Histoires du Shaykh Mahmûd Al-Misrî

Une femme qui souffrait de troubles mentaux s'attaqua à la réputation d'un homme en lui disant : " Ô fils d'un fornicateur et d'une fornicatrice ".

Elle fut déférée devant le juge d'Al Kûfa Muhammad Ibn 'Abd Ar Rahmân Ibn Abî Laylâ et elle avoua avoir accusé de fornication les parents de l'homme qui porta plainte.

Le juge appliqua sur elle deux peines légales dans la mosquée et la nouvelle parvint à Abû Hanîfa qui dit : " Le juge a commis sept erreurs :

• Il a fondé son jugement sur les aveux d'une femme qui souffre de troubles mentaux. Or les aveux d'une femme qui souffre de troubles mentaux sont sans valeur.

• Il l'a condamnée à une peine corporelle [hadd]. Or les peines corporelles ne doivent être appliquées qu'à une personne pleinement responsable qui savait que l'acte commis était interdit par la loi.

• Il lui a infligé deux peines, or celui qui accuse de fornication, par une seule formule, plusieurs personnes, n'est passible que d'une peine légale.

• Il a appliqué sur elle deux peines légales en même temps, or quand il y a cumul de deux peines corporelles, on ne les inflige pas successivement au condamné, mais on lui inflige la première peine, puis on le laisse jusqu'à ce qu'il guérisse de ses blessures pour lui infliger la deuxième peine.

• Il a appliqué sur elle une peine légale dans la mosquée, or on ne doit pas appliquer les peines dans la mosquée.

• Il l'a fouettée debout, alors que la femme doit être fouettée assise.

• Il l'a fouettée sans la présence de son tuteur [son père, son mari...], or la femme reçoit la peine corporelle en présence de son tuteur, ainsi lorsqu'une partie de son corps se dénude, il la couvre.

Information

Si quelqu'un dit à une personne de bonnes moeurs et qui est au dessus de tout soupçon quant à sa chasteté : " Ô fornicateur ! " ou " Ô fornicatrice ! ", s'il s'agit d'une femme, il doit fournir au juge une preuve du bien fondé de son accusation, sinon il subira trois punitions :

- Il recevra une peine corporelle de 80 coups de fouets,

- Son témoignage ne sera plus recevable,

- Et il sera qualifié de prévaricateur, c'est à dire qu'il perd sa qualité d'homme honorable, sauf s'il se repend et s'améliore.

Allah le Très Haut a dit en effet :

" Et ceux qui lancent des accusations contre des femmes chastes sans produire par la suite quatre témoins, fouettez-les de quatre-vingts coups de fouet, et n'acceptez plus jamais leur témoignage. Et ceux-là sont les pervers, à l'exception de ceux qui, après cela, se repentent et se réforment, car Allah est Pardonneur et Miséricordieux ".

(Coran 24:4-5)

Allah a édicté cette loi pour protéger l'honneur des gens et laver de tout soupçon la personne honnête qui a été calomniée et pour lui donner gain de cause.