Comprendre sens des Épreuves-Taymiyya

• Invoquer Allah et s'humilier devant Lui

C'est aussi un des biens qui peut découler des épreuves. Allah a dit :

" Nous avons, avant toi, envoyé des Messagers à d'autres peuples que Nous avons ensuite éprouvés par la misère et les souffrances pour les amener à Nous implorer humblement. Si seulement, devant tant d'épreuves subies, ils s'étaient humblement soumis. Leurs œuvres se sont au contraire endurcis, tandis que Satan [Iblîs] à embelli à leurs yeux leurs œuvres impies ".

(Coran 6:42-43)

" Le châtiment que Nous leur avons infligé ne les a pas pour autant incités à se soumettre à la volonté de leur Seigneur, ni à L'implorer avec humilité ".

(Coran 23:76)

Invoquer Allah avec humilité, est un des plus grands bienfaits.

Ces deux bienfaits que nous avons cités, le repentir et l'invocation d'Allah avec humilité, contribuent à obtenir la vertu de la religion. Si tu en viens à invoquer ton Seigneur et lui demander ce que tu as besoin, ce qui t'est utile et demande sa protection contre ce qui te nuit, alors ceci est un des plus grands bienfaits pour toi. Or, il arrive souvent au fidèle de se repentir et d'invoquer Allah avec humilité quand il fait face à une épreuve. Il y a deux raisons à cela :

1. Une épreuve attendrit le cœur et lui permet de se recueillir. L'âme est plus encline à s'avilir et consent davantage à faire les actes obligatoires et s'abstenir des péchés. Alors que quand un individu dispose de l'autorité, d'argent, que lui et sa famille sont en bonne santé, alors comme le dit le verset : " Mais en vérité l'homme se montre hautain dès qu'il se croit au-dessus du besoin " (Coran 96:6-7). Dans cette situation, l'âme ne se conforme pas aux obligations religieuses ni ne s'abstient de commettre les interdits. Il transgresse plutôt les limites et commet ce qui est défendu. Il néglige les obligations spirituelles et cultuelles : la sincérité, la confiance en Allah, la patience, la gratitude, les droits d'Allah et les droits des gens. Il en résulte qu'il fait preuve d'orgueil, d'arrogance, de vanité, d'ostentation, ce qui est bien plus nuisible à son âme.
2. Une épreuve conduit souvent un fidèle à couper tout lien avec les gens une fois qu'il ne nourrit plus aucun espoir de les voir mettre fin à son épreuve. C'est le cas quand il a une maladie que les médecins ne peuvent pas soigner, quand il est pauvre au point que personne ne puisse plus rien faire pour lui, ou quand il a peur et que personne ne peut lui venir en aide et donc le rassurer.

L'âme réclame une chose qui va dans son intérêts ou veut repousser quelque chose qui lui est nuisible quand elle espère que cela puisse arriver. Quand bien même cela serait juste concevable ou imaginable. C'est par ce biais que dans un premier temps le polythéisme peut prendre le dessus sur cette âme.  C'est en s'attachant à qui elle espère recevoir un bienfait comme de l'argent, ou repousser un méfait comme terrasser ses ennemis. Cela peut se faire en sollicitant ses frères, ses amis, ses proches, ses voisins. Ou encore en sollicitant des rois, des gouverneurs, des juges. Ou encore des cheikhs, des savants. Ou encore des tombes des saints et de Prophètes. Mais une fois que le fidèle désespère complètement d'obtenir ce qu'il souhaite de tous ces gens, c'est là qu'il se tourne entièrement vers Allah et l'invoque avec la plus grande des sincérités :

" Frappé par le malheur, l'homme Nous implore, allongé sur le côté, assis ou debout ".

(Coran 10:12)

Un autre bien qui découle des épreuves : quand un fidèle se repent et revient à Allah, il fait preuve d'humilité et goûte ainsi à la saveur de la foi. Il trouve la douceur de l'amour d'Allah et son Prophète. Sa foi s'accroît davantage en termes de savoir et d'action. Il goûte à la saveur de la foi comme il n'avait pu le faire auparavant. En effet, la passion de l'âme et ses mauvaises habitudes s'érigeaient comme un voile devant lui. Il ne pouvait goûter à la saveur de la foi ni en trouver la douceur. Mais une fois face à l'épreuve, celle-ci dissipa la passion de l'âme en ôtant avec elle le voile qui faisait obstacle. Le fidèle peut alors goûter à la douceur de la foi.

• La maladie est la prison d'Allah

Ainsi en est-il d'autres épreuves. Si Allah permet au fidèle de revenir à Lui et de se repentir, il goûtera à la saveur de la foi et trouvera une douceur qu'il ne connaissait pas. Surtout si en plus de cela il bénéficie de bienfaits mondains à travers sa personne et son logement. Il aura alors réuni les bienfaits de ce monde et de l'Au-delà dans ce bienfait tangible et concret. Il doit alors se montrer reconnaissant même si à priori on lui demande de se montrer patient. Il doit faire les deux dans un même temps : patienter face à la maladie et être reconnaissant des bienfaits qu'il constate. Il doit patienter en s'acquittant de ses obligations religieuses et en délaissant les interdits.

Un fidèle peut bénéficier de plusieurs types de bienfaits : de l'argent, la santé, avoir le dessus sur ses ennemis. Or, tout ceci peut entraîner l'âme d'un fidèle à faire preuve d'animosité, de tyrannie, d'injustice et de péché la conduisant à se détourner de ses devoirs envers Allah et de la véritable servitude qui lui est due : lui vouer sincèrement et exclusivement tout acte d'adoration, placer sa confiance et s'en remettre uniquement à Lui, avoir peur d'Allah, revenir à lui repentant. Ce qui est du plus nuisible pour l'âme. Le fidèle doit donc patienter même quand il est dans l'aisance. Effectivement, le fidèle doit aussi patienter quand il est prouvé par le bien. Et c'est la plus méritoire des deux formes de patience. C'est ce qu'explique Abd Ar-Rahmên Ibn Awf : " Nous avons été éprouvés par les difficultés et nous avons patienté puis nous avons été éprouvé par l'aisance et n'avons pas patienté ". Un grand connaisseur a dit : " Le croyant peut patienter face aux épreuves, mais seuls les véridiques se montrent patients quand tout va bien ".

Le fidèle doit louer Allah dans tous les cas, comme il est dit dans ce hadith :

" Quand il arrivait au Prophète une chose qui le réjouissait, il disait : louanges à Allah par lequel les bonnes choses s'accomplissent. Mais s'il était touché par ce qu'il répugnait, il disait : louanges à Allah dans toutes les situations ".

(Rapporté par Ibn Mâja 3803 et authentifié par Albâni dans Sahîh Al-Jâmi' 4640)

Concilier entre la patience et la reconnaissance face aux épreuves nécessite d'être détaillé davantage. Nous n'avons fait ici qu'attirer l'attention sur ce thème pour montrer les bienfaits qui peuvent découler des épreuves et montrer que le serviteur doit être reconnaissant quand il est éprouvé.