Zâd Al-Ma'âd - Ibn Al-Qayyim

Le Prophète ﷺ a dit au sujet de la mer :

" Son eau est pure et purifiante, et sa bête morte est licite ".

(Rapporté par Abû Dawûd 83)

Allah a voulu qu'elle soit salée, saumâtre, amère et désagréable à boire, dans l'intérêt absolu des hommes et des animaux qui peuplent la terre. En effet, cette eau est durable et stagnante. Elle renferme une grande quantité d'animaux. Beaucoup d'entre eux y meurent sans qu'on les enterre. Si elle était douce, elle deviendrait fétide à cause de sa stagnation d'une part, et d'autre part à cause des animaux qui y meurent et demeurent à l'état de cadavres.

L'atmosphère autour de ce monde acquerrait cette caractéristique : " Elle empesterait, dégagerait une odeur nauséabonde fétide et corromprait le monde par cette émanation infecte ".

Le Seigneur a voulu dans Sa sagesse, que cette mer soit comme de la saumure, si bien que si l'on y jetait tous les cadavres, les charognes et les corps en putréfaction du monde, ils ne l'altéreraient point. Elle se dénature pas le moindrement depuis sa création, jusqu'au jour où Allah pliera le monde. C'est la raison ultime qui explique sa salinité. Quant à la cause physique, c'est parce que son sol est marécageux et salé.

Il est bon de se laver avec son eau, parce qu'elle est efficace contre nombre d'infection de la peau. En revanche, son absorption nuit intérieurement aussi bien qu'extérieurement. Par exemple, elle relâche le ventre, rend faible, provoque des démangeaisons, la gale, le ballonnement et la soif. Si l'on est contrait d'en boire, il existe des moyens de combattre sa nocivité.

1. Une première méthode consiste à mettre de l'eau dans une marmite. On place des roseaux par-dessus et on y ajoute de la laine neuve cardée. On allume le feu sous la marmite jusqu'à ce que la vapeur s'élève pour imprégner la laine. Quand celle-ci en a absorbé une grande quantité, on l'essore et on renouvelle cette opération jusqu'à obtenir ce qu'on désire. Ainsi, on retrouvera dans la laine l'eau douce, tandis que la salinité demeurera dans la cuve.
2. Une deuxième façon consiste à creuser sur la plage un large trou où l'eau va s'infiltrer. A côté de ce trou, on en fait un second où cette eau s'infiltre, puis un troisième jusqu'à ce que l'eau s'adoucisse. Si, par la force des choses, on doit boire l'eau trouble, il faut alors y mettre des noyaux d'abricots, un morceau de bois de teck, des braises incandescentes qui s'y éteignent, de l'argile arménienne ou de la farine de gruau, afin que les impuretés se déposent au fond du récipient.

Source : Zâd Al-Ma'âd 3/436-437 d'Ibn Al-Qayyim