échoué, les Qurayshites revinrent à leurs anciennes pratiques de persécutions contre les Musulmans, avec une brutalité inouïe et encore jamais atteinte jusqu'alors. Ils commencèrent également à envisager sérieusement la mise à mort du Prophète ﷺ. Cependant, contrairement à leurs attentes, ce projet ainsi que la nouvelle vague de violences contribuèrent indirectement à consolider l'Appel à l'Islam par la conversion de deux piliers de la société Mecquoise, à savoir Hamza Ibn Abd Al-Muttalib et Umar Ibn Al-Khattâb (qu'Allah leur fasse miséricorde).

Utayba Ibn Abî Lahab s'approcha un jour du Prophète ﷺ et sur le  ton le plus provocant et le plus effronté qui soit, lui cria : " Je ne crois pas en : " Par l'étoile quand elle tombe " (Coran 53:1) et en : " Puis il [Gabriel] se rapprocha et se laissa descendre " (Coran 53:8). Il continua ensuite de son défi orgueilleux à l'égard du Prophète ﷺ en posant lourdement sa main sur lui, il lui déchira sa chemise et cracha en direction de son visage, mais son crachat ne parvint pas à destination. Sur ce, le Prophète ﷺ invoqua la colère d'Allah sur Utayba en prononçant les paroles suivantes : " Ô Seigneur ! Dirige contre lui l'un de Tes chiens ". Allah exauça cette supplique de la façon suivante : Un jour, alors que Utayba et quelques autres Qurayshites étaient partis pour la Syrie et cherchaient un lieu pour passer la nuit, près d'Az-Zarqâ, un lion s'approcha du groupe à la grande peur de Utayba qui se rappela immédiatement l'invocation du Prophète ﷺ et dit : " Malheur à mon frère ! Par Allah, ce lion va me dévorer comme Muhammad l'a demandé. Il va me tuer en Syrie alors qu'ils se trouve à la Mecque ". Le lion fit alors un bond et arracha la tête de Utayba.

Il a également été rapporté que Uqba Ibn Abî Mu'ayt, piétina le cou du Prophète ﷺ alors qu'il était prosterné en prière et qu'il appuya jusqu'à ce que les yeux du Prophète ﷺ deviennent globuleux.

D'autres détails mentionnés par Ibn Ishâq attestent des intentions meurtrières des tyrans de Quraysh à l'égard du Prophète ﷺ et de leur froide détermination à en finir avec lui. Abû Jahl, l'ennemi juré de l'Islam, s'adressa un jour aux notables Qurayshites en leur tenant ces propos : " Ô gens de Quraysh ! Il semble que Muhammad soit déterminé à discréditer notre religion, nos ancêtres et notre mode de vie et à insulter nos idoles. Je prends le serment devant Allah de lui écraser la tête avec un rocher très lourd lorsqu'il sera en prosternation ; à vous alors de me livrer ou de me défendre. Que les Beni Abd Manâf fassent de moi ce que bon leur semblera ! " Son auditoire, composé de gens tout aussi malveillants que lui, approuva son plan et l'encouragea dans cette voie qui semblait si décisive.

Le matin du jour suivant, Abû Jahl se posta en vue d'attendre l'arrivée du Messager d'Allah ﷺ. Il avait avec lui un rocher. Les gens de Quraysh s'étaient rassemblés et attendaient des renseignements sur les agissements d'Abû Jahl. Comme d'habitude, le Prophète ﷺ arriva à la Ka'ba et se mit à prier. Dès qu'il fut en prosternation, Abû Jahl s'avança vers lui en soulevant le rocher en vue d'accomplir son noir dessein. Il s'était à peine approché du Prophète ﷺ qu'il battit en retraite, le visage blême et tout tremblant, en laissant tomber la roche. Les témoins de cette scène accoururent et lui demandèrent des explications. Il répondit : " Quand je me suis approché pour faire ce que je vous avais dit hier, un chameau incomparable. Par Allah ! Jamais je n'ai vu un chameau avec une telle tête, un tel cou et de tels dents. Il s'est dressé devant moi voulant me dévorer ". Ibn Ishâq a rapporté que le Prophète ﷺ lorsqu'il commenta cet évènement, dit : " Il s'agissait de Gabriel, si Abû Jahl s'était encore approché, il se serait saisi de lui ". Abû Jahl commit ensuite à l'égard de l'Envoyé d'Allah ﷺ ce qui allait provoquer la conversion de Hamza (qu'Allah lui fasse miséricorde) comme nous le verrons plus loin.

Quant aux tyrans de Quraysh, ils continuèrent à nourrir dans leurs cœurs le projet de tuer le Prophète ﷺ. Ibn Ishâq a rapporté, d'après Abd Allah Ibn Amr Al-Âs que les notables Qurayshites se trouvaient un jour, dans Al-Hijr et se plaignaient de s'être montés trop patients envers le Prophète ﷺ, lorsque ce dernier apparut soudain et commença à accomplir sa circumambulation habituelle. Ils se moquèrent de lui par des clins d'œil et des remarques sarcastiques, mais il demeura silencieux durant deux tours ; lors du troisième, il s'arrêta et s'adressa aux infidèles en disant : " Ô gens de Quraysh ! Prêtez l'oreille, je jure par Allah entre les Mains de qui se trouve mon âme, que vous serez un jour mis en pièces ". Stupéfaits par ces paroles, ils demeurèrent un instant abasourdis comme s'ils avaient des oiseaux posés sur leurs têtes au point que ceux qui avaient tenu à son égard les propos les plus violents s'appliquèrent à calmer sa colère et à le réconforter du mieux qu'ils purent en lui disant : " Va en paix ô Abû Al-Qâsim, car par Allah, jamais tu n'as été un insensé ".

Le lendemain, alors qu'ils traitaient du cas du Prophète ﷺ, celui-ci surgit. Ils se ruèrent tous sur lui et un des notables [poursuit Abd Allah Ibn Amr Ibn Al-As] le prit par le col de son vêtement afin de l'étouffer. C'est alors qu'Abû Bakr (qu'Allah lui fasse miséricorde) intervint pour défendre le Prophète ﷺ, il leur dit tout en larmes : " Tuerez-vous un homme parce qu'il proclame : " Mon Seigneur est Allah ? " Ils s'éloignèrent à ce moment là de lui. C'est là le comportement le plus dur conclut Ibn Amr que Quraysh eut à l'égard du Prophète ﷺ.

Dans la version d'Al-Bûkhâri, Urwa Ibn Az-Zubayr a rapporté : " Comme je disais à Abd Allah Ibn Amr Al-Âs : Raconte-moi ce que les associants ont fait de plus grave à l'Envoyé d'Allah ﷺ, il me répondit : Pendant que l'Envoyé d'Allah ﷺ faisait sa prière dans la cour de la Ka'ba, Uqba Ibn Abî Mu'ayt s'avança brusquement, pris l'Envoyé d'Allah ﷺ par l'épaule, lui enroula une étoffe autour du cou et l'étrangla fortement. Abû Bakr s'avança alors, prit Uqba par l'épaule et le repoussa loin de l'Envoyé d'Allah ﷺ, en disant : " Allez-vous tuer un homme parce qu'il proclame : " J'ai Allah pour Seigneur ? " (Coran 40:28) ".

Dans la version d'Asmâ, quelqu'un vint chez Abû Bakr pour l'appeler au secours. Il dit : Vole au secours de ton Compagnon ! Abû Bakr sortit de la maison ses cheveux nattés en quatre tresses, en disant : " Allez-vous tuer un homme parce qu'il proclame : " J'ai Allah pour Seigneur " les associants se détournèrent alors du Prophète et se saisirent d'Abû Bakr. Lorsqu'il revint après, nous ne touchions rien de ses nattes sans que des cheveux restassent collés à nos mains.