Taysîr Al-Karîm Ar-Rahmân - As-Sa'dî

" Tout ce qui est dans les cieux et sur la terre appartient à Allah qui Seul peut absoudre qui Il veut et punir qui Il veut. Allah est, en vérité, Plein de clémence et de miséricorde ".

(Sourate Al-Imrân verset 129)

Le cheikh Abd Ar-Rahman As-Sa'dî (qu'Allah lui fasse miséricorde) dit dans son l'explication des versets :

Après ce qui s'est passé à Uhud et après les épreuves endurées par le Prophète ﷺ, qui eut la tête blessée et deux dents cassées, ce qui éleva son degré auprès d'Allah, le Prophète ﷺ s'est exclamé : " Comment peut prospérer un peuple qui blesse son Messager ? " Il s'est mis ensuite à invoquer Allah contre les chefs de Quraych, comme Abû Sufyân Ibn Harb, de Safwân Ibn Umayya, de Suhayl Ibn Amrû et d'Al-Hârith Ibn Hishâm. Mais Allah lui reprocha cette invocation visant à les maudire et à les chasser de Sa miséricorde. " Le fait qu'ils soient coupables ne te permet pas de décider de leur sort ". Tu es seulement tenu de prêcher aux gens, de les exhorter et de les appeler à la Foi. Mais c'est à Allah qu'appartient le pouvoir de disposer des gens, en guidant qui Il veut et en égarant qui Il veut. N'invoque pas contre eux, car leur sort dépend d'Allah. Bien plus, si Sa sagesse et Sa miséricorde impliquent qu'Il les amène à résipiscence et leur fasse don de l'Islam, Il le fera, et si Sa sagesse implique qu'Il les laisse dans leur mécréance et leur égarement - car ce sont eux qui se font du tort à eux-mêmes en étant à l'origine de ce qui leur arrive - Il le fera. En effet, Allah a accepté le repentir de certains de ces dignitaires Quraychites et les a guidés à l'Islam.

Ce verset prouve que le choix d'Allah passe avant le choix de l'homme. En outre, il prouve que l'homme, quelle que soit sa position, peut choisir une chose, alors que le bien et l'avantage se trouve dans une autre chose. Si le Messager ﷺ  ne possède rien du sort des hommes, que dire alors des autres hommes ? Il y a là une réponse claire à ceux qui invoquent les Prophètes ou les saints, car c'est là une forme d'associationnisme et un manque d'intelligence, dans la mesure où ces gens là laissent de côté Celui qui possède la clé de toute chose et se tournent vers ceux qui ne possèdent même pas le poids d'un atome. C'est là l'égarement le plus évident. Remarque comment Allah en parlant du pardon qu'Il leur accorde, n'a mentionné aucune cause impliquant cela, pour montrer que le bienfait est une faveur exclusive de Sa part, sans que l'homme n'utilise de cause ou de moyen pour cela.

En parlant du châtiment, Il a mentionné en corrélation leurs injustices, en disant : " Ou de les punir, car ils sont injustes ". Ceci pour montrer la perfection de la justice d'Allah et de Sa sagesse, dans la mesure où Il a mentionné le châtiment dans son contexte, en indiquant qu'Il n'a pas été injuste envers Son serviteur mais que c'est le serviteur qui a été injuste envers lui-même.

Après avoir rappelé à Son Messager qu'il ne possède rien du commandement des choses, le Très Haut montre à qui appartient ce commandement et ce pouvoir en disant : " Tout ce qui est dans les cieux et sur la terre appartient à Allah ", comme les Anges, les Humains, les Djinns, les Animaux, les Planètes et les Minéraux, ainsi que tout ce qui se trouve dans les Cieux et sur la Terre. Tout appartient à Allah qui dispose comme Il veut de la disposition du Possesseur de sa possession, alors que Ses créatures ne disposent même pas du poids d'un atome de ce pouvoir. Par conséquent, elles dépendent de Lui aussi bien pour le pardon que pour le châtiment. Il pardonne à qui Il veut en le guidant vers l'Islam. Il lui pardonne son polythéisme et lui fait don de l'abandon des péchés " et punir qui Il veut ", en le laissant à la merci de son âme charnelle ignorante et ténébreuse qui aspire au mal et qui l'invite à cela en lui faisant mériter le châtiment.

A la fin, Il a conclu ce verset par deux Noms sublimes qui indiquent l'ampleur de Sa miséricorde et la grandeur de Son pardon et de Sa satisfaction, en disant : " Allah est, en vérité, Plein de clémence et de miséricorde ". Il y a là, la plus grande bonne nouvelle selon laquelle la miséricorde d'Allah passe avant Son courroux et Son pardon passe avant Sa punition.

On remarque que le Très Haut n'a pas conclu ce verset par deux Noms, l'un indiquant la miséricorde et l'autre le courroux, mais par deux Noms indiquant tous les deux la miséricorde. Le Très Haut possède en effet, une miséricorde avec laquelle Il comblera Ses serviteurs et que personne ne peut imaginer ou décrire. Nous Lui demandons (qu'Il soit glorifié) de nous combler de cette miséricorde et de nous faire entrer parmi Ses serviteurs vertueux.