Ceci est notre religion - M. Ghazâlî

La société entière subit des dégâts énormes lorsque la famille est détruite à cause d'un acte irréfléchi. Malgré cela, et bien que l'Islam confère à la famille un statut remarquable à travers ses enseignements équilibrés, les Musulmans se sont causés du tort de manière significatives, au cours de ces dernières années, en ignorant ou en feignant d'ignorer les préceptes de leur religion relatifs à ce sujet important. Ils ont délibérément négligé certaines règles et permis aux esprits faibles d'en déformer d'autres. Cet agissement a donné lieu à l'émergence d'une anarchie affligeante sur le plan pratique aussi bien que juridique.

Considérons, à titre d'exemple, la question de l'arbitrage lorsque les époux se retrouvent dans l'incapacité de surmonter leurs difficultés. Les Musulmans s'accordent presque tous à négliger cette question tant il est rare qu'ils songent à sauver les familles à la dérive par la voie de l'arbitrage. Pourtant, l'exhortation divine est on ne peut plus claire à ce propos :

" Si vous craignez le désaccord entre les deux [époux], envoyez alors un arbitre de la famille du mari, et un de la famille de la femme. Si les deux veulent la réconciliation, Allah rétablira l'entente entre eux. Allah est certes, Omniscient et Parfaitement Connaisseur ".

(Coran 4:35)

Quelle est la raison de cette négligence ? Est-ce le renoncement à rétablir la concorde entre les époux ? Ou bien est-ce le désir de rendre les enfants orphelins alors que leurs parents sont toujours en vie ? Quel étrange aveuglement face à la guidance d'Allah !

La séparation en Islam commence par un arrêt des relations conjugales et non la rupture de leurs liens. C'est comme la suspension d'un employé, jusqu'à ce qu'une décision soit prise à son égard. Il maintient toujours une relation avec son travail.

C'est pourquoi Allah enjoint que la femme répudiée demeure sous le toit conjugal. Elle ne doit pas le quitter, car c'est toujours sa maison. L'homme n'a pas le droit de l'en expulser. Les Musulmans agissent-ils ainsi ? La femme reste t-elle à la maison lorsqu'elle entend le mot répudiation prononcé contre elle ?

Les masses ne saisissent pas le sens de cette règle et ne la mettent pas en pratique. Dès l'instant où la femme entend ce mot détestable, elle quitte le toit conjugal. Et même, si elle pensait à rester, le mari en colère s'empresserait de la faire partir. Ces comportements puérils et impulsifs sont-ils la mise en application de la parole d'Allah :

" Ô Prophète ! Quand vous répudiez les femmes, répudiez les conformément à leur période d'attente prescrite ; et comptez la période ; et craignez Allah votre Seigneur. Ne les faites pas sortir de leurs maisons, et qu'elles n'en sortent pas, à moins qu'elles n'aient commis une turpitude prouvée. Telle sont les lois d'Allah ".

(Coran 65:1)

L'Islam impose à la femme répudiée de demeurer sous le toit conjugal, dans l'attente que la tempête se calme, que les consciences se ressaisissent, que chacun revoie sa position, passe en revue ses souvenirs, envisage les conséquences à venir et étudie la situation des enfants, s'il y en a.

Fuir la maison suite à la prononciation de la répudiation équivaut à gâcher les chances de parvenir à une entente, de permettre aux choses de reprendre leur cours normal et à la raison de triompher sur la stupidité. C'est pour cette raison qu'Allah déclare :

" Quiconque cependant transgresse les lois d'Allah, se fait du tort à lui-même. Tu ne sais pas si d'ici là Allah ne suscitera pas quelque chose de nouveau ! "

(Coran 65:1)

Malgré cela, les Musulmans outrepassent les limites d'Allah dans ce domaine. La répudiation n'est pas une formule qu'on prononce n'importe quand ou qu'on lance sous n'importe quelle forme. Allah a prévu une modalité particulière qu'il convient de respecter.

Le remède n'en est pas un parce que sa substance renferme les causes de la guérison, mais il convient de le prendre selon le dosage prescrit par le médecin. Celui qui improvise une posologie que le médecin n'a pas indiquée, n'a qu'à s'en prendre à lui-même s'il lui arrive une calamité.

La répudiation permise en Islam a ses principes bien définis : d'abord, elle doit avoir lieu à une période [inter-menstruelle] où la femme est en état de pureté et où elle n'a pas eu de rapports avec son mari. Si l'époux est résolu à prendre cette décision grave, il doit être très attentif à lui-même et à sa femme, afin de ne pas prononcer la formule de répudiation n'importe quand. Il est tenu d'attendre qu'elle se purifie de ses règles. Ensuite, il doit s'abstenir d'avoir commerce avec elle. Après cela, il peut prononcer la formule en toute lucidité. Ceci permettra à la femme d'observer le délai de viduité dans sa maison en toute clarté :

" Répudiez les conformément à leur période d'attente prescrite ; et comptez la période ".

(Coran 65:1)

Telle est la pratique transmise du Messager d'Allah ﷺ. C'est aussi une Sunna que la masse des Musulmans ignore ou rejette. Bon nombre de juristes invalident la répudiation si elle a eu lieu d'une autre manière, comme par exemple, de répudier sa femme alors qu'elle a ses règles. Cette répudiation est illicite et ne produit pas d'effets, car elle n'est pas conforme à la voie prescrite. Le Messager d'Allah ﷺ a dit :

" Celui qui innovera dans notre religion ce qui n'en fait pas partie, se verra rejeter son innovation ".

(Rapporté par Muslim)