Taysîr Al-Karîm Ar-Rahmân - As-Sa'dî

" Il n'y a aucune action à intenter contre ceux qui auront exercé leur droit de revanche après avoir été l'objet d'une injustice. On ne peut exercer de représailles que contre ceux qui lèsent les gens et sèment sans justifications le désordre sur terre ; ceux-là sont voués à un châtiment douloureux. Et faire preuve de patience et d'indulgence témoigne de votre force de caractère ".

(Ach-Chûra versets 41-43)

Le cheikh Abd Ar-Rahman As-Sa'dî (qu'Allah lui fasse miséricorde) dit dans son l'explication des versets :

Le Très Haut cite dans ses versets les trois degrés de punition :

1. La justice,
2. L'indulgence,
3. L'injustice.

Le degré de justice est de répondre à un tort par un autre tort, sans ajout ni diminution ; une vie pour une vie, une blessure pour une autre semblable et une somme d'argent contre une somme d'argent équivalente.

Le degré de l'indulgence consiste à pardonner à celui qui nous fait du tort. C'est pourquoi Il a dit : " Quant à celui qui se montre indulgent et qui cherche la conciliation, c'est à Allah qu'incombe sa récompense ". C'est à dire qu'Allah le récompensera d'une façon considérable et généreuse pour son comportement. Allah a exigé cependant, dans l'indulgence, la recherche de la conciliation. Ceci prouve que si le coupable ne mérite pas l'indulgence et que l'intérêt légal de la société nécessite sa punition, dans ce cas là la victime n'est pas tenue de faire preuve d'indulgence. En outre, en attribuant la récompense de l'indulgent à Allah, cela est de nature à encourager les gens à opter pour l'indulgence et à traiter les autres comme ils aiment être traités par Allah. En effet, de même que l'homme aime être l'objet de l'indulgence d'Allah, il doit lui aussi, être indulgent avec les gens et de même qu'il aime qu'Allah lui pardonne, il doit pardonner lui aussi, car la récompense est la conséquence de l'œuvre.

Quant au degré de l'injustice, Allah l'a mentionné en ces termes : " Allah n'aime pas les injustes " qui prennent l'initiative de l'injustice et des torts contre les gens ou qui répondent à un tort par un tort plus grand, car l'excès est une injustice.

Il n'y a aucune action à intenter contre ceux qui auront exercé leur droit de revanche. C'est à dire qu'il n'y a aucune gêne contre ceux qui se seront défendus et auront résisté à une injustice en exerçant leur droit à la revanche.

Sa parole : " Ceux qui répondent à l'offense quand ils en sont victimes " et Sa parole : " Ceux qui auront exercé leur droit de revanche après avoir été l'objet d'une injustice " prouvent l'obligation de la survenance de l'offense et des injustices et leur matérialisation pour mettre en application la punition afférente. Quant au seul souhait d'opprimer les gens et à la volonté de commettre des injustices sans mettre cela en application, il n'y a pas là matière à appliquer de punition, mais leur auteur doit être blâmé à ce sujet de façon à le décourager d'avoir de telles intentions.

On ne peut exercer de représailles. C'est à dire que la punition légale ne peut s'appliquer " que contre ceux qui lèsent les gens et sèment sans justifications le désordre sur terre ". Cela englobe toutes les formes d'injustices contre les gens, les atteintes à leurs personnes, leurs biens ou leur honneur " ceux-là sont voués à un châtiment douloureux ".  C'est à dire un supplice douloureux pour les cœurs et les corps, en vertu de leur injustice et de leur tyrannie.

Et faire preuve de patience devant les torts des gens et d'indulgence  en leur pardonnant leurs torts " témoigne de votre force de caractère ". C'est à dire des choses qu'Allah incite à faire et qu'Il a confirmées, en disant que seuls les patients et les gens à la grandeur d'âme, ainsi que les doués de raison et d'intelligence peuvent arriver à ce niveau de force morale. En effet, renoncer à prendre sa revanche par la parole ou l'acte, est une des choses les plus difficiles à assumer pour l'âme humaine. Ce qui est plus difficile encore, c'est de faire preuve de patience devant un tort, de le pardonner et de lui répondre par un acte de bienfaisance. Cependant, cela est facile pour celui auquel Allah le facilite, qui lutte contre les penchants de son âme et demande l'assistance d'Allah à ce sujet. En outre, lorsque l'homme goûte à la saveur de son comportement et y voit ses effets sur lui et sur autrui, il l'accepte de bonne grâce et s'en réjouit.