Sourate 7 Al-A'raf Ibn Kathîr

Et interroge-les au sujet de la cité qui donnait sur la mer, lorsqu'on y transgressait le Sabbat ! Que leurs poissons venaient à eux faisant surface, au jour de leur Sabbat, et ne venaient pas à eux le jour où ce n'était pas Sabbat ! Ainsi les éprouvions-Nous pour la perversité qu'ils commettaient.Et quand parmi eux une communauté dit :" Pourquoi exhortez-vous un peuple qu'Allah va anéantir ou châtier d'un châtiment sévère ? "Ils répondirent : " Pour dégager notre responsabilité vis à vis de votre Seigneur; et que peut être ils deviendront pieux ! "Puis, lorsqu'ils oublièrent ce qu'on leur avait rappelé, Nous sauvâmes ceux qui [leur] avaient interdit le mal et saisîmes par un châtiment rigoureux les injustes pour leurs actes pervers.Puis, lorsqu'ils refusèrent [par orgueil] d'abandonner ce qui leur avait été interdit, Nous leur dîmes :" Soyez des singes abjects ".

(Coran 7:163-166)

DE QUI S'AGIT-IL ?

Allah dit :

" Vous avez certainement connu ceux des vôtres qui transgressèrent le Sabbat. Et bien Nous leur dîmes :" Soyez des singes abjects ! "Nous fîmes donc de cela un exemple pour les villes qui l'entouraient alors et une exhortation pour les pieux ".

(Coran 2:65-66)

" Ou que Nous les maudissions comme Nous avons maudit les gens du Sabbat.Car le commandement d'Allah est toujours exécuté ".

(Coran 4:47)

Ibn Abbâs, Mujâhid, Ikrima, Qatâda, Al-Suddî et d'autres encore affirmèrent qu'il s'agit des " habitants d'Eilat ". Ibn Abbâs ajoute " située entre Madyan et At-Tûr ". Ils dirent que ces gens " pratiquaient la religion prônée par la Torah qui incluait alors l'observance du sabbat. Les poissons s'étaient donc habitués à ce que les samedis soient des jours calmes, car il était illicite de pêcher ce jour de la semaine. Cette interdiction concernait également les autres gagne-pain tels que les activités artisanales et le commerce.

POUR QUELLE RAISON LA PÊCHE LEUR FUT INTERDITE LE SAMEDI?

Ainsi donc, tous les samedis, les poissons affluaient de toutes parts vers leurs côtes, ils étaient visibles et nageaient en paix. Les habitants ne les dérangeaient pas et ne les effrayaient pas. " Mais en dehors du Sabbat, ils ne venaient pas à eux", car en fait ils pêchaient le poisson les autres jours que le samedi. Le Très Haut continue : " Ainsi les éprouvions-Nous ", c'est à dire nous les avons mis à l'épreuve par l'abondance de poisson le samedi " car" autrement dit à cause de leur déviance antérieure.

LA RUSE

Quand les habitants virent cela, ils employèrent une ruse afin de pécher le samedi : ils installèrent cordes, filets et hameçons, ils creusèrent également des tranchées menant à des bassins qu'ils avaient aménagés. Le poisson ne pouvait plus en sortir une fois dedans.

Ils firent donc tout cela le vendredi, le poisson qui affluait le samedi restait pris au piège, puis les habitants les récupéraient à la fin du sabbat.

Allah se mit alors en colère contre eux et les maudits puisqu'ils rusèrent pour Lui désobéir et qu'ils violèrent Ses interdits par des artifices qui n'échappent à personne et qui en réalité constituent un pur délit.

PLUSIEURS GROUPES SE CONSTITUENT

Lorsqu'une partie du village agit de la sorte, les autres se séparèrent en deux groupes. Le premier fut ceux qui exprimèrent aux transgresseurs leur désapprobation quant à leurs agissements et leur manière détournée de désobéir à Allah et aux lois qu'Il avait alors instaurées.

Le deuxième groupe ne fit rien et ne dit rien, ils désapprouvèrent même ceux qui interdirent aux transgresseurs du sabbat d'agir de la sorte, " Pourquoi exhortez-vous un peuple qu'Allah va détruire ou châtier sévèrement ?" S'exclamèrent ils, autrement dit à quoi bon leur défendre de faire cela alors qu'ils vont subir une punition bien méritée ?

Le groupe qui exprima sa désapprobation leur répliqua en disant : " Pour avoir une excuse à présenter à votre Seigneur ", c'est à dire après l'obligation qu'Allah nous a signifiée consistant à ordonner le convenable et à prohiber le blâmable, nous nous acquittons donc de cette obligation de peur de Son châtiment. " Et peut être bien qu'ils prendront leurs précautions" autrement dit, nous avons bon espoir que ces transgresseurs arrêtent leurs pratiques et qu'Allah leur épargne Sa punition et leur pardonne s'ils se repentent et écoutent.

LE CHÂTIMENT DIVIN, SAUF POUR LES GENS QUI ORDONNAIENT LE CONVENABLE ET PROHIBAIENT LE BLÂMABLE.

Le Très Haut continue " Puis, lorsqu'ils oublièrent ce qu'on leur avait rappelé ", c'est à dire qu'ils ne prêtèrent aucune attention aux gens qui leur défendirent cet acte abominable " Et, à cause de leur déviance, Nous sauvâmes ceux qui leur avaient interdit le mal ", il s'agit du groupe qui ordonnait le convenable et prohibait le blâmable " Nous saisîmes les injustes ", il s'agit de ceux qui avaient commis le grave péché " En leur infligeant un dur châtiment " soit un châtiment extrêmement douloureux.

Puis il explicita la nature de ce châtiment en disant :

" Puis, lorsqu'ils se rebellèrent et refusèrent d'abandonner ce qui leur avait été interdit, Nous leur dîmes : " Devenez des singes abjects ! ". Nous allons bientôt mentionner les athar [signifie trace, empreinte] rapportés à ce sujet. Allah nous dit ici qu'Il fit périr les injustes et qu'Il épargna les croyants qui exprimèrent leur désapprobation, mais Il ne dit rien au sujet de ceux qui ne dirent rien.

LES THÈSES DES SAVANTS CONCERNANT CEUX QUI CHOISIRENT LE SILENCE

Deux thèses furent émises par les savants concernant cette dernière catégorie. Certains dirent qu'elle fut épargnée, d'autres affirment qu'elle pérît. Aux yeux des savants perspicaces, la thèse correcte est la première, c'est d'ailleurs ce qu'Ibn Abbâs, le maître de l'exégèse, a finalement adopté après en avoir discuté avec Ikrima, son affranchi. Ce qui valut à ce dernier un vêtement de choix.

LA DÉSAPPROBATION DU MAL COMPREND PLUSIEURS DEGRÉS

S'ils ne furent pas mentionnés avec le groupe épargné, c'est parce qu'ils auraient dû s'acquitter ostensiblement de l'acte qui était demandé, à savoir la désapprobation verbale, et ce, même si au fond d'eux même ils détestaient le grave péché qui fut commis.

La désapprobation verbale est un degré intermédiaire au sein de trois formes dont la plus haute est la désapprobation effectuée par le biais de la main, suivie de celle qui est prononcée et la troisième est celle qui est éprouvée par le cœur.

Puisque ce groupe omit de rappeler à l'ordre, ils ne furent pas mentionnés parmi ceux qui furent épargnés. En effet, ils ne participèrent pas au péché, ils ont même désapprouvé cela.

Abd Ar-Razzâq rapporte d'après Ibn Abbâs ainsi que Mâlik d'après Ibn Rûmân et d'autres, tous rapportent en substance que les violeurs du sabbat furent mis en quarantaine par les autres habitants de la ville, certains parmi eux leur défendirent en vain de pécher. Ils passaient donc la nuit seuls et des portes fermées les séparaient du reste de la ville qui souhaitait ainsi demeurer à l'abri de la punition qu'ils prévoyaient à leur encontre.

MÉTAMORPHOSES EN SINGES ET EN PORCS

Un beau matin les portes de leur quartier restèrent fermées, le jour se leva et les rayons du soleil se firent de plus en plus brûlants... Les habitants demandèrent à l'un d'entre eux de monter à l'échelle et de regarder pardessus les murs. L'homme vit alors des singes à queues en train de hurler et de se disputer... Les habitants ouvrirent les portes, les singes reconnurent alors leurs proches, ce qui ne fut pas réciproque, les animaux se réfugièrent alors auprès de leurs familles : " Nous vous avions bien défendu ce péché, n'est-ce pas ? " Dirent alors ceux qui les avaient sermonnés. Les singes acquiesçaient de la tête. Ibn Abbâs se mit alors à pleurer " Nous voyons de nombreux péchés, par Allah, sans pour autant les désapprouver ni rien dire..." Déplora-t-il. Al-Awfî affirma, d'après Ibn Abbâs que " les jeunes de la ville devinrent des singes, les personnes âgées des porcs ".

Ibn Abî Hâtim rapporte via Mujâhid, d'après Ibn Abbâs que ces métamorphosés ne firent pas long feu avant de rendre l'âme, sans laisser de postérité.

Al-Dhhâk rapporte d'après Ibn Abbâs que les gens métamorphosés n'ont jamais vécu plus de trois jours, ces gens ne consommèrent ni nourriture ni boisson et ne se reproduire pas.

Ibn Abî Hâtim et Ibn Jarîr rapporte de Ibn Abî Najîh, d'après Mujâhid que " Ce sont leurs cœurs qui furent métamorphosés, ils ne devinrent pas des singes ni des porcs, c'est en fait une allégorie présentée par Allah, comme celle de l'âne qui porte des manuscrits ".

Cette explication lui est attribué de manière Sahîh bien que cela soit Très incongru de sa part et contraire au sens apparent du Coran et à ce qu'affirma plus d'un parmi les prédécesseurs et les contemporains. Allah sait mieux.