Les Djinns & Les Ruses de Satan

UN AUTRE DERAPAGE DE LA LANGUE - L'EXCES DE BADINAGE

- Al Jawhri, dans As Sihâh 1/356, explique le terme arabe Mazh [badinage], comme le fait de plaisanter.

- Al Khatîb (qu'Allah lui fasse miséricorde), affirme ce qui suit dans Al Jâmi'li Al Akhlâq Ar Râwi wa Adâb As Sâmi 1/214 : " Celui qui étudie le hadith doit éviter de jouer, de badiner et de se comporter dans les cercles d'études négligemment et avec légèreté, en se laissant par exemple aller à des éclats de rire ou en plaisantant sans arrêt. En revanche, plaisanter de temps en temps, sans déroger à la bienséance et aux bonnes manières est permis. Quant aux plaisanteries excessives et inconvenantes qui tiennent de la bêtise et qui causent du tort, elles sont blâmables. D'ailleurs, se laisser aller à la plaisanterie et au rire abaisse le rang d'une personne et lui enlève de sa noblesse ".

- Ibn Abd Al Barr (qu'Allah lui fasse miséricorde), affirme ce qui suit, comme le rapporte Ibn Mouflih dans Al Adâb Ach Char'iyyah 2/338 : " Certains savants déconseillent l'excès de plaisanterie compte tenu de ses conséquences souvent néfastes, de l'atteinte qui, à travers elle, est souvent portée à l'honneur des gens, de la rancoeur qu'elle suscite et de l'animosité qu'elle provoque entre les musulmans. Au point que les gens disaient : " Chaqe chose à un début et le début de l'animosité est la plaisanterie ".On disait aussi : " Si la plaisanterie était un étalon, il ne féconderait que le mal ".

- An Nawawi dans Al Adhkâr 1/401 affirme ce qui suit : " Selon les savants de l'Islam, ce qui est interdit ce sont les plaisanteries exagérées et continuelles. En effet, ces plaisanteries provoquent les rires, rendent le coeur dur, détournent de l'invocation d'Allah, empêchent de réfléchir aux choses importantes de la religion et le plus souvent, causent du tort aux autres, suscitent la haine et enlèvent toute dignité à celui qui en abuse. Quant aux plaisanteries qui ne produisent aucune de ces conséquences, celles auxquelles avait recours, très rarement, le Messager d'Allah (sallallahu 'alayhi wa sallam) pour égayer son interlocuteur, le mettre à l'aise, ou dans un autre intérêt, elles sont autorisées. Ce genre de badinage constitue même une tradition prophétique qu'il est recommandé de mettre en pratique. Que l'on s'appuie donc sur les paroles des savants de l'Islam que nous avons rapportées à ce sujet et sur les hadiths que nous avons mentionnés, ainsi que les règles juridiques qu'ils renferment, car les gens en ont grandement besoin. Et Allah est le garant du succès ".

C'est donc ainsi qu'il convient de comprendre les hadiths qui interdisent la plaisanterie.

- Abû Dâwûd rapporte d'après Abd Allah, fils de Sâïb, fils de Yazîd, d'après son père Sâïb, que son grand-père Yazîd entendit le Messager d'Allah (sallallahu 'alayhi wa sallam) dire : " Que personne parmi vous ne prenne les affaires de son frère, pas même pour plaisanter ".

En outre, nombre de vers ont été composés pour condamner le badinage. Ainsi, Mis'ar Ibn Kidâm a dit à son fils Kidâm :

Je te prodigue, ô Kidâm, cette recommandation.

Ecoute ce que dit un père envers toi plein de compassion.

Ecarte-toi du badinage comme de la dispute,

Car ce sont deux défauts que je n'accepte pas chez un ami.

Les ayant expérimentés, je ne les agrée,

Ni chez un voisin, ni chez un compagnon.

L'ignorant est dénigré auprès des siens

Tant et si bien qu'il devient la risée des gens.

D'AUTRES POETES ONT DIT :

Plaisante avec ton ami tant qu'il apprécie tes paroles

Mais évite de le faire devant les gens

Il est bien probable qu'une seule de ces railleries

Ouvre la porte à une esquisse d'animosité.

Ne plaisante pas excessivement mais si tu le fais

N'y ajoute pas un mauvais comportement

Méfie-toi d'une plaisanterie qui peut vexer

Les plaisanteries précèdent souvent les colères.

L'orgueil est une bassesse et rester humble t'élève

Celui qui abuse des railleries et du rire est discrédité

L'avidité est pauvreté et se contenter de peu une fierté

Désespérer de ce qu'Allah a décrété est égarement.

Méfie-toi, je te dis, méfie-toi de trop plaisanter

Cela fera de toi un sale gosse bien minable

La lumière de ton visage se dissipera

Et laissera place à l'obscurité de la honte

Un homme rencontra son frère, son ami

Il lui tint des propos qui ne se pardonnent pas

Puis s'excusa en disant vouloir plaisanter et s'amuser

Malheur à toi, tu serviras de combustible au fond de l'Enfer

Tu l'as cherché en ne cessant de rire et de te moquer

De ceux qui ont maintenant le coeur brisé

Ne sais-tu pas, certes l'ignorance te domine

Que plaisanter peut être la plus grande des insultes.

En revanche, les plaisanteries et jeux attribués notamment au Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) dans les hadiths sont des types de badinage autorisés.

- Boukhâri et Mouslim rapportent ce récit de Mahmoud Ibn Rabî (qu'Allah l'agrée) rapporte : " Je me souviens que le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) m'envoya un jour au visage, en l'expulsant de sa bouche, de l'eau qu'il avait prise dans un seau. J'avais alors 5 ans ".

- Boukhâri et Mouslim rapportent ce récit d'Anas Ibn Mâlik (qu'Allah l'agrée) : " Le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) avait le meilleur des comportements. J'avais un frère que l'on surnommait Abû Umayr - je pense qu'il avait déjà été sevré - Lorsque le Messager (sallallahu 'alayhi wa sallam) venait, il disait : " Ô Abu Umayr, qu'a fait le petit rossignol [noughayr] ? " Il s'agissait d'un rossignol avec lequel il jouait. Il arrivait qu'à l'heure de la prière le Prophète se trouvât chez nous. Il demandait alors que le tapis sur lequel il était assis soit balayé, puis aspergé d'eau, puis il se levait pour diriger la prière avec nous ".

Il est donc apparu que la plaisanterie est licite à certaines conditions :

• Si elle n'est pas accompagnée de mensonges,

• Si elle n'est pas utilisée à l'excès. Car trop plaisanter a des effets néfastes, parmi lesquels : la perte de temps et l'excès de rires,

Le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) a dit :

" Trop rire fait mourir le coeur ".

(Rapporté par Mâjah, Tirmidhî, Ahmad et authentifié par Albâni)

• Si elle ne cause pas de tort à celui qui est l'objet de la plaisanterie.