L'Éthique des lecteurs Coran-Al-Ajurrî

Celui qui lit le Coran pour le monde ici bas ou pour le plaisir des gens qui y sont, il s'appesantira, en apparence, sur la prononciation des lettres en négligeant l'application du contenu du Coran.

Il sera orgueilleux dans son for intérieur et hautain à l'égard des autres. Il fait du Coran un fond de commerce qu'il monnaye auprès des riches pour gagner une subsistance ou se faire rendre des services. Pour ce faire, il accroîtra l'importance des riches de ce monde ici bas et fera diminuer celle des pauvres. Il est donc enclin à bien traiter le riche en convoitant ses biens et à chasser le pauvre et à être rude avec lui parce qu'il n'a pas de biens à offrir. Il exploite les pauvres à qui il récite le Coran et en fait un motif d'orgueil auprès des riches. S'il a une belle voix, il préférera lire le Coran pour les rois et diriger pour eux les prières par convoitise de leurs biens.Dans ce cadre, il se trouve peiné quand les pauvres lui demandent un tel service, parce qu'ils n'ont pas de biens entre les mains. Son souci étant uniquement le profit où qu'il se trouve et il s'y cramponne, et, se vantant d'être porteur du Coran, il emploi le Livre saint comme argument contre ceux qui sont de moindre niveau intellectuel par rapport à lui. Pour élargir ses connaissances, il ajoute à ce qu'il récite du Coran, les extraordinaires autres sciences du Livre saint et en fait son orgueil devant les gens.

S'il était sage, il aurait évité de se vanter de la sorte alors qu'on le voit comme égaré, vaniteux, abondant dans les paroles sans aucune limite, critiquant ceux qui ne récitent pas le Coran comme il le récite lui-même et cherchant des défauts à ceux qui sont à son niveau de connaissance.

Pour ce faire, il se donne de l'importance dans sa position assise et grotesque comme il est, il porte un cœur sans déférence dans son enseignement pour les autres. On le voit rire beaucoup et verset dans des conversations à propos de ce qui ne le regarde pas. Il se trouve plus préoccupé par l'entretien avec les gens autour de lui que par l'attention à accorder à celui qui vient pour apprendre auprès de lui. Autrement dit, il accorde plus d'attention à ceux qu'il ne devrait pas écouter au détriment de ceux à qui il devrait accorder sa considération. On dit de lui qu'il n'a jamais écouter un détenteur du Coran réciter le Livre saint. Son comportement se présente comme s'il était plus passionné par les paroles des gens que par les paroles du Seigneur (qu'Il soit glorifié et exalté). Il ne montre ni déférence, ni pleur, ni tristesse à l'écoute du Coran et il ne soumet pas son âme à ce à quoi elle est invitée, à savoir : à méditer sur ce qu'on lui fait écouter.

Il privilégie plutôt le monde ici bas et tout ce qui peut l'en rapprocher. Le monde d'ici bas est objet à la fois de sa colère et de son enthousiasme. Si quelqu'un arrive à restreindre les services qui lui sont dus, alors il rétorquera que l'on ne doit pas négliger les les servies dus aux gens du Coran et que ces services devront être pleinement rendus. Il exige des gens les services qui lui sont dus et n'exige pas de lui-même les services qui sont dus à Allah.

Il se met en colère contre autrui par prétention et ne se met pas en colère contre lui-même pour sa négligence de la Cause d'Allah. Il ne se préoccupe pas du fait que les biens qu'il amasse proviennent de sources licites ou illicites par la simple importance qu'il porte dans son cœur pour le monde d'ici bas.

Il se trouve triste, s'il ne réussit pas à acquérir ce qui ne lui appartient pas légalement. Il ne s'impose pas à lui-même la courtoisie du Coran et il ne se sent pas averti par les menaces, ni rassuré par les promesses du Coran, distrait et inconscient par rapport à ce qu'il lit ou à ce qu'on lit pour lui. Il se préoccupe plutôt de la prononciation superficielle des lettres et il est triste si l'une d'elles est mal prononcée. Il ne souhaite pas que cela diminue sa crédibilité auprès des hommes et que, par cette faute, son importance diminue auprès d'eux.

Cette crainte le rend triste et préoccupé. Par contre, il ne se préoccupe pas de ce qu'il aura négligé de ce qu'il lui a été prescrit ou interdit par Allah dans le Coran. Il n'y prête pas attention, se comportant, dans la plupart de ses agissements comme se comportent les ignorants parmi ceux qui ne connaissent pas la science du Coran. Il ne s'impose pas d'observer lui-même les prescriptions qu'Allah a rendues obligatoires pour lui d'observer dans Sa révélation :

" Prenez ce que le Messager vous donne et abstenez-vous de ce qu'il vous interdit ".

(Coran 59:7)

Son devoir doit être plutôt de se soumettre à l'étude du savoir, pour connaître ce que le Messager ﷺ a interdit, afin de se l'interdire. D'ailleurs c'est rare qu'il s'adonne à l'apprentissage du savoir dont la connaissance lui est obligatoire dans le cadre de ses rapports avec Allah (qu'Il soit glorifié et exalté) car il privilégie l'exhibition de la science par laquelle il se pare pour les gens de ce monde afin que ceux-ci l'apprécient et lui réservent un excellent traitement. Aussi est-il ignorant des règles du licite et de l'illicite parmi ce à quoi Allah et Son Messager l'ont invité. Il n'est pas soucieux de connaître la science des dons d'Allah, ni celle de la reconnaissance envers Le Donateur de ces dons.