Zâd Al-Ma'âd - Ibn Al-Qayyim

Dans le Musnad de l'imam, Ibn Mas'ûd  (qu'Allah soit satisfait de lui) rapporte d'après le Prophète ﷺ :  Il n'est pas de serviteur en proie à une anxiété ou une tristesse qui dise :

" Ô Allah ! Je suis Ton serviteur, fils de Ton serviteur, fils de Ta servante. Mon toupet est dans Ta Main, Ta décision s'applique à mon égard, Ton décret à mon sujet est équitable. Je T'implore par tout Nom qui T'appartient, que Tu t'es donné à Toi-même, que Tu as fait descendre dans Ton Livre, que Tu as enseigné à l'un de Tes serviteurs ou que Tu as gardé pour Toi-même dans la connaissance de l'invisible, de faire du Coran le printemps de mon cœur, la lumière de ma poitrine, la dissipation de ma peine et la disparition de mon souci, sans qu'Allah ne dissipe sa tristesse et son anxiété, pour les remplacer par la joie ".

(Rapporté par Ahmad 3712, Ibn Hibbân 2372 et authentifié par Arna'ût et Albâni dans Silsilat al-Ahâdith Al-Sahîha 199)

Il renferme tant de connaisses divines et de secrets relatifs à la servitude, qu'aucun ouvrage ne pourrait le contenir. En effet, il englobe la reconnaissance de son état de servitude ainsi que celui de ses pères et mères, que son toupet est dans Sa Main et qu'Il en fait ce qu'Il veut. Sans Lui, le serviteur ne peut œuvrer ni pour lui ni contre lui-même, que ce soit en terme de vie, de mort ou de Résurrection. Car celui dont le toupet est dans la main d'autrui ne peut rien faire pour lui-même. Au contraire, il est prisonnier dans Sa Poigne, humble sous la puissance de Sa contrainte.

L'expression : " Ta décision s'applique à mon égard, Ton décret à mon sujet est équitable " comporte deux grands principes, lesquels constituent l'axe du monothéisme :

1. Le premier consiste à affirmer le destin et que les décisions du Très Haut se réalisent à l'égard de Son serviteur et s'appliquent contre lui. Il ne peut y échapper ni les repousser par un quelconque artifice.
2. Le second rappelle que le Tout Puissant est équitable dans ces décisions, Il ne lèse pas Son serviteur. Au contraire, Il ne s'écarte jamais de l'exigence de l'équité et de la bienfaisance. L'injustice est due au besoin, à l'ignorance ou à la stupidité de l'injuste. Il est impossible qu'elle émane de Celui qui sait toute chose, qui n'a besoin de rien alors que toute chose a besoin de Lui, et de Celui qui est le plus Sage des juges. Pas un seul atome de Ses décrets n'est privé de Sa sagesse et de Sa louange, de même qu'il n'échappe ni à Sa puissance ni à Sa volonté. Sa sagesse agit là où Sa volonté et Sa puissance opèrent. C'est la raison pour laquelle le Prophète d'Allah Hûd (que la paix soit sur lui) a dit à son peuple, lequel l'avait intimidé en mentionnant ses divinités : " Je prends Allah à témoin et vous aussi soyez témoins qu'en vérité, je désavoue ce que vous associez, en dehors de Lui. Rusez donc tous contre moi et ne me donnez pas de répit ! Je place ma confiance en Allah, mon Seigneur et le vôtre. Il n'y a pas d'être vivant qu'Il ne tienne par son toupet. Mon Seigneur, certes, est sur un droit chemin ". (Coran 11:54-57)

En d'autres mots, bien que mon Seigneur tienne toutes Ses créatures par le toupet et qu'Il les régisse comme Il l'entend, Il est sur la voie droite. Il ne les régente qu'avec équité, sagesse, bienfaisance et miséricorde. Ainsi, l'expression : " Ta décision s'applique à mon égard " est en adéquation avec la parole du Très Haut : " Il n'y a pas d'être vivant qu'Il ne tienne par son toupet ". De même, la sentence : " Ton décret à mon sujet est équitable " répond à Sa parole : " Mon  Seigneur, certes, est sur un droit chemin ".

Ensuite, le Prophète ﷺ sollicita son Seigneur par Ses Noms, par lesquels Il s'est nommé, ceux d'entre eux que les serviteurs connaissent aussi bien que ceux qu'ils ignorent. Parmi ces Noms, il en est dont Il a gardé la science exclusive de l'invisible auprès de Lui. Ainsi, Il n'en a partagé la science avec aucun Ange rapproché ni avec aucun Prophète envoyé. C'est le plus grand des Tawassul, celui qu'Allah préfère et la voie la plus courte pour l'obtention d'une requête.

Puis, il ﷺ a imploré son Seigneur de faire du Coran le printemps de son cœur, un printemps semblable à celui où les animaux vont paître. Le Coran est donc le printemps des cœurs. Il ﷺ L'a aussi invoqué pour que le Coran dissipe son souci et son angoisse, afin qu'il soit comme le remède éradiquant la maladie et redonnant au corps sa santé et son équilibre. Il ﷺ a également formulé la requête que le Coran élimine sa tristesse comme le décapant qui enlève les taches, la rouille, etc. Si ce remède est correctement utilisé par le patient, il le débarrassera de sa maladie en lui apportant une guérison totale, ainsi que la santé et la vitalité. Le succès vient d'Allah.

Source : Zâd Al-Ma'âd 3/278-279 d'Ibn Al-Qayyim