Les Invocations Après la Prière

Le Dhikr est un feu. S'il entre dans une demeure, il dit : C'est moi, non un autre ! S'il y trouve du bois, il le brûle ; s'il y trouve des ténèbres, il les change en lumière ; s'il y trouve de la lumière, il y met lumière sur lumière.

LES VERTUS DU RAPPEL D'ALLAH

Allah, dans plusieurs endroits du Coran, invite les hommes à L'évocation en vantant les mérites de cette pratique qui est au coeur de tout acte adoratif, voire au coeur de toute oeuvre humaine, car il suffit que le souffle du rappel habite l'action de l'homme, fût-elle d'ordre mondain, pour qu'elle prenne vie et soit agréée d'Allah.

Allah dit :

" Et le Rappel d'Allah est plus grand ".

(Coran 29:45)

" Souvenez-vous de Moi et Je Me souviendrai de vous ".

(Coran 2:152)

" Rappelle ton Seigneur en toi-même, dans l'humilité et la crainte, sans élever la voix, matin et soir.

Ne sois pas au nombre des insouciants ".

(Coran 7:205)

" Rappelez Allah fréquemment.

Peut-être serez-vous du nombre des bienheureux ".

(Coran 62:10)

" Les musulmans et les musulmanes, les croyants et les croyantes, les dévotieux et les dévotieuses, les hommes et les femmes véridiques, ceux et celles qui craignent Allah, qui jeûnent, qui contiennent leur sexe, pratiquent assidûment le Rappel d'Allah, Allah leur ménage Son indulgence et un salaire grandiose ".

(Coran 33:35)

" Vous qui croyez, rappelez Allah d'un rappel incessant.

Proclamez Sa transcendance du matin au crépuscule ".

(Coran 33:42)

La Tradition prophétique, elle aussi rappelle le poids de l'évocation d'Allah, car c'est la mention d'Allah qui établit le distinguo entre le vivant et le mort ; la vie elle-même ne vaudrait rien n'était le rappel d'Allah.

Et il suffit, pour mesurer l'importance capitale du Dhikr et sa fonction salutaire pour l'homme, de souligner qu'Allah se souvient de celui qui se souvient de lui et qu'Il abandonne quiconque se détourne de Son évocation.

Autre argument quant à l'excellence du Dhikr, le fait que celui qui évoque Allah est en Sa compagnie.

Boukhâri rapporte ces paroles divines :

" Je suis avec Mon adorateur partout où il se souvient de Moi et remue ses lèvres pour prononcer Mon nom ".

(Rapporté par Boukhâri)

Le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) a dit :

" La semblance de celui qui rappelle son Seigneur et celui qui ne Le rappelle pas, est celle du vivant et du mort ".

(Rapporté par Boukhâri)

Il a également dit :

" Allah a des anges qui rôdent par tous les chemins recherchant ceux qui rappellent Allah. Quand ils rencontrent un groupe de gens qui rappellent Allah, ils se hèlent les uns les autres : Voyez ce que vous cherchiez ! Ils les entourent de leurs ailes au point d'en couvrir les cieux inférieurs et, bien qu'Il soit mieux au courant qu'eux, leur Seigneur leur demande : Que font Mes adorateurs ? Ils répondent : Ils proclament Ta transcendance, Ta grandeur, Ta louange, Ta gloire.

- M'ont-ils vu ? dit le Seigneur.

- Non, par Allah, répondent les anges, ils ne T'ont pas vu.

- Et que serait-ce donc, s'ils M'avaient vu ? reprend Allah.

- S'ils T'avaient vu, leur adoration serait encore plus vive ; leur glorification plus intense et leur exaltation de Ta transcendance plus nombreuse.

- Que Me demandent-ils ?

- Ils Te demandent le Paradis.

- L'ont-ils vu ?

- Non, par Allah, ô Seigneur, ils ne l'ont pas vu.

- Que serait-ce donc s'ils l'avaient vu ?

- S'ils l'avaient vu, ils seraient plus avides de l'obtenir ; ils le rechercheraient avec plus d'insistance ; ils le désireraient plus vivement encore.

- Contre quoi se réfugient-ils auprès de Moi ?

- Contre l'Enfer.

- L'ont-ils vu ?

- Non, par Allah, ô Seigneur, ils ne l'ont pas vu, sinon ils seraient plus empressés à le fuir ; ils en éprouveraient une crainte plus vive.

- Je vous prends à témoins que Je leur pardonne.

- Alors un des anges dira : Il y a parmi eux Untel qui ne fait pas partie du groupe ; il est venu là pour une affaire.

- Ce sont les julasâ [ceux qui s'assoient pour rappeler Allah], répondra le Seigneur, et quiconque s'assoit avec eux ne saurait le regretter ".

(Rapporté par Boukhâri)

Il a aussi rapporté d'après Son Seigneur :

" Je suis pour Mon serviteur ce qu'il croit que Je doive être.

Je suis avec lui chaque fois qu'il Me mentionne ; s'il Me mentionne en lui-même, Je le mentionnerai en Moi-même ; s'il Me mentionne en public, Je le mentionnerai Moi-même dans un public bien meilleur encore ".

(Rapporté par Boukhâri et Mouslim)

Dans un hadith :

" Un homme dit : " Ô Envoyé d'Allah, les lois de l'Islam me pèsent par leur nombre ; enseigne-moi une chose à laquelle je m'attacherai et que je pratiquerai avec assiduité ".

Le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) lui répondit :

" Fais en sorte que ta langue soit toujours imprégné du Rappel d'Allah ".

(Rapporté par Tirmidhî)

Le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) a aussi dit :

" Les prairies du Paradis, ce sont les cercles du souvenir [dhikr], alors lorsque vous en trouvez un, alimentez-vous [autrement dit : asseyez-vous et prenez place parmi ceux qui rappellent Allah] ".

(Rapporté par Tirmidhî)

" Vous informerai-je de la meilleure de vos oeuvres et la plus pure au regard de votre Roi, celle qui vous élèvera aux plus hauts degrés et qui vaut mieux pour vous que de dépenser l'or et l'argent, qui vaut mieux pour vous que de rencontrer l'ennemi, de lui couper le cou et qu'il ne coupe le vôtres ?

Certes oui, répondirent les fidèles.

C'est de pratiquer le Rappel d'Allah ".

(Rapporté par Tirmidhî)

Ibn Abbâs (qu'Allah l'agrée) a dit : " Le diable est juché sur le coeur du fils d'Adam. Quand celui-ci se distrait, il susurre à son coeur, et lorsqu'il rappelle Allah, il se dérobe ".

Mu'âdh Ibn Jabal (qu'Allah l'agrée) a dit :

" Le fils d'Adam n'accomplit pas d'oeuvre qui préserve autant du châtiment que le rappel d'Allah ".

(Rapporté par Ahmad)

On rapporte que Moïse (paix sur lui) avait demandé à Allah : " Seigneur ! Es-tu éloigné, de sorte qu'il faille T'interpeller, ou bien es-Tu proche, de sorte qu'un chuchotement suffise ? ". Il lui fut répondu : " Ô Moïse ! J'accompagne celui qui M'invoque et suis avec lui au moment même où il se souvient de Moi ! ".

Le terme arabe Dhikr que l'on traduit généralement par évocation, rappel, souvenir, mention, désigne tout à la fois le fait même de rappeler Allah et la pratique par le truchement de laquelle on revivifie le souvenir d'Allah dans le coeur.

Il est opposé à la Ghafla [l'insouciance] et au Nisyân [l'oubli].

Le terme Dhikr peut cependant couvrir un sens plus large. Ainsi selon certains érudits, faire l'exégèse d'un verset du Coran, expliquer une parole prophétique ou une règle juridique, relater la vie du Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) et celle des ses Compagnons, mettre en exergue les signes d'Allah dans l'univers ou y méditer, réciter le Livre d'Allah ; tout cela participe du Dhikr.

Confirmant cette définition, Ibn Atâ Allah As Sakandâri a dit : " Le dhikr est une libération de l'ignorance et de notre propension à l'oubli et ce à travers la présence, permanente, du coeur avec la Réalité. Il a été dit qu'il s'agit de la répétition du Nom de l'Invoqué par le coeur et par la langue. Que l'on se souvienne d'Allah Lui-même, d'un de Ses attributs, d'un de Ses commandements, d'une de Ses actions ou que l'on tire une conclusion basée sur ceux-là, cela revient au même. Se souvenir d'Allah peut prendre la forme d'une supplication envers Lui, ou la mention de Ses Messagers, Ses Prophètes ou toute personne proche ou renvoyant à Lui. Le souvenir peut être  procuré par une bonne action, comme celle de réciter le Coran, par la mention du Nom d'Allah, par la poésie, le chant, une discussion ou bien une anecdote ".

De même Sa'îd Ibn Jubayr a dit : " Quiconque obéit à Allah, se rappelle d'Allah ".

Atâ a dit quant à lui : " Les assemblées du Dhikr sont celles qui traitent du licite et de l'illicite, où l'on apprend comment vendre et acheter, comment accomplir sa prière, son jeûne, les règles et les prescriptions du mariage et du divorce, la pratique du pèlerinage..."

Al Qurtubî a dit : " L'assemblée du Dhikr est celle de la science et du Rappel, celle où l'on traite des propos d'Allah, de la tradition de Son Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam), de la conduite des Pieux Anciens et de la sagesse des Saints exempts d'affectation, de toute innovation blâmable, de toute intention vicieuse et de toute convoitise ".

Le dénominateur commun entre toutes ces formes variées de Dhikr est qu'elles font sortir le serviteur de l'état d'insouciance et le portent à se concentrer sur Allah.

Seulement pour se maintenir dans l'état de Dhikr, il est important de fréquenter les gens éveillés, ceux dont les coeurs sont vivants et non morts spirituels, lesquels sont un poison mortel pour le coeur.

Le Messager d'Allah (sallallahu 'alayhi wa sallam) ne dit-il pas : " Le meilleur jâlis [celui avec qui on s'assoit et qui nous tient compagnie] est celui dont la vue vous rappelle Allah ".

Par ailleurs, l'on peut indifféremment faire du Dhikr seul ou en assemblée, la Tradition comportant des témoignages en faveur de ces deux manières de rappeler Allah.