Muhammad l'ultime Joyau de la Prophétie

Le représentant de Quraysh négocie avec le Messager d'Allah ﷺ

Peu après la conversion de ces deux éminents héros, Hamza Ibn Abd Al-Muttalib et Umar Ibn Al-Khattâb (qu'Allah soit satisfait d'eux), les nuages de la tyrannie et de l'oppression commencèrent à se dissiper et les polythéistes se rendirent compte qu'il était inutile d'infliger des tortures aux Musulmans. Ils décidèrent donc d'enrayer la progression de l'Islam en tentant matériellement le Prophète ﷺ, ignorant que rien dans ce monde ne pouvait égaler la prédication dont il avait la charge ni le distraire de sa mission qui était de porter le Message aux humains. C'est pourquoi n'ont-ils récolté qu'insuccès et virent leurs desseins réduits à néant.

Un jour, nous dit Ibn Ishâq, quelques notables Mecquois se réunirent dans le Sanctuaire Sacrée et Utba Ibn Rabî'a se proposa pour aller rencontrer le Prophète ﷺ afin d'essayer de conclure le marché suivant avec lui : les Mecquois lui donneraient toutes les richesses qu'il désire en échange de l'arrêt de son activité missionnaire et de son silence. Les autres notables approuvèrent cette proposition et c'est ainsi que Utba partit trouver le Prophète ﷺ pour lui déclarer : " Ô fils de mon frère ! Tu n'es pas sans connaître la place honorifique dont tu jouis parmi les tiens ainsi que la noblesse de ton lignage. Or, tu as apporté ce qui a engendré la dissension au sein de leur groupe, tu as déclaré insensé leur mode de vie, outragé leurs divinités et leur religion, tu as traité d'impies leurs ancêtres. Je m'en vais donc te faire des propositions, peut être trouveras-tu dans l'une d'elles satisfaction ". L'Envoyé d'Allah ﷺ lui dit : " Parle ô Abû Al-Walîd, je t'écoute " Il dit : " Ô fils de mon frère ! Si tu as fait tout cela en recherchant la richesse, nous te donnerons de nos biens jusqu'à devenir le plus riche d'entre nous. Si c'est aux honneurs que tu aspires, nous ferons de toi notre chef. Jamais nous ne prendrons de décision sans ton accord. Si tu désires devenir roi, nous t'offrirons la royauté. Si tu es sous le pouvoir d'un mauvais génie, qui de toute évidence te hante et te domine si bien que tu ne peux secouer son joug, alors nous ferons venir des médecins qualifiés pour te soigner ". Lorsque Utba eut énuméré ses propositions, le Messager d'Allah ﷺ lui dit : " As-tu fini ô Abû Al-Walîd ? " Et apprenant que tout venait d'être dit, il se mit à réciter les versets suivants : " Hâ mîn. C'est une révélation d'Allah, le Tout Miséricordieux, Celui qui exerce Sa Miséricorde. Un livre dont les versets ont été détaillés sous la forme d'un Coran arabe pour un peuple qui sait. Porteur de bonne nouvelle et d'avertissement. Mais la plupart d'entre eux tournèrent le dos. C'est qu'ils n'entendent guère. Ils dirent : " Nos cœurs sont dans des enveloppes qui leur voilent ce à quoi tu nous invites " (Coran 41:1-5). Le Messager d'Allah continua à réciter la Sourate tandis que Utba était assis et qu'il écoutait attentivement, les mains derrière le dos en guise d'appui. Quand le Messager ﷺ atteignit le verset à la lecture duquel il faut se prosterner, il se prosterna immédiatement. Après cela, il se tourna vers Utba en disant : " Eh bien, Abû Walîd ! Tu viens d'entendre ma réponse, tu es maintenant libre de faire ce que bon te semble ". Utba retourna auprès de ses amis pour les informer de l'attitude du Prophète ﷺ. Lorsque ceux-ci l'aperçurent, ils jurèrent qu'il était dans un état différent depuis sa rencontre avec le Messager d'Allah ﷺ. Il leur fit immédiatement part du discours, qu'il avait prononcé, il répéta la réponse qu'il avait reçue du Prophète ﷺ et il ajouta ceci : " Je n'ai jamais entendu de paroles semblables à celles qu'il a récitées. Je sui complètement convaincu à présent qu'il ne s'agit ni de poésie, ni de sorcellerie, ni de la prose rythmée des devins. Ô gens de Quraysh ! Je vous demande de suivre mon conseil et de laisser cet homme libre de continuer sa prédication, ainsi vous pourrez vous tenir à l'écart de lui, sans risque pour vous. Je jure que ses paroles auront un grand avenir. Si les autres Arabes vous débarrassent de lui, alors il vous épargneront des troubles, et si au contraire il parvient à dominer tous les Arabes, alors vous profiterez de sa future position de roi, vous partagerez sa puissance et vous serez les plus heureux des hommes ". Les nobles lui dirent : " Par Allah ! Il t'a ensorcelé par la beauté de son langage ". Il leur répliqua : " C'est là mon opinion. Faites donc ce que vous voulez ".

Dans une autre version, Utba écouta attentivement le Prophète ﷺ jusqu'à ce que celui-ci récitât le verset suivant : " Mais s'ils tournent le dos, dis alors : " Voilà que je vous ai mis en garde contre un foudroiement semblable à celui de Âd et de Thamûd " (Coran 41:13). A ce moment précis, Utba se leva, paniqué et abasourdi et il mit la main sur la bouche du Prophète  ﷺ en le suppliant de la façon suivante : " Je te demande solennellement, au Nom d'Allah et au nom des liens familiaux, de te taire ! " Il avait en effet peur que la calamité en question ne s'abatte sur le peuple de Quraysh. Il revint ensuite en toute hâte auprès de ses compatriotes et il les informa de ce qu'il avait entendu.

Abû Tâlib rassemble les Beni Hâshim et les Beni Abd Al-Muttalib

En dépit des bouleversements heureux récemment intervenus, Abû Tâlib se sentait toujours préoccupé par la sécurité de son neveu. Il réfléchit aux incidents qui s'étaient déroulés : les associants avaient menacé de le combattre lui et son neveu, ils lui avaient proposé de lui donner Umâra Ibn Al-Walîd s'il consentait à leur abandonner le Prophète ﷺ, Abû Jahl avait tenté de tuer le Prophète ﷺ, Uqba Ibn Abî Mu'ayt avait failli le faire, et finalement Umar lui-même, avant sa conversion, y avait sérieusement songé. Ce sage comprit que toutes ces atteintes à l'intégrité du Prophète ﷺ n'étaient que divers aspects d'un complot global ourdi par les associants. Ces derniers étaient déterminés à violer la protection qu'il accordait à son neveu et à le tuer. Dans cette perspective, Abû Tâlib était persuadé que ni Umar ni Hamza ni personne d'autre ne pourrait faire quoi que ce soit si l'un des associants venait à attaquer subitement le Prophète ﷺ pour mettre un terme à ses jours.

Les soupçons d'Abû Tâlib étaient fondés. En effet, les polythéistes avaient forgé un plan soigneusement étudié afin d'en finir avec le Prophète ﷺ et ils s'étaient unis pour le mener à bien. Il est fait référence à ce projet dans ce verset du Coran :

" N'est-ce pas que s'ils combinent un stratagème, Nous y répondrons par le Nôtre ? "

(Coran 43:79)

C'est pourquoi Abû Tâlib rassembla ses parents des Beni Hâshim et des Beni Al-Muttalib, Ibn Abd Manâf et les exhorta a être tels des boucliers pour son neveu. A l'exception de son frère Abû Lahab, tous répondirent positivement, croyants et polythéistes confondus.

Source : Muhammad l'Ultime Joyau de la Prophétie p.123-174