Madârij As-Sâlikîn A.Q

Ibn Al Qayyim (qu'Allah lui fasse miséricorde) dit dans Madârij Al Sâlikîn :

" La repentance des gens moyens consiste pour le serviteur à dédaigner et à sous estimer la gravité des actes de désobéissance.

Cela constitue le comble de l'audace et du duel, et représente un pur déguisement pour défendre l'âme et une manière de se laisser aller à la rupture ".

- Fin de citation -

Cela veut dire que le dédain de la désobéissance est un péché comme le fait de trouver que les actes d'obéissance sont nombreux en est un autre.

Car l'homme qui possède la connaissance spirituelle est celui qui trouve que ses bonnes actions sont insignifiantes à ses yeux et juge que ses péchés sont très graves.

En effet, plus les bonnes actions sont insignifiantes à tes yeux, plus elles paraissent grandes auprès d'Allah, et à l'inverse, plus elles paraissent grandes dans ton coeur, plus elles deviennent insignifiantes auprès d'Allah.

Et c'est l'inverse pour tes mauvaises actions.

C'est à dire que celui qui connaît Allah, Son droit et ce qui sied à Sa grandeur en matière de servitude, ses bonnes actions s'effacent chez lui et paraissent extrêmement minimes à ses yeux.

En effet, il sait parfaitement qu'elles ne relèvent pas de ce qui peut le sauver du châtiment divin et que ce qui convient à la toute puissance d'Allah et qui Lui sied comme servitude est bien autre chose.

Car plus il les multiplie, plus belles lui ouvrent des portes de connaissance et de rapprochement d'Allah : il contemple avec son coeur en la Toute puissance d'Allah (subhânahu wa ta'âla) suffisamment de quoi dédaigner toutes ses oeuvres, même si elles valent celles des hommes et des djinns réunis.

A l'inverse, s'il les trouve nombreuses et grandes à ses yeux, cela montre qu'il est voilé par rapport à Allah, qu'il ne Le connaît pas et qu'il ignore ce qui Lui sied.

Lorsqu'on sait tout cela, le dédain de la désobéissance par le serviteur apparaît comme le comble de l'audace contre Allah, une ignorance de la valeur de Celui auquel il a désobéi et un déni de Son droit.

C'est aussi une sorte de duel, parce qu'en dédaignant et en méprisant la désobéissance, il néglige son affaire et la trouve légère dans son coeur.

Quant à l'expression "un pur déguisement pour défendre l'âme", elle signifie qu'il s'agit de la défense inconditionnelle de l'âme en vue de s'innocenter, surtout lorsque à cela s'ajoutent la contestation de la vérité et l'invocation du décret divin comme justificatif : le serviteur se met à dire : quel est mon péché puisque celui qui me ment est un autre et que l'agent en moi n'est pas moi-même ?

Car je ne suis qu'un être semblable à un mort entre les mains de son laveur !

Quelle solution pour celui qui n'a pas de solution, quelle puissance pour celui qui n'a pas de puissance ?

Et ainsi de suite parmi les propos qui renferment l'audace contre Allah, la défense systématique de l'âme, du dédain pour les péchés et les actes de désobéissance.

Ainsi, le serviteur se laisse aller à la rupture qui n'est autre que la rupture avec son Seigneur pour devenir l'adversaire d'Allah, qui reste avec son âme et son démon.

Ceci constitue l'état de ceux qui, pour se justifier de leurs péchés, invoquent le décret divin.

Ils sont les adversaires d'Allah (subhânahu wa ta'âla) car ils se liguent avec les démons et l'âme contre Allah.

C'est là le comble de l'éloignement, du refoulement et de la coupure d'Allah.

Si tu demandes : Comment se fait-il que la repentance des gens du commun consiste à trouver que les actes d'obéissance sont nombreux et que celles des gens moyens, qui sont plus élevés qu'eux, consiste à dédaigner la désobéissance ?

S'agit-il d'une question d'opposition ?

Je répondrai par ceci : Comme les gens moyens s'attachent à purifier leurs âmes, recherchent plus les défauts de l'âme et de l'oeuvre et qu'ils scrutent cela plus que les autres, ils ont découvert sur leurs péchés et leurs actes de désobéissance ce que les gens du commun n'ont pu découvrir, car ces derniers s'attachent à multiplier les actes d'obéissance qu'ils trouvent nombreux à leurs yeux.

C'est pourquoi le dédain des péchés est le fléau qui menace et barre le chemin des gens moyens et le fait de trouver les bonnes actions abondantes et grandes dans leur coeur est le fléau qui menace et barre le chemin des gens du commun.

C'est la raison pour laquelle l'auteur a retenu pour chacun de ces deux groupes de gens ce qui lui est propre.