Sourate 96 Al-Alaq

Boukhâri et Mouslim rapportent qu'Aïsha (qu'Allah soit satisfait d'elle), la Mère des Croyants a dit :

" La Révélation débuta chez l'Envoyé d'Allah (sallallahu 'alayhi wa sallam) par de pieuses visions qu'il avait pendant son sommeil.Pas une seule de ces visions ne lui apparut sinon avec une clarté semblable à celle de l'aurore.Plus tard, il se prit à aimer la retraite. Il se retira dans la caverne de Hirâ, où il se livra au  tahannuth, c'est à dire à la pratique d'actes d'adoration durant un certain nombre de nuits consécutives, sans qu'il revînt chez lui ; aussi se munissait-il à cet effet de provisions de bouche.Ensuite, il revenait vers Khadija et prenait les provisions nécessaires pour une nouvelle retraite. Cela dura jusqu'à ce qu'il reçût enfin la Révélation dans cette caverne de Hirâ ".

(Rapporté par Bukhâri 3 et Muslim 160)

" L'ange vint alors le trouver et lui dit : " Lis ! - Je ne suis point de ceux qui lisent, répondit-il ".

L'ange me saisit aussitôt, raconta le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) ; il me pressa au point de me faire perdre toute force et me répéta ce mot : Lis ! - Je ne suis point de ceux qui lisent, répliquai-je encore.

Pour la troisième fois l'ange me saisit, me pressa au point de m'enlever toute force, puis me lâcha en disant : " Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l'homme d'une adhérence. Lis ! Ton Seigneur est le Très Noble ".

" En possession de ces versets, le coeur tout palpitant, l'Envoyé d'Allah (sallallahu 'alayhi wa sallam) rentra chez Khadija Bint Khuwaylid (qu'Allah soit satisfait d'elle) et s'écria : " Enveloppez-moi ! Enveloppez-moi ! "

On s'empressa de le tenir enveloppé jusqu'au moment où son effroi fut dissipé.

Alors, s'adressant à Khadija, il la mit au courant de ce qui s'était passé, puis il ajouta : " Ah ! J'ai craint pour mon âme ! - Non pas ! répondit Khadija. Certes, jamais Allah ne t'avilira ; car tu es uni avec tes proches, tu soutiens les faibles, tu donnes à ceux qui n'ont rien, tu héberges les hôtes et tu secours les victimes des vicissitudes du droit ".

" Ensuite Khadija emmena le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) chez Waraqa Ibn Nawfal Ibn Asad Ibn 'Abd Al'Uzzâ. Cet homme, qui était le cousin paternel de Khadija, avait embrassé le christianisme aux temps antéislamiques. Il savait tracer les caractères hébraïques et avait copié en hébreu toute la partie de l'Évangile qu'Allah avait voulu qu'il transcrivît.

A cette époque, il était âgé et était devenu aveugle : Ô mon cousin, lui dit Khadija, écoute ce que va te dire le fils de ton frère.

Ô fils de mon frère, répondit Waraqa, de quoi s'agit-il ?

L'Envoyé d'Allah (sallallahu 'alayhi wa sallam) raconta ce qu'il avait vu.

Ceci, dit Waraqa, est le  nâmûs qu'Allah a envoyé autrefois à Moïse. Plût à Allah que je fusse jeune en ce moment ! Ah ! que je voudrais être encore vivant à l'époque où tes concitoyens te banniront !

Ils me chasseront donc ? s'écria l'Envoyé d'Allah (sallallahu 'alayhi wa sallam)

Oui, reprit Waraqa. Jamais un homme n'a apporté ce que tu apportes sans être persécuté. Si je vis encore ce jour-là, je t'aiderai de toutes mes forces ".

" Après cela Waraqa ne tarda pas à mourir. Or, la Révélation s'interrompit ".

L'Envoyé d'Allah (sallallahu 'alayhi wa sallam) en conçut de la peine d'après ce qui nous a été rapporté au point qu'il voulait à plusieurs reprises se précipiter des cimes des montagnes ; mais à chaque fois l'Ange Gabriel se manifestait à lui et lui disait : Ô Muhammad, tu es vraiment l'Envoyé d'Allah. En entendant ces paroles de Gabriel, il s'apaisait et retournait chez lui empli de sérénité.

Cependant, après quelques temps, la Révélation ne lui venant toujours pas, il agissait de la même manière et Gabriel de lui apparaître et de le tranquilliser par les mêmes propos que la dernière fois.

Ainsi, les premiers fragments du Saint Coran qui furent révélés au Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) sont bel et bien ces versets bénis.

Ceux-ci incarnent la première manifestation de la miséricorde divine, le premier bienfait dont Allah a gratifié Ses serviteurs.

Ils constituent également un rappel, en ce sens que l'homme a été créé d'une adhérence [d'un caillot de sang : 'alaqa] et qu'Allah a honoré l'homme en lui apprenant ce qu'il ignorait, en faisant du savoir un signe de noblesse, un privilège accordé aux humains et un avantage qui allait donner la précellence à Adam, le père des Hommes, par rapport aux Anges.

Or, le savoir se trouve soit dans les esprits, soit sur les langues, soit dans le texte.

La connaissance revêt donc un caractère soit mental, soit oral, soit scriptural. Or, le scriptural implique nécessairement les deux autres éléments, alors que la réciproque n'est pas vraie.

Voilà pourquoi Allah dit : " Lis ! Ton Seigneur est le Très Noble, qui a enseigné par la plume [la calame], a enseigné à l'homme ce qu'il ne savait pas ".