Aïsha l'épouse du Prophète

Le don de l’Ange

La dixième année de la mission du Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) était une année pleine de lourdes épreuves. Il avait subi de sévères coups, les uns après les autres. Tout d’abord, son oncle Abû Tâlib mourut, et ensuite sa femme Khadija. Tous deux se montraient pour lui d'un grand soutien en le protégeant contre les assauts des Mecquois.

La mort de Khadija était une perte particulièrement douloureuse. Elle mit une fin au confort d'un foyer heureux. Khadija était plus qu'une épouse. Première convertie à l'Islam, elle était la meilleure conseillère et compagne du Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam). Sa mort créa un vide qui semblait être impossible à combler.

Les persécutions de la part des Mecquois redoublaient d’intensité, ce qui rendait le Prophète inhabituellement triste. Sa joie naturelle s'en était allée.

Une nuit,  alors que le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) était allongé, il vit en rêve un Ange descendre transportant quelque chose enveloppé dans un tissu de soie. Il le présenta au Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) :

" Qu’est ce que c’est ? lui demanda-t-il.

C’est ta femme, répondit l’Ange.

Le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam)ouvrit le tissu et trouva Aïsha à l’intérieur, et ce rêve se reproduisit trois nuits successives.

Le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) se dit : si cela [ce rêve] provient d'Allah, Il l'accomplira ".

(Rapporté par Bukhâri et Muslim)

La signification de ce songe [ru'ya] était trop évidente pour ne pas être comprise. Le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) avait besoin d’une compagne pour continuer sa mission. Elle devait avoir des talents inhabituels. Le choix n'était pas facile à faire. La volonté Divine le fit pour le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam). 

Allah (ta'âla) a choisi 'Aïsha, la fille du Véridique Abû Bakr, le compagnon le plus proche au cœur du Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) pour combler le vide laissé par la mort de Khadija.

'Aïsha fut choisie par la Providence, non seulement pour assurer le bien être d'un foyer, mais aussi pour transmettre aux prochaines générations de l'humanité, l'image idéale de la rectitude et de la vertu humaine, que représentait la vie du Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) au quotidien.

L’enfance

'Aïsha était la fille d'Abû Bakr, l'ami intime du Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam), se mère, Oum Roumâne, était auparavant mariée à un autre homme. Elle devint veuve et épousa Abû Bakr. Elle eut avec lui deux enfants, 'Aïsha et Abdou ar Rahmâne.

'Aïsha est née vers la fin de la quatrième année de la mission du Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam). On ne connaît pas exactement sa date de naissance. Cependant, elle avait environ huit ou neuf ans quand l'émigration vers Médine commença.

'Aïsha est donc née et a grandit dans un foyer musulman. Le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) y venait souvent en visite. Abû Bakr et lui s'asseyaient de longs moments ensemble. La petite 'Aïsha jouait autour. Mais même toute jeune, son esprit éveillé captait rapidement les lumières de la révélation autour d'elle.

Les parents d'Aïsha étaient très investis dans la nouvelle religion. Son père construisit une petite mosquée dans la cour de sa maison où il priait et récitait le Coran. La petite 'Aïsha recueillait passionnément les pratiques de l'Islam. Elle était, depuis son plus jeune âge, dotée d'un grand sens des responsabilités. 'Aïsha était une enfant précoce. Sa croissance physique et morale étonnait tout le monde. Même à cet âge précoce, elle posait des questions extrêmement intelligentes. Elle examinait attentivement tout ce qu'elle voyait, et essayait de trouver les raisons de telle où telle chose.

Elle avait une très bonne mémoire et ses commentaires sur des personnes ou sur des choses étonnaient ses parents.

Naturellement, 'Aïsha aimait jouer. Les poupées et la balançoire l'attiraient le plus. Même fillette, elle respectait le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam). Quand il venait, elle rangeait ses poupées. Ses camarades de jeu suivaient son exemple. Mais le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) aimait voir les enfants jouer. Il ne voulait pas que les enfants soient effrayés par quelqu'un. Aussi, il l'appela 'Aïsha et ses camarades et dit : " Pourquoi arrêtez-vous de jouer ? Faites ce qui vous plaît et continuez de jouer ".

Un jour, 'Aïsha était occupée avec ses poupées quand le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) arriva. Il vit un petit cheval avec des ailes, près de la poupée.

- Qu'est ce que c'est ? demanda t-il en montrant le jouet.

- Un cheval !

- Mais les chevaux n'ont pas d'aile, n'est ce pas ?

- Pourquoi pas ? Les chevaux de Salomon avaient des ailes !

Telle était la force de raisonnement d'Aïsha à cet âge. Sa mémoire était si grande qu’elle connaissait quelques passages du Coran par cœur. Elle les recueillait de son père. Elle avait un peu plus de huit ans quand eut lieu l’émigration (la hijra) du Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) de la Mecque vers Médine. Quelques années plus tard, personne ne pouvait détailler la hijira d'une façon aussi précise que 'Aïsha.

Le mariage

Quand l'ange dit au Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) qu'Aïsha avait été choisie pour être sa femme, elle avait seulement six ans. Mais elle paraissait en avoir plus. Le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) comprit qu'elle grandirait vite et deviendrait une femme aux talents remarquables.

Othmane Ibn Maz’oune était un compagnon intime du Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam), il raconta à sa femme combien la mort de Khadija avait affecté la vie du Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam). Sa femme Khawla réfléchit attentivement à la question.

Finalement, elle alla un jour trouver le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) et lui dit :

- Ô Envoyé d'Allah, pourquoi ne te remaries tu pas ?

- Mais avec qui ? demanda l'Envoyé d'Allah (sallallahu 'alayhi wa sallam).

- Si tu veux, il y a aussi bien des jeunes filles que des veuves, répondit-elle. Si tu permets, je pourrai t'en parler.

- Qui est la jeune fille et qui est la veuve ?

- Quant à la jeune fille, c'est 'Aïsha la fille de celui que tu aimes le plus parmi les hommes. Et quant à la veuve, c'est Saouda, fille de Zam'ah, elle croit en toi et te suit.

- D'accord, dit le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam), parles en à leurs tuteurs.

Khawla partit trouver Oum Romane et lui dit :

- Quel grand bien et quelle grande bénédiction qu'Allah vous octroie !

- La mère d'Aïsha s'exclama : " De quoi s'agit-il ? "

- Khawla lui dit alors : " Je suis envoyée par le Prophète d'Allah (sallallahu 'alayhi wa sallam) vous demander en mariage votre fille 'Aïsha.

- J'aimerais bien que tu attendes Abû Bakr, répondit la mère.

Un peu plus tard Abû Bakr arriva et quand Khawla lui parla de cette question, sa première réaction fut une réaction de surprise.

Il dit : " Peut-il l'épouser alors qu'elle est la fille de son frère ? "

Khawla transmit la réponse au Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) qui répondit : " Dis lui qu'il est mon frère en Islam et le mariage avec sa fille m'est licite ".

Khawla transmit la réponse au Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) qui répondit : " Dis lui qu'il est mon frère en Islam et le mariage avec sa fille m'est licite ".

Khawla rapporta les commentaires du Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) à Abû Bakr, qui fut très content. En lui donnant sa fille en mariage, il ne pouvait qu'être davantage au service du Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) et de l'Islam, lui et sa famille.

Cependant, il y avait un obstacle. 'Aïsha était déjà fiancée. Mais le garçon et ses parents étaient toujours des non croyants. Abû Bakr pensa qu'il fallait d'abord régler cette question.

Il alla trouver les parents du garçon et dit :

- Je veux une réponse définitive, avec respect, au sujet des fiançailles d'Aïsha et de votre fils.

L'homme consulta sa femme

- Nous ferions mieux de rompre ces fiançailles, dit-elle. Cette musulmane enlèvera notre fils de la religion de nos ancêtres.

L'homme dit alors à Abû Bakr, qu'il ne voulait pas que son fils épouse 'Aïsha [*].

Abû Bakr était heureux. Il pouvait maintenant marier sa fille au Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) et être au service de l'Envoyé d'Allah à l'intérieur de son foyer à travers sa fille, comme il l'était en dehors de son foyer par sa propre personne.

Ce mariage resta à l'étape de fiançailles, car 'Aïsha était encore jeune. Son âge, selon les historiens, était entre sept et dix ans.

[*] Les Arabes avaient comme coutume de faire fiancer leurs enfants très jeunes, parfois même juste après la naissance.