Sourate 2 Al-Baqarah Ibn Kathîr

" La piété ne consiste pas à tourner vos visages vers le Levant ou le Couchant. C'est le fait de celui qui croit en Allah, au Jour dernier, aux Anges, au Livre et aux Prophètes, donne de son bien, quelqu'amour qu'il en ait, aux proches, aux orphelins, aux nécessiteux, aux voyageurs indigents et à ceux qui demandent l'aide et pour délier les jougs, qui accomplit la prière, acquitte la zakât, remplit ses engagements lorsqu'il s'engage, se montre endurant dans l'adversité, la maladie et quand le combat fait rage. Les voilà les véridiques ! Les voilà les pieux ! "

(Coran 2:177)

Le Très Haut ayant ordonné aux croyants de se tourner d'abord vers Jérusalem en tant qu'orientation rituelle, puis la la Ka'ba, certains gens du Livre, ainsi que certains musulmans, n'ont pas vu d'un bon oeil un tel changement.

Si bien qu'Allah (ta'âla) a voulu montrer la sagesse qui sous-entend pareil changement : l'essentiel pour les serviteurs, c'est d'obéir à Allah et observer Ses injonctions quelles qu'elles soient. Telles sont la bonté pieuse [birr] et la foi totale. Peu importe si l'on tourne son visage vers le Levant ou le Couchant.

- Ath-Thawrî (qu'Allah l'agrée) affirme à cet égard : " sont exposées toutes les formes de la bonté pieuse ".

Il a dit vrai, car quiconque présente les caractérisques stipulées dans ce verset entre immanquablement dans le cercle de l'Islam et domine les ressorts du bien dans leur totalité, lesquels supposent de croire en Allah l'Unique, en dehors duquel il n'est point d'autre divinité ; de croire aux Anges, qui tiennent lieu d'ambassadeurs entre le Très Haut et Ses messagers ; de croire au Livre [ce mot générique englobant toutes les Écritures révélées aux Prophètes] et qui sont couronnées par le Livre par excellence, à savoir le Saint Coran, qui prévaut sur les autres Livres, et qui révélateur du Bien total, et réceptacle de toute félicité, tant dans la vie temporelle que dans la vie éternelle, vient abroger l'ensemble des livres antérieurs ; de croire également aux Prophètes, à tous les Prophètes d'Allah, du premier au dernier, qui n'est autre que Muhammad (sallallahu 'alayhi wa sallam).

" Donne de son bien, quelqu'amour qu'il en ait ", il s'agit de se montrer charitable, de donner de ses biens, quel que soit l'amour qu'on nourrit pour ces biens.

- D'après Abû Hurayra (qu'Allah l'agrée), un hadith remontant jusqu'au  Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) :

" L'aumône qui sera la plus largement récompensée, c'est celle que tu fais toi, homme bien portant et avare, qui redoutes la pauvreté et ambitionnes la richesse ".

(Rapporté par Boukhâri et Mouslim)

Allah (ta'âla) dit :

" Et offrent la nourriture, malgré son amour, au pauvre, à l'orphelin et au prisonnier, [disant] : " C'est pour le visage d'Allah que nous vous nourrissons : nous ne voulons de vous ni récompense ni gratitude ".

(Coran 76:8-9)

" Vous n'atteindrez la [vraie] piété que si vous faites largesses de ce que vous chérissez ".

(Coran 3:92)

" Et qui les préfèrent à eux-mêmes, malgré leur indigence ".

(Coran 59:9)

Ces versets mettent en scène une autre catégories de gens charitables, une catégorie bien plus éminente, celle des pieux qui préfèrent donner cela même dont ils ont besoins, ou qui donnent cela même qu'ils chérissent ardemment.

Les proches, ce sont la famille, les parents de chaque individu, lesquels demeurent prioritaires. A telle enseigne qu'il est établi dans un hadith :

" L'aumône donnée aux pauvres est une charité ; donnée aux parents, elle est à la fois charité et maintien du lien familial ".

(Rapporté par Boukhâri, Mouslim et Tirmidhî)

Le Messager d'Allah (sallallahu 'alayhi wa sallam) rapporte : Pendant qu’un homme se trouvait dans un désert, il entendit une voix provenant d’un nuage qui dit :

" Donne de la pluie au jardin d’untel ". Ce nuage s’écarta
et versa son eau sur un terrain, une chute d’eau prit alors toute l’eau. L’homme suivi l’eau, et vit un homme debout dans son jardin qui détournait l’eau avec sa pelle. Il lui dit alors :
- Ô serviteur d’Allah ! Comment t’appelles-tu ? 

Il dit :
- Untel et c’était le nom qu’il avait entendu dans le nuage.

Il lui dit :
- Ô serviteur d’Allah ! Pourquoi m’interroges-tu au sujet de mon nom ? 

Il dit :
- J’ai entendu une voix dans le nuage d’où cette eau provient, dire : " Donne de l’eau au jardin d’untel, et c’est ton nom ; donc, que fais-tu dans ce jardin ?"
Il dit :
- Eh bien ! Comme tu as dit cela ; je regarde ce qui sort de ce jardin ; puis, je donne en aumône le tiers, je mange, moi et mes enfants, le tiers, et j’y remets le tiers.

(Rapporté par Mouslim)

Dans maints versets coraniques, Allah le Très Haut nous recommande d'accorder primauté aux proches quand il s'agit d'aider autrui et de faire montre de solidarité, de commisération et philanthropie à son égard.

Les orphelins, ce sont les mineurs qui, ayant perdu leurs parents, n'ont personne qui puisse subvenir à leurs besoins. D'autant qu'ils sont encore jeunes, faibles, incapables d'assurer leur subsistance.

Les pauvres, ce sont les nécessiteux qui ne possèdent pas suffisamment de ressources en fait de nourriture, de vêtements et de logement. Aussi est il nécessaire de leur donner de quoi subvenir à leurs besoins.

- Abû Hurayra (qu'Allah l'agrée) rapporte que le Messager d'Allah (sallallahu 'alayhi wa sallam) a dit :

Le voyageur indigent, c'est le voyageur qui, de passage se voit démuni de ressources ; on doit donc lui venir en aide afin de lui permettre de retourner chez lui. Il en va autant de celui qui entreprend un voyage pour une cause vertueuse impliquant obéissance à Allah (ta'âla) : celui là, on lui fournira ce dont il a besoin pour son départ et son retour.

Les mendiants, ce sont ceux qui demandent de l'aide, aussi doit on leur prodiguer aumônes et charités.

" Les voilà les véridiques ! Les voilà les pieux ! ". Ces gens, ainsi caractérisés par ces vertus, constituent les vrais pieux, à la foi authentique et à la croyance inébranlable, une foi et une croyance traduites par des propos et des actes sincères. Ce sont des pieux dans la mesure où ils se sont aussi écartés des interdits et attachés à respecter avec obéissance les prescriptions divines.