Sourate 2 Al-Baqarah Ibn Kathîr

L'Aïd Al-Adha [la fête du Sacrifice] est l'une des fêtes musulmanes les plus importantes. Elle marque chaque année la fin du pèlerinage à La Mecque et a lieu le 10 du mois de Dhou Al-Hijja dernier mois du calendrier musulman.

Cette fête commémore la soumission à Allah d'Abraham (que la paix soit sur lui) qui était prêt à sacrifier son fils aîné Ismaël sur Son ordre.

C'est aussi un jour de réconciliation où chacun est invité à pardonner à celui ou celle qui lui a fait du tort.

Allah ﷻ dit :

" Accomplissez pour Allah le [grand] pèlerinage et la Umra [petit pèlerinage]. Si vous en êtes empêchés, alors faites une offrande qui vous soit facile. Et ne vous rasez pas la tête avant que l'offrande [l'animal sacrifié] n'ait atteint son lieu l'immolation. Si l'un d'entre vous est malade ou souffre d'une affection de la tête [et doit se raser], qu'il se rachète alors par un jeûne, une aumône ou un sacrifice. Lorsque vous serez en sécurité, quiconque a joui d'une vie normale après avoir fait la Umra en attendant le pèlerinage, doit faire un sacrifice qui lui soit facile. S'il n'a pas les moyens, qu'ils jeûne trois jours pendant le pèlerinage et sept jours une fois rentré chez lui, soit en tout dix jours. Cela est prescrit pour celui dont la famille n'habite pas auprès de la Mosquée Sacrée. Craignez Allah et sachez qu'Allah est dur en punition ".

(Coran 2:196)

Allah met en lumière les rites du pèlerinage, ordonnant d'accomplir le grand et petit pèlerinage. La signification apparente de ce verset est qu'il faut achever les actes cultuels de ces deux pèlerinages une fois qu'ils ont été entamés. C'est pourquoi le Très Haut dit juste après : " Si vous êtes empêché ", c'est à dire : si une entrave vous empêche de parvenir à la Maison sacrée, et que vous ne pouvez achever les deux pèlerinages.

Voilà qui explique pourquoi les doctes sont tous d'accord pour dire que le fait de commencer le grand et le petit pèlerinage est un acte contraignant, dans la mesure où l'on est tenu de les terminer, que le petit pèlerinage [Umra] sot obligatoire ou simplement recommandé [mustahabb].

" Accomplissez pour Allah le grand et le petit pèlerinage ". Selon certains doctes, il s'agit de se sacraliser depuis le foyer familial. Selon d'autres, accomplir les deux pèlerinages suppose de se sacraliser quand on est encore au foyer familial, avec l'intention d'entreprendre l'un ou l'autre pèlerinage, et de les commencer à partir des points d'entrée [mîqât] du territoire de La Mecque.

En d'autres termes, il ne s'agit point de partir pour des affaires commerciales ou pour une autre besogne, puis une fois à proximité de La Mecque, prendre la résolution d'effectuer l'un ou l'autre pèlerinage.

Si ce cas de figure peut être plausible, il n'en demeure pas moins vrai que l'accomplissement de cet acte cultuel requiert qu'on entreprenne le voyage avec cette seule intention.

Selon une autre opinion, accomplir les deux pèlerinages signifie s'acquitter dûment de tous les rites qu'ils comportent depuis les points d'entrée de La Mecque [mîqât].

Selon une autre interprétation l'injonction : " Accomplissez pour Allah le grand et le petit pèlerinage ", signifie effectuez-les.

Les hadiths rapportés par des voies multiples, d'après Anas et un groupe de Compagnons, sont légion qui illustrent le fait que le Messager d'Allah ﷺ, a cumulé l'intention d'accomplir les deux pèlerinages. Il est également attesté que le Prophète ﷺ a dit à ses Compagnons :

" Celui qui dispose d'une offrande, qu'il formule l'intention d'effectuer le grand et le petit pèlerinage ".

(Rapporté par Muslim 1240)

" Le pèlerinage participera du grand pèlerinage jusqu'au Jour de la résurrection ".

(Rapporté par Muslim 1218)

" Si vous en êtes empêchés, alors faites une offrande qui vous soit facile ". Il a été précisé que ce verset avait été révélé en l'an 6 de l'Hégire, soit l'année de la trêve d'Al-Hudaybiya, lorsque les mécréants refusèrent au Messager d'Allah ﷺ l'accès à la Maison sacrée.

A cet époque, est consacrée la sourate La Victoire [al-fath] dans sa totalité. Allah autorisa alors les musulmans à immoler les bêtes de sacrifice dont ils disposaient, soit quelques 70 têtes ; il les autorisa aussi à se raser la tête et à se désacraliser pour revenir à la vie civile.

Le Prophète ﷺ leur ayant intimé l'ordre de se raser la tête et de se désacraliser, ils déclinèrent sa demande en attendant qu'il y ait une abrogation.

Sur ces entrefaites, le Prophète ﷺ sortit devant les gens, tête rasée ; ils l'imitèrent aussitôt. Certains d'entre eux s'étaient néanmoins contentés de se couper les cheveux sans les raser.

Aussi le Messager d'Allah ﷺ dit-il :

" Ô mon Dieu, pardonne à ceux qui se rasent la tête ".- Et ceux qui se taillent les cheveux ? dirent les Compagnons du Prophète.- Ô mon Dieu, pardonne à ceux qui se rasent la tête, reprit le Prophète.- Et ceux qui se taillent les cheveux ? répliquèrent les Compagnons.- Ô mon Dieu, répéta le Prophète, pardonne à ceux qui se rasent la tête.- Et à ceux qui se taillent les cheveux ? redirent les Compagnons.- Et à ceux qui se taillent les cheveux, finit par dire le Prophète ﷺ à la troisième fois ".

(Rapporté par Bukhâri 1728 et Muslim 1302 d'après Abû Hurayra)

Or, ils se partagèrent les offrandes [animaux à sacrifier], à raison d'une bête pour 7 personnes, sachant que leur nombre s'élevait à 1400 personnes. Leur camp se trouvait à Al-Hudaybiya, dans la banlieue de La Mecque, ou plutôt disent certains, à proximité de la Maison sacré. Allah sait le mieux.

C'est pour de telles raisons que les doctes divergent sur la question de l'empêchement, et s'il est censé être dû exclusivement à l'ennemi. En d'autres termes, ne se résoudra à se désacraliser que celui qui se voit entravé par l'ennemi, non par la maladie ou par un autre embarras. On relève deux opinions à ce propos.