Les Ruses de Satan - Ibn Qayyim

SONDER SES DÉFAUTS

Celui qui ne sonde pas les défauts de son âme sera incapable de les éliminer. Lorsqu'il parvient à reconnaître les défauts de son âme, il l'exècre pour la cause d'Allah.

- L'imam Ahmad rapporte qu'Abû al-Dardâ (qu'Allah soit satisfait de lui) a dit : " L'homme n'acquiert la compréhension profonde de la religion que lorsqu'il exècre les gens à cause de leurs manquements envers Allah, pour se tourner ensuite vers son âme et l'exécrer encore plus ".

(Ahmad dans al-Zuhd, p.143, Abû Dawûd dans al-Zuhd, p.228 et d'autres)

- Mutarrif Ibn Abd Allah a dit : " Si je n'étais pas conscient de la bassesse de mon âme, j'aurais détesté les gens ".

(Ibn Sa'd dans al-Tabaqât 7/144? Ibn Abî al-Dunyâ dans Muhâsabat al-Nafs 24, Abû Nu'aym dans Hilyat al-Awliyâ 2/210. La version rapportée par Ibn Sa'd et Abû Nu'aym est la suivante : " Si je m'étais considéré comme quelqu'un de pur, j'aurais détesté les gens ". Cette parole de Mutarrif va dans le même sens que celle précitée d'Abû al-Dardâ. Il veut dire par là que le mauvais comportement et les multiples péchés qui émanent des gens le poussent à les détester, mais le fait qu'il se considère comme eux ou pire qu'eux l'en empêche)

- Pendant qu'il invoquait sur le mont Arafa, Mutarrif a dit : " Ô mon Dieu ! Ne rejette pas [les requêtes de] ces gens à cause de moi ".

(Ibn Abî al-Dunyâ dans Muhâsabat al-Nafs 25)

- Bakr Ibn Abd Allah al-Muzanî a dit : " J'ai regardé les pèlerins sur le mont Arafa et je me suis dit qu'Allah leur pardonnerait, sauf que j'étais parmi eux ".

(Ibn Abî al-Dunyâ dans Muhâsabat al-Nafs 26 et al-Bayhaqî dans Shu'ab al-Imân 6/302)

- Ayyûb al-Sakhtiyânî a dit : " Quand on évoque les hommes pieux, je me sens bien loin d'eux ".

(Ibn Abî al-Dunyâ dans Muhâsabat al-Nafs 28,  Ibn Adî dans al-Kâmil 1/62, Abû Nu'aym dans Hilyat al-Awliyâ 3/5-6 et al-Bayhaqî dans Shu'ab al-Imân 6/302)

- Quand Sufyân al-Thawrî fut à l'article de la mort, Abû al-Ashhal et Hammâd Ibn Salama se rendirent à son chevet. Hammâd lui dit : " Ô Abû Abd Allah ! Ne vois-tu pas que tu es maintenant à l'abri de ce que tu redoutais et que tu es à quelques pas de Celui auquel tu aspirais, Lui le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux ? " Il répondit : " Ô Abû Salama,penses-tu que quelqu'un comme moi puisse être sauvé de l'Enfer ? " Ibn Salama dit : " Oui, par Allah, je l'espère bien pour toi ".

(Ibn Abî al-Dunyâ dans Muhâsabat al-Nafs 30 et Ibn al-Jawzî dans Sifat al-Safwa 3/151)

- Ibn Zayd rapporte que Muslim Ibn Sa'd al-Wâsitî a dit que Hammâd Ibn Ja'far Ibn Zayd lui a raconté cette histoire qu'il a entendue de la bouche de son père : " Nous partîmes en expédition à Kaboul. Il y avait dans l'armée Sila Ibn Ashyam. A la tombée de la nuit, les gens installèrent leur camp et accomplirent la prière. Sila s'allongea ensuite sur le côté. Je décidai de l'épier. Il scruta le moment d'inattention des gens et quand le sommeil gagna le camp, il se leva en sursaut et entra dans un bois proche. Je le suivis. Il fit ses ablutions puis se mit à prier. Un lion surgit et fut très proche de lui. Je grimpai un arbre et je me dis : " S'est-il aperçu de sa présence ou l'a t-il vu mais l'a pris pour un petit chien ? ". Quand il se prosterna, je me dis : " Le lion va sûrement le dévorer maintenant ! ". Il se mit ensuite en position assise, prononça les salutations finales, puis dit : " Ô toi le lion ! Cherche ta nourriture ailleurs ! ". Le lion s'en alla en poussant un mugissement qui fendit les montagnes. Sila continua de prier. Quand arriva le matin, il s'assit et prononça des formules de louange d'Allah qui sont sans pareil, puis dit : " Ô mon Dieu ! Je Te demande de me protéger contre le feu de l'Enfer. Quelqu'un de mon genre est trop indigne pour oser Te demander le Paradis ". Il revint le matin [au camp], comme s'il avait passé la nuit sur un lit moelleux et confortable. Quant à moi, Dieu seul sait combien j'étais fatigué ! "

(Ibn al-Mubârak dans al-Zuhd 863, Ibn Abî al-Dunyâ dans Muhâsabat al-Nafs 33,  al-Marwazî dans Ta'zîm qadr al-Salât 836 et Abû Nu'aym dans Hilyat al-Awliyâ 2/240) 

- Yûnus Ibn Ubayd a dit : " Je peux énumérer une centaine de qualités de bien, mais je ne me reconnais dans aucune d'elles ".

(Ibn Abî al-Dunyâ dans Muhâsabat al-Nafs 34 et Abû Nu'aym dans Hilyat al-Awliyâ 3/18) 

- Muhammad Ibn Wâsi' a dit : " Si les péchés dégageaient une odeur, personne ne supporterait de s'asseoir près de moi ".

(Ahmad dans al-Wara p.152, Ibn Abî al-Dunyâ dans Muhâsabat al-Nafs 37, al-Dînawarî dans al-Mujâlasa 157, Abû Nu'aym dans Hilyat al-Awliyâ2/349 et Ibn Asâkir dans Târîkh Dimashq 56/158)