Oû seras-tu dans l'Au-delà ? A.Q

Le mot martyrs en arabe Shuhadâ', qui signifie à la fois martyr et témoin serait alors un attribut général de tous les croyants véridiques. Cependant, selon une autre interprétation, les martyrs désignent ceux qui ont été tués dans le sentier d'Allah.

Dans cette optique, il serait préférable de considérer que la phrase se compose de deux parties distinctes, où le mot martyrs serait le sujet d'une nouvelle proposition, son prédicat étant la suite du verset. Cela impliquerait alors que trois éléments sont attribués aux croyants :

1. Ils sont les véridiques.
2. Ils sont les martyrs.
3. Ils auront leur récompense et leur lumière.

Une autre raison qui privilégie cette distinction en deux phrases est que cela permet de mentionner différentes catégories de bienheureux de manière autonome :

1. Les véridiques (as-sidîqûn).
2. Les martyrs (ash-shuhadâ')
3. Les pieux (as-sâlihûn) qui sont mentionnés au début du verset.

Ce dernier groupe correspond aux bienfaiteurs qui ont consenti à Allah un prêt sincère. Ces trois catégories forment ainsi un groupe distinct des Messagers, mentionnés un peu plus loin sur le verset : " Nous avons envoyé Nos Messagers avec des preuves évidentes ". (Coran 57:25) Ce qui recoupe la classification en quatre catégories de bienheureux mentionnées dans la sourate An-Nisa.

Puis Allah évoque les malheureux, qui se divisent en deux groupes :

1. Les mécréants : " Ceux qui ont rejeté la foi et Nos signe sont, pour leur part, voués au brasier de l'Enfer " (Coran 57:19.
2. Les hypocrites : " Ce jour là, les hypocrites, hommes et femme, diront aux croyants : " Attendez-nous que nous profitions de votre lumière ". (Coran 57:13)

Ces catégories englobent l'ensemble de l'Humanité. Allah, dans Sa sagesse, mentionne souvent dans le Coran les bienheureux et les damnés, tout en omettant généralement ceux qui oscillent entre les deux. Celui qui mêle les bonnes et les mauvaises actions dont donc rester vigilant, car il n'a aucune garantie de la part d'Allah et il ne fait pas partie de ceux qui ont reçu une promesse absolue. Toutefois, il ne doit pas non plus désespérer de la miséricorde d'Allah, car il n'est pas parmi les mécréants à qui a été assurée la damnation éternelle. Il se trouve entre le Paradis et l'Enter, tiraillé entre la promesse de la récompense et la menace du châtiment, chacun l'appelant vers ce qui lui correspond en fonction de ses actes.

C'est cette réalité qu'ont perçue ceux qui prônent une position intermédiaire entre la foi et la mécréance, mais ils ont commis l'erreur de croire à l'éternité du châtiment en Enfer. S'ils avaient simplement reconnu cette position intermédiaire tout en laissant le jugement final à la volonté divine et admis que le croyant impur finirait par être libéré de l'Enfer en raison de son monothéisme et de sa foi, ils auraient vu juste. Mais affirmer qu'il existe un état entre la foi et la mécréance tout en prétendant que celui qui s'y trouve sera condamné éternellement à l'Enfer, est une conclusion qui ne repose ni sur la raison, ni sur les textes révélés. Au contraire, les preuves explicites et authentiques du Coran et de la Sunna réfutent clairement cette thèse et Allah est plus savant.

D'ailleurs, celui dont les actions oscillent entre le bien et le mal peut comprendre son sort à travers les versets traitant des promesses et des menaces. Allah a établi une rétribution pour chaque action, bonne ou mauvaise. Si in individu accomplit à la fois des actes méritoires et fautifs, il porte en lui les causes des deux types de rétribution et Allah ne néglige rien, fût-ce du poids d'un atome. Si son mal atteint un degré qui annule totalement ses bonnes actions, comme l'association à Allah, alors c'est l'effet du mal qui l'emporte. Mais si sa faute n'efface pas totalement son mérite, comme dans le cas des péchés autres que la mécréance, alors il subira les deux conséquences à moins qu'un facteur vienne annuler l'une d'elles, ce qui sera détaillé plus tard, si Allah le veux.

Ainsi, le degré de la véridicité, du savoir éducationnel, de l'héritage prophétique et de la succession aux Messagers constitue la plus noble des positions au sein de la communauté. Ne serait-ce que pour cette raison : quiconque apprend d'eux, enseigne à d'autres, ou transmet leur savoir, voit son mérite multiplié tant que leur enseignement demeure vivant à travers les âges.

Le Prophète ﷺ a dit à Alî Ibn Abî Tâlib :

" Et jure qu'il vaut mieux pour toi qu'Allah guide un seul homme par ton intermédiaire que posséder les biens le plus précieux ".

(Rapporté par Bukhâri 3701 et Muslim 2406)

Il a également dit :

" Quiconque instaure en Islam une tradition louable en obtiendra la récompense et celle de tous ceux qui l'imiteront après lui, sans que cela ne réduise en rien leur récompense ".

(Rapporté Muslim 1017)

Il a aussi affirmé :

" Lorsqu'un homme meurt, ses bonnes actions s'interrompent à l'exception de trois : une aumône continue, un savoir dont les gens tirent profit ou un enfant vertueux qui prie pour son salut ".

(Rapporté par Muslim 1631)

" Quand Allah veut du bien à quelqu'un, il augmente sa science et sa compréhension de la religion ".

(Rapporté par Bukhâri 71 et Muslim 1037)