Le Jardin des amoureux A.Q

Alî Ibn Abî Tâlib (radiallahou 'anhou) a dit :

Certaines personnes précèderont les autres dans les jardins de l'Eden, sans avoir fait beaucoup de prières, de jeûne, de pèlerinage et de omra.

Mais ils auront compris les préceptes d'Allah, leur coeurs en furent saisis de crainte, leurs âmes les acceptèrent avec sérénité et leurs membres s'en sont soumis.

Ils dépassèrent donc les gens par la noblesse de leur rang et l'élévation de leur degré, auprès des gens d'ici bas et auprès d'Allah dans l'Au-delà.

- Fin de citation -

Umar Ibn Al Khattâb (radiallahou 'anhou) a dit :

Le sage n'est pas celui qui distingue le bien du mal, mais celui qui sait le meilleur des maux.

- Fin de citation -

Aïcha (radiallahou 'anha) a dit :

A réussi celui à qui Allah a donné une intelligence.

- Fin de citation -

Ibn Abbâs (radiallahou 'anhou) a dit :

Comme Chosroes eut un jour un enfant, il appela un précepteur et lui confia l'enfant en lui disant : 

- Quel est le bien le plus précieux que cet enfant a eu ?

- Une intelligence qui nait avec lui, lui répondit-il.

- Et s'il n'a pas cette intelligence ? lui dit-il.

- Une bonne éducation avec laquelle il se comportera avec les gens lui dit-til

- Et s'il n'a pas cette bonne éducation ? lui dit-il.

- Alors une foudre qui le brûlera ! lui répondit-il.

- Fin de citation -

Certains savants ont dit :

Lorsqu'Allah a fait descendre Adam sur terre, Gabriel lui a apporté trois choses : la religion, la bonne éducation et la raison en lui disant : " Allah t'ordonne de choisir entre trois choses ".

Ô Gabriel lui dit Adam, je n'ai jamais vu quelque chose de meilleur sauf dans le Paradis. Et il tendit sa main vers la raison qu'il serra contre lui.

Gabriel demanda aux deux autres choses de remonter, mais elles lui dirent : " Nous avons reçu l'ordre d'être avec la raison là où elle sera ".

Les trois choses furent données alors à Adam.

Ces trois choses sont les plus grands des dons avec lesquels Allah a honoré Ses serviteurs.

En revanche, Il leur a donné trois ennemis :

• La passion,
• Satan,
• L'âme instigatrice au mal.

La guerre entre eux connaît des hauts et des bas :

" La victoire ne peut venir que d'Allah ".

(Coran 3:126)

Wahb Ibn Munabbih a dit :

J'ai lu dans certains textes révélés par Allah, que Satan n'endure jamais dans un combat comme il endure dans son combat avec un croyant intelligent. Il lui arrive d'avoir le dessus sur cent ignorants qu'il maîtrise au point de les soumettre tous, mais il lutte contre le croyant intelligent et n'arrive pas à lui prendre quoi que ce soit de ce qui'il veut.

Démolir une montagne pierre par pierre est plus facile pour Satan (maudit soit-il éternellement) que de combattre le croyant intelligent. Lorsqu'il s'avoue vaincu face au croyant intelligent, il se tourne vers l'ignorant qu'il arrive à maîtriser facilement au point de le mener vers les turpitudes qui lui valent dans ce bas monde la flagellation, la lapidation, l'amputation, la crucifixion et le scandale et dans l'Au-delà la honte, le châtiment et le désaveu.

Il arrive en outre que deux hommes soient égaux dans la piété mais qu'il y ait entre eux dans les mérites comme il y a entre l'Orient et l'Occident, grâce à la raison. Allah n'a jamais été adoré avec une chose meilleure que la raison.

- Fin de citation -

Mu'âdh Ibn Djebel (qu'Allah l'agrée) a dit :

Si l'homme intelligent commet matin et soir des péchés au nombre des grains de sable, il serait enclin à obtenir le salut et à s'en débarrasser, et si l'ignorant accomplit matin et soir de bonnes actions au nombre des grains de sable, il serait enclin à ne pas en profiter ne serait-ce que du poids d'un atome.

Comment cela ? lui dit-on.

Lorsque l'intelligent fait un faux pas, il s'en ressaisit par le repentir et la raison qu'il possède, tandis que l'ignorant est comme celui qui édifie quelque chose puis la démolisse. Il corrompe avec son ignorance ce qu'il aura fait de bien.

- Fin de citation -

Al Hasan (qu'Allah l'agrée) a dit :

La religion d'un homme n'atteigne sa perfection qu'une fois que sa raison aura atteint sa perfection. A chaque fois qu'Allah a placé l'intelligence dans quelque chose, Il l'a sauvée grâce à elle.

- Fin de citation -

Yousef Ibn Asbât (qu'Allah l'agrée) a dit :

La raison est la lampe de ce qui est caché, la beauté de ce qui est apparent, le stimulant du corps et celle qui dispose de toutes les affaires de l'homme. La vie n'est viable qu'avec elle et les choses ne marchent que selon son critère.

- Fin de citation -

Il a été dit à Abd Allah Ibn Al Mubarek (qu'Allah l'agrée) :

Quelle est la meilleure chose que l'homme ait reçue après l'Islam ?

La disposition naturelle de la raison répondit-il.

Et si cela ne se trouve pas ?

Une bonne éducation répondit-il.

Et si cela ne se trouve pas ?

Un frère vertueux qui te conseillera.

Et si cela ne se trouve pas ?

Un long silence.

Et si cela ne se trouve pas ?

Ce sera alors une mort rapide répondit-il.

- Fin de citation -

Il a été dit à ce sujet : Allah n'a pas accordé à un homme de don meilleur que sa raison et son éducation. Elles sont la beauté de l'être. S'il les perd, la perte de sa vie serait belle pour lui.

Si le pouvoir appartient vraiment à la raison, les passions n'ont aucune prise sur elle, bien plus, elles deviennent soumises à lui et à son service, de même que lorsque l'Etat est géré par les passions, la raison devient prisonnière chez elles, soumises à leurs desiderata.

Aussi, dans la mesure où l'homme n'échappe pas à la passion tant qu'il est vivant, [sa passion fait partie intégrante de sa vie], il est tenu de s'en affranchir totalement pour être à l'abri de son influence.

Cependant, il est dans ses capacités et il est appelé dans ce sens, de détourner sa passion des risques de la perdition pour l'utiliser dans des choses positives pour lui.

Par exemple, Allah ne lui a pas ordonné de détourner son coeur totalement de l'amour des femmes. Bien au contraire, Il lui a ordonné de consacrer cette passion au mariage avec ce qu'Il lui a permis comme nombre de femmes, de une à quatre. Par conséquent, Il a détourné cette passion d'un domaine à un autre.

Il en est de même pour le succès, la victoire et le triomphe. Il n'a pas ordonné de s'en débarrasser, mais de les utiliser pour venir à bout des injustices et de leurs partisans.

Il lui a prescrit aussi comme formes de succès, à travers les courses et autres compétitions, ce qui lui permet de goûter au triomphe. Il en est ainsi pour la passion de l'orgueil, de la gloire et de l'ostentation qui sont autorisés voire recommandés dans la lutte contre les ennemis d'Allah.

C'est ainsi que le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) a vu un jour Abâ Dudjâna Simâk Ibn Kharach Al Ansâri marcher avec ostentation entre deux rangs lors d'une bataille et il lui a dit : " C'est là une démarche qu'Allah abhorre sauf en ces circonstances ! Il y a une forme d'ostentation qu'Allah aime et une autre forme qu'Il abhorre. Parmi celle qu'Il aime il y a l'ostentation de l'homme dans le combat et dans les aumônes ". Ainsi, pour tout ce qu'Allah (exalté soit-Il) a interdit à Ses serviteurs.

• Il leur a compensé cela par ce qui est meilleur encore. Par exemple, Il leur a interdit la consultation par les oracles mais leur a compensé cela par les invocations de la prière de la consultation.

• Il leur a interdit le prêt à intérêt et leur a compensé cela par le commerce fructueux.

• Il leur a interdit les jeux de hasard et leur a compensé cela par les diverses formes de compétitions utiles dans la religion comme les courses de chevaux et de chameaux et les tirs à l'arc.

• Il leur a interdit la soie mais leur a compensé cela par les diverses catégories d'habits somptueux faits à partir de la laine, du lin et du coton.

• Il leur a interdit la fornication et la sodomisation, mais Il leur a compensé cela par le mariage avec les femmes belles et sensuelles.

• Il leur a interdit la consommation des boissons enivrantes, mais leur a compensé cela par des jus de fruits agréables, utiles à l'âme et au corps.

• Il leur a interdit l'écoute des instruments de musique, mais leur a compensé cela par l'écoute du Coran et des sept versets que l'on répète.

• Il leur a interdit les aliments répugnants et leur a compensé cela par la consommation des aliments sains et agréables.

Celui qui médite cela, l'abandon de la passion dégradante devient quelque chose de facile. Il la compense par ce qui est utile pour lui et arrive à comprendre la Sagesse d'Allah et Sa miséricorde ainsi que Sa faveur complète à l'égard de Ses serviteurs dans ce qu'Il leur ordonne et leur interdit et dans ce qu'Il leur permet.

Il saura qu'en leur ordonnant de faire une chose, Allah (exalté soit-Il) ne le fait pas parce qu'Il a besoin d'eux et qu'en leur interdisant de faire une chose, Il ne le fait pas par avarice, loin s'en faut.

Bien plus, s'Il leur ordonne une chose, c'est par bienveillance et miséricorde de Sa part et s'Il leur interdit une chose, c'est pour les préserver et les protéger contre ce qui leur est préjudiciable.

C'est dans cette optique que "Le jardin des amoureux" est composé, comme un pacte de conciliation entre la passion et la raison. Si cette conciliation se concrétise, il sera facile à l'homme de lutter contre son âme et contre Satan (maudit soit-il éternellement)

Source : Le Jardin des amoureux de Ibn Al-Qayyim